Super Bowl LVI : En terrain connu

Source : www.kesq.com

Le Super Bowl va offrir une affiche inédite. Les Los Angeles Rams vont représenter la NFC alors que les Cincinnati Bengals seront l’étendard de l’AFC. Une affiche alléchante pour le spectacle et… déprimante pour les cheeseheads. En effet, ces deux équipes, les Green Bay Packers les ont battues en saison régulière. Retour sur deux rencontres de saison régulière diamétralement opposées.

LE MATCH FOU CHEZ LES BENGALS

Quand les Packers se rendent dans l’Ohio en semaine 5 pour pénétrer dans la jungle des tigres du Bengale, ils sont dans l’optique de prolonger une montée en puissance qui s’est déclenchée avec la victoire à la dernière seconde à San Francisco lors de la semaine 3.

Ce match sera d’abord fou par sa dramaturgie de fin de match. Ainsi, les 7 dernières possessions donnaient 5 field goals manqués (3 pour GB, 2 pour CIN), une interception pour Joe Burrow, le QB des Bengals, et finalement le FG gagnant de 49 yards de Mason Crosby, le kicker des Packers. Le tout dans les dernières 3mn30 du temps réglementaire et les 13 mn de prolongations pour un match dont on eut l’impression que chacune des deux équipes faisait tout pour ne pas le gagner, et plus spécifiquement les Packers.

Ces éléments prêtent déjà à sourire jaune quand le kicker des Bengals Mc Pherson, rookie de surcroît, a déjà un surnom, « Money Mac », justifié par un 12 sur 12 lors des rencontres des Bengals en play-offs. Ce même rookie paraissait déjà prometteur mais termina à un 0 sur 2 face aux Packers et ne sut pas terminer le match pour son équipe, anticipant même un field goal victorieux en le célébrant… alors que le ballon dévia de sa trajectoire au dernier moment.

Quand à Joe Burrow, le QB en passe de devenir une idole nationale, il subit deux interceptions face aux Packers dont une donnée à Campbell (ILB) en prolongations. qui aurait du clore le match. Mais le FG suivant de Crosby était manqué.

Ces mêmes prolongations, qui ont fait beaucoup parler lors du match Chiefs – Bills, ont été décidés pour ce CIN – GB lors de la 4ème possession !

Mais ce qui interpelle encore plus quand on revoit ce match, c’est la performance globale des Packers qui résume à elle seule la saison 2021 : une attaque poussive, une défense performante mais qui peut lâcher un ou deux gros jeux par match et des équipes spéciales apocalyptiques.

L’attaque Packers ne fut en effet pas à la noce à Cincinnati : 22 points en 13 possessions offensives. Avec 3 premières possessions offensives de GB donnant 2 punts et une interception (pas jolie du tout) pour Rodgers.

Comme toute l’année, elle fut sans rythme au 1er quart-temps, en antithèse parfaite de la saison 2020. Et comme dans chaque match où elle a été peu en réussite, elle s’est basée majoritairement sur la passe avec un tiers de courses appelées seulement pour la 1ère mi-temps (et donc 2/3 de passes).

Et comme dans les matchs de GB où la passe est trop privilégiée, Rodgers a visé de manière indue son n°17 (16 fois ciblés pour quasiment 46 % des passes tentées de Rodgers). Cette unicité de connexion culmine même sur ce match qui sera le meilleur statistiquement de Davante Adams cette saison : 11 réceptions, 206 yards, 1 TD. Cette focalisation de Rodgers provoqua même une des 4 interceptions de l’année de Rodgers, pris par un lancer trop forcé et capté par Awuzie (CB).

Cependant, comme dans plusieurs matchs de cette saison également, quelques gros jeux ont masqué le manque de constance de l’attaque Packers. Sur ce match, ceux-ci étaient matérialisés par une réception de 59 yards de Davante Adams et une course de 57 yards d’Aaron Jones, le n°33 n’ayant pas son pareil pour aller de l’avant une fois le premier rideau évité.

Mais si ce match ne fut pas plié par GB en raison de l’imprécision de Crosby sur les field goals, c’est aussi parce que GB dut s’en remettre à lui en raison de problèmes de conversions de touchdowns en zone rouge (intérieur des 20 yards adverses). Là encore, la saison 2021 fut une parfaite antithèse de la saison 2020 où cette « redzone » était même devenue la « gold zone », tant les Packers étaient inarrêtables dans cette partie du terrain (80 % de réussite au TD, du jamais vu depuis 20 ans).

Si l’attaque a hoqueté en redzone et a caché la misère avec quelques gros jeux spectaculaires, ce sont aussi quelques gros jeux spectaculaires adverses qui faisaient mal à une défense exemplaire.

Toute la 1ère mi-temps, celle-ci avait annihilé l’attaque aérienne de Joe Burrow : 15 passes pour 64 yards sur la quasi-totalité des 2 premiers quart-temps. Harcelé par une ligne défensive Packers qui prenait le pas logiquement sur une faible OL intérieure Bengals (3 sacks en 1ère mi-temps), le nouveau chéri de la NFL dut s’en remettre à son jeu de course qui permit aux tigres de survivre dans cette 1ère mi-temps.

Mais à 1 mn de la fin de la 1ère mi-temps, un mauvais choix stratégique ne mettant que deux joueurs au pass-rush (Clark et Keke) laissait énormément de temps à Burrow (9 secondes !) pour un trouver un Ja’marr Chase (WR) qui traversait le terrain pour capter une très longue réception que Savage (FS) aurait dû intercepter ou tout du moins dévier. Le ballon passait entre ses mains et permettait un TD de 70 yards du receveur rookie.

Le score était de 16-14 à la mi-temps pour GB et la défense, par le biais ensuite d’une interception d’Amos, donnait les munitions pour une attaque qui ne convertira aucun TD en 2ème mi-temps.

Ce match des Bengals était également le paroxysme d’une saison catastrophique pour les équipes spéciales Packers. Ce match fut le début du long chemin de croix cette saison du kicker Mason Crosby jusqu’alors impeccable sur la saison. Le n°2 Packers, même s’il donna la victoire sur un FG, s’en tira avec un calamiteux 4/7 aux FG et 1/2 aux transformations sur ce match. Et ce n’était malheureusement qu’un début…

Bojorquez (P) qui fut une bonne trouvaille d’inter-saison fit lui 2 punts médiocres. Et quant aux équipes de retour, elles autorisèrent notamment un retour de kickoff gaguesque (le retourneur passant dans un trou de souris).

On ne s’en doutait pas encore mais ces Bengals allaient rafler l’AFC North à la barbe des Baltimore Ravens, des Cleveland Browns et des Pittsburgh Steelers. Avec leur statut de n°4 AFC, ils allaient d’abord battre logiquement les Las Vegas Raiders avant de renverser les Tennessee Titans (n°1 AFC) chez eux et de ravir la couronne AFC dans l’antre de l’Arrowhead Stadium des Kansas City Chiefs.

Et pourtant, les Packers avaient pris la mesure, certes sur le fil, de cette équipe lors de la semaine 5 en jouant une partition offensive largement inaboutie.

LA FESSÉE AUX RAMS

Si la présence des Bengals au Super Bowl a tout de la belle histoire pour une petite ville et une équipe jeune en devenir, celle des Rams était attendue tant ceux-ci ont hypothéqué les prochaines années de draft (et donc un peu leur avenir) pour tenter de gagner maintenant.

Les Rams étant au SB, on pourrait penser que le pari est réussi mais les Rams ont loin d’avoir dominé la saison, finissant n°4 NFC en arrachant le titre NFC West à la dernière semaine. Mais les dominos des play-offs ont fait le reste et les Rams ont éliminé les Arizona Cardinals (n°5 NFC), surpris les Tampa Bay Buccaneers (n°2 NFC) et vaincu les San Francisco 49ers en finale de conférence.

C’est encore plus rageant de voir les Rams au Super Bowl quand on est cheesehead car la rencontre entre les Packers et les Rams en semaine 12 au Lambeau Field a été le théâtre d’une copieuse domination de Green Bay.

En effet, la victoire des Packers contre les Rams fut bien plus aisée que le score de 36-28 le laissa paraître. En effet, GB a géré un avantage de 36-17 acquis par un « pick-6 » à 17 mn de la fin du match. Rasul Douglas (CB), déjà auteur de l’interception pick-6, faillit remettre cela 2 mn plus tard mais relâcha le ballon, évitant alors un humiliant 43-17 à Stafford (QB) et aux Rams à ce moment du match.

La performance de Rasul Douglas (CB), une des deux incroyables révélations Packers de l’année avec De’vondre Campbell (ILB), fut à l’unisson de la défense qui, là encore sur ce match, donna les clés à l’attaque pour finir le travail.

Elle provoqua d’abord un fumble de Stafford (QB) par un Gary (OLB) déchaîné qui prit le meilleur sur Whitworth, un des LT les mieux évalués statistiquement cette année, qui commit en plus un « holding » sur l’action. Puis elle sortit l’attaque des Rams en stoppant une 4ème et 1 et força plusieurs punts des Rams.

Mais comme souvent dans l’année, la défense de GB payait cher ses quelques erreurs. Ainsi, Sullivan (CB) était en 1 contre 1 en profondeur contre Van Jefferson qui le battit pour un TD de 79 yards. Puis, Douglas et Amos (SS) mordaient dans une feinte de Beckham Jr pour encore un TD longue portée de 54 yards.

Hormis ces deux actions d’éclat, la fameuse machine offensive ne fit pas grand-chose à l’image d’un Cooper Kupp (WR), récemment élu joueur offensif de l’année et qui engrangea 55 yards (96 yards au total) dans un 4ème quart-temps plutôt « garbage time » où les Packers géraient plus leur avantage qu’autre chose avec une défense préventive.

Mais de même que contre les Bengals, l’attaque des Packers fut loin d’être exemplaire avec sur 12 possessions : 5 punts, 2 fields goals de « redzone », 1 field goal hors redzone et un field goal manqué.

Et là encore, le match contre les Rams fut un écueil de plus dans la longue litanie de cagades d’équipes spéciales. Mason Crosby manqua donc un field goal de 42 yards. Mais surtout, les équipes spéciales accusaient un « muffed punt » quand Randall Cobb (WR), le vétéran assigné pour la première fois à cette tâche de la saison pour tenter d’éviter de nouvelles erreurs, relâcha le ballon au profit de ses adversaires. Cette erreur fut à moindre coût (3 points) mais elle permit aux Rams de ne pas ne noyer dès le milieu du 2ème quart-temps.

Ces erreurs d’équipes spéciales n’empêchaient pas les Packers de gagner mais elles faisaient planer une épée de Damoclès au-dessus de la tête des Packers pour les play-offs. On sait maintenant que cette épée est bien tombée face aux 49ers et a fracassé les ambitions de Green Bay pour cette saison.

QUI POUR SOULEVER LE LOMBARDI ?

Voilà, évidemment, assister à cette affiche du Super Bowl va forcément attiser des regrets chez les cheeseheads. Les Packers sont ainsi la seule équipe (avec les San Francisco 49ers) à avoir vaincu les Bengals et les Rams en saison régulière.

Mais on le sait, le plus important en NFL, c’est d’arriver en forme physiquement et prêt tactiquement au bon moment. En effet, être « hot » est hyper important dans des matchs « couperets » dont il suffit d’en gagner 2 ou 3 pour accéder à la grand-messe du football américain : le Super Bowl. En témoignent les rangs n°4 des deux équipes du Super Bowl.

Les Rams apparaissent comme les favoris. En plus de jouer à domicile, ils ont un match-up très favorable dans la confrontation entre leur pass-rush et la ligne offensive Bengals, friable en son intérieur comme l’avait montré les Packers en semaine 5 mais aussi les Titans en tour de division (9 sacks !).

Les Bengals ont le profil de l’outsider qui n’a rien à perdre et tout à gagner. Au contraire des Rams qui ont enclenché la stratégie du « win now » et s’est désossé de tours de draft 2022 et 2023, les Bengals ont l’avenir devant eux avec une jeune doublette offensive Burrow (QB de 2ème année) – Chase (WR rookie et rookie offensif de l’année d’ailleurs) prête à imiter la connexion Rodgers-Adams.

Sans pression, les Bengals pourront être audacieux mais devront aussi se baser sur leur coureur Joe Mixon pour empêcher le pass-rush Rams de martyriser Burrow.

Allez, cette affiche, qui peut faire rager les cheeseheads, sera sûrement un beau spectacle à voir avec deux grosses attaques aériennes. Et puis hé, Brady est absent ! Avec également un spectacle de mi-temps très attendu avec le meilleur du rap US des 30 dernières années, le Super Bowl restera encore un évènement planétaire.

GBPackersFrance

1 Comment

  1. DavidBrillac

    Pour les équipes spécial apocalyptique, c’est terminé, le sauveur italien Bisaccia arrive pour nous sauver !

    Pour le Super Bowl que le meilleur gagne !
    Du temps de Boomer Esiason et de Jim Everett j’aimai déjà bien les Bengals et les Rams de Los Angeles pas ceux de Saint-Louis.
    Petite préférence pour les Bengals tout de même.
    L’un des deux fera déjà aussi bien que Rodgers.

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