Rodgers : MVP puissance 4 !

Photo : Evan Siegle (packers.com)

Sans (grosse) surprise, Aaron Rodgers a glané son 4ème titre de MVP (Most Valuable Player) pour la saison 2021, décerné par 50 votants de l’association de journalistes référente. Il est désormais seul deuxième au nombre de titres MVP derrière Peyton Manning qui en détient 5.

UN TITRE PEU CONTESTABLE

Malgré son mensonge par omission sur son statut vaccinal l’été dernier en conférence de presse, le corps des journalistes n’a pas tenu rigueur de ces éléments extra-sportifs pour juger la performance d’Aaron Rodgers face à ses adversaires pour le titre MVP.

Le décompte des votes ne fait aucun doute. Sur les 50 votants, 39 ont voté Aaron Rodgers, 10 pour Tom Brady et 1 pour Cooper Kupp (un californien sans doute ^^). C’est ici qu’il faut rappeler que le titre MVP juge les performances des joueurs pendant la saison régulière et que les votes sont enregistrés à la fin de celle-ci. Les résultats étaient annoncés auparavant juste après la saison mais depuis quelques années, la NFL organise son raout (pas Didier hein ^^) pendant la quinzaine séparant les finales de conférence du Super Bowl.

Ces mêmes résultats montrent également que ce titre MVP devient une chasse quasi gardée des QB. Le pass-rusher des Pittsburgh Steelers a eu beau égaler le record de sacks (avec un gros bémol d’un match supplémentaire désormais en saison), il n’a même pas été considéré ; le n°90 des Steelers se « contentera » du titre de défenseur de l’année. Quant au coureur des Colts Jonathan Taylor, en restant scotché à 1811 yards, il ne pouvait rien espérer sans dépasser la barre des 2000 yards, indispensable seuil à franchir pour un RB qui veut espérer ce titre, surtout dans des saisons à désormais 17 matchs.

Ce 4ème titre de MVP pour Aaron Rodgers ne souffre donc d’aucune contestation. Pourtant, de ses 4 trophées individuels, c’est celui où sa saison régulière est la moins aboutie comme en témoigne les éléments statistiques ci-dessous :

  • 2011 : 45 TD, 6 INT, 4643 yards, 122.5 de rating
  • 2014 : 38 TD, 5 INT, 4381 yards, 112.2 de rating
  • 2020 : 48 TD, 5 INT, 4299 yards, 121.5 de rating
  • 2021 : 37 TD, 4 INT, 4115 yards, 111.9 de rating

Mais plus que les statistiques, c’est l’impression visuelle qui est en-deça de ses autres titres MVP. On l’a vu souvent manquer ses cibles et très rarement porter seul son équipe comme ce fut le cas par le passé. De plus, de ses 4 millésimes MVP, c’est bien en 2021 où il a bénéficié d’une défense digne de ce nom, une défense qui pouvait lui donner les moyens d’aller loin en play-offs.

Néanmoins, s’il n’est plus aussi impressionnant que dans sa prime jeunesse, le n°12 nous a régalé de quelques actions et drives d’éclat (des passes millimétrées au milieu du terrain entre plusieurs joueurs ou le drive du comeback chez les San Francisco 49ers en 37 secondes par exemple).

De plus, si Rodgers s’est certes plus mué en « game manager » qu’auparavant, il a bénéficié d’une adversité inconstante où chaque QB de la ligue a pu connaître un trou d’air.

Et surtout, je pense que Rodgers bénéficie de son aversion pour les interceptions (4 sur l’année seulement), qu’il compense certes par des passes incomplètes en touche. Si bien qu’on ne peut pas dire que Rodgers ait complètement raté un match.

Enfin si, il a eu un match de raté, celui de la semaine 1 dans la déroute 38-3 face aux New Orleans Saints : 133 yards, 2 INT. Mais justement, elle est loin cette semaine 1 lorsque les votes s’effectuent 4 mois plus tard. D’ailleurs, si on enlève ce match de semaine 1, le rating de Rodgers sur la saison est de 116.1 quand avec son rating de 111.9 sur la saison, il a déjà la meilleure évaluation statistique du plateau.

Et au final, il ne faut pas oublier non plus les performances collectives dans cette distinction. Le fait de mener la meilleure équipe NFL 2021 (bilan 13-4) et d’être le 1er QB de l’histoire de la NFL à engranger 3 saisons à 13 victoires ou +, a sûrement aussi influé sur la décision.

UN TITRE POUR LA GLOIRE DE RODGERS

Avec ce 4ème titre, Rodgers assoit grandement son statut dans l’histoire de la NFL car cette nouvelle récompense le fait encore plus sortir du lot.

Depuis l’instauration du titre MVP par l’Associated Press en 1957, Rodgers devient maintenant le seul 2ème au classement des titres MVP derrière Peyton Manning (5 titres), qui lui a d’ailleurs remis le titre hier de manière très symbolique.

Il obtient son 2ème titre MVP de suite, ce que seuls 4 joueurs avaient réussi avant lui : Peyton Manning justement (2003-2004 mais aussi 2008-2009), Brett Favre (1995-1997), Joe Montana (1989-1990) et le coureur Jim Brown (1957-1958).

Enfin, il est seulement le 3ème joueur à obtenir des titres MVP dans une intervalle de 10 ans : Peyton Manning (2003-2013), Tom Brady (2007-2017) et donc Aaron Rodgers (2011-2021).

UN TITRE POUR L’HISTOIRE DES PACKERS

Ce 4ème titre MVP de Rodgers n’est pas anodin pour les Green Bay Packers. Ce titre MVP est le 10ème de la franchise en 65 ans, dépassant les Indianapolis Colts (9 titres MVP).

Voici les 10 titres obtenus depuis 1957 par des légendes des Packers et de la NFL :

  • Aaron Rodgers (4) : 2011, 2014, 2020, 2021
  • Brett Favre (3) : 1995, 1996, 1997
  • Bart Starr (1) : 1966
  • Jim Taylor (1) : 1962
  • Paul Hornung (1) : 1961

Alors, si les Packers dominent la NFL maintenant pour les titres MVP, alors imaginez comment ils dominent la NFC North pour cette même catégorie :

  • Packers : 10
  • Vikings : 2 avec Alan Page en 1971 et Adrian Peterson en 2012
  • Bears : 1 avec Walter Payton en 1977
  • Lions : 1 avec Barry Sanders en 1997

QUEL AVENIR ?

C’est la question que tous les cheeseheads et tous les suiveurs de la NFL vont se poser ces prochaines semaines. Que va faire Aaron Rodgers pour sa carrière sportive ?

Aaron Rodgers a promis de révéler de quoi sera fait son avenir bien avant la « free » agency » début mars. Et à écouter son discours de remerciements, on peut tout envisager pour 2022 : Packers, autre équipe ou retraite.

S’il a remercié toute l’organisation actuelle des Packers, Rodgers s’est particulièrement attardé sur un remerciement très spécial pour Ted Thompson, l’homme qui l’avait drafté en tant que manager général des Packers en 2005, à la surprise générale au 24ème choix, et contre vents et marées avec un Brett Favre inoxydable alors aux commandes de l’équipe.

Après son discours, Rodgers a ajouté qu’il a encore beaucoup de choses à considérer et évaluer pour savoir quelle suite donner à sa carrière. Il y aura d’abord sa volonté personnelle, puis il faudra voir jusqu’à quel point les Packers peuvent aller pour continuer l’aventure avec le n°12 si tel est le cas.

Alors, oui son aventure en NFL ne lui aura donné pour le moment qu’un seul Super Bowl gagné (saison 2010). Mais trop souvent, il a dû composer avec une défense plus faible que la moyenne NFL. Et pour réussir en play-offs NFL avec des matchs couperets, il faut un certain alignement des planètes (n’est-ce pas Tom Brady ?).

Pour certains, Rodgers restera un grand joueur de saison régulière qui échoue en play-offs, en oubliant justement que le football américain est un sport d’équipe.

Pour un joueur de sa trempe, bien sûr qu’un seul Super Bowl c’est trop peu. Mais que dire de Dan Marino, l’immense QB des Miami Dolphins dans les années 1980 qui explosa tous les records à la passe dans une époque où les QB devaient d’abord jouer pour leur survie ; des records qui ont duré très longtemps. À l’inverse, on peut parler aussi de Terry Bradshaw, QB des Steelers des années 1970 qui obtint 4 Super Bowls emmenés par le « steel curtain » noir et jaune.

Non, dans un sport d’équipe, le mérite d’un joueur ne se mesure pas qu’aux titres, c’est une lapalissade de le dire.

Rodgers m’a fait rêver, beaucoup, Rodgers m’a fait rager, dernièrement. Mais il restera un des plus grands QB de l’histoire NFL qui aura sûrement la plus belle vidéo de « highlights » pendant très longtemps. Les belles actions, ça fait peut-être pas des titres, mais ça fait des souvenirs aussi (comme les titres).

Peut-être, comme Peyton Manning dont il se rapproche au niveau palmarès individuel, il trouvera une autre équipe qui lui permettra d’accéder au 2ème Super Bowl que son talent mérite. Peut-être il choisira de prendre sa retraite, accusant le poids des ans et des saisons dont la terminaison est si souvent similaire.

Et quelle influence va avoir sa vie personnelle sur sa décision qui pourrait être en plein changement avec des rumeurs de séparation avec sa fiancée et actrice Shaileen Woodley ?

En tout cas, il aura déjà permis à chaque cheesehead de rêver au graal au début de chaque saison. Beaucoup de déceptions, d’injustices parfois mais aussi beaucoup de joies, et de moments qui resteront à jamais gravés dans les mémoires de nombreux fans.

Alors, merci.

Et si tu reviens l’année prochaine à Green Bay, qu’importe les conditions, eh bien, on sera derrière toi parce qu’on est derrière notre équipe que tu as incarné ces 14 dernières années.

GBPackersFrance

1 Comment

  1. DavidBrillac

    Bel hommage Julien, tu aurais pu écrire la même chose pour Favre quand il a pris son Jets pour New York en 2008.
    Le problème c’est que ces deux légendes des Packers et de la NFL cumulent 8 finales NFC, et surtout 7 titres de MVP en saison régulière. Seul Rodgers sauve l’honneur avec son titre de MVP du Super Bowl, Favre n’ayant même pas réussi cette exploit, merci Desmond !
    Je pense que Rodgers et surtout moi, seraient prêts à échanger deux, voire trois de ses titres de MVP contre un deuxième Super Bowl.

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