Tour de division 2021 : un match très « spécial »

(Photo : Dan Powers)

Après ma réaction à chaud qui suivait une nuit quasi-blanche, les jours qui ont suivi ce tour de division 2021 n’ont pas atténué ma peine et ma rage. Cette défaite est collective mais il y a indéniablement un aspect du match qui a pesé lourdement dans l’issue du match, c’est la prestation des équipes spéciales des Packers.

Matt LaFleur, Aaron Rodgers, Marcedes Lewis, Josiah Deguara, Aaron Jones… Tous ont eu une part, plus ou importante selon les parties, dans la défaite 13 à 10 à la dernière seconde contre les San Francisco 49ers.

Mais rien n’équivaut les équipes spéciales des Packers. Dans un match avec aussi peu de points, c’est une balance de… 10 points que celles-ci ont laissé en route.

Le field goal bloqué avant la mi-temps coûte 3 pts aux Packers, 3 points de moins au tableau d’affichage pour GB. Le punt bloqué et retourné en TD à 5 mn de la fin du match donne 7 points aux 49ers.

Sans ces deux actions, juste ces deux actions, le score aurait été de 13 à 6 pour les Packers. Juste deux actions de quelques secondes chacune, dans un match de 60 minutes…

Retour sur les jeux marquants des équipes spéciales Packers dans ce tour de division. Retour sur un fiasco, un fiasco malheureusement prévisible tant les équipes spéciales ont montré tout au long des 17 matchs qui ont précédé ce tour de division qu’elles pouvaient condamner un match. C’est ce qu’elles ont fait, au plus mauvais moment de la saison.

FIELD GOAL AVANT LA MI-TEMPS

Depuis le fumble perdu de Marcedes Lewis (TE) sur le 2ème drive de GB, la machine offensive des Packers s’est grippée. La défense des Packers fait un incroyable boulot : quatre « 3 and out » et une interception en redzone sur les 5 premiers drives des Niners. Si bien que SF se dirige vers une première mi-temps sans point.

Cela n’était tout simplement jamais arrivé à Aaron Rodgers : jamais les Packers ne lui avaient donné un adversaire avec un score vierge à la mi-temps en play-offs.

L’attaque hoquète mais elle retrouve des couleurs en toute fin de mi-temps avec une échappée de Rodgers hors de sa poche qui voit le QB profiter d’une faute de couverture sur Aaron Jones (RB) qui s’en va gagner 75 yards (même s’il aurait pu faire mieux, j’y reviendrai ultérieurement dans un autre article).

Après un sack de Bosa qui arriva à contourner sur sa vitesse Dennis Kelly (RT), Rodgers, pris par le temps, dut jeter le ballon à terre (« spiker ») le ballon pour laisser Crosby (K) effectuer un field goal de 38 yards largement faisable sur les 4 dernières secondes de la 1ère mi-temps.

Mais on le sait, avec ces équipes spéciales, même les phases les plus élémentaires ont pêché pour GB en 2021. Pourquoi ? Un manque de talent c’est sûr et manque de coaching qui n’a pas su s’adapter à cet état de fait. Et aussi, et c’est impardonnable à ce niveau, un manque d’implication.

Sur cette phase de field goal, le principal coupable sera Tyler Lancaster. Ce DT est donc placé à l’extrémité gauche de la ligne quand Tyler Davis (TE) est aligné à droite. Mais si un TE est rompu à l’exercice du block offensif, qu’en est-il qu’un tackle défensif ? N’y avait-il un autre type de personne à mettre à cette extrémité ? Pourquoi Yosh Nijman (LT), habitué à jouer en bout de ligne est-il mis à l’intérieur ?

Quand on regarde l’alignement de départ déséquilibré de SF, les 49ers ont clairement l’intention de tenter le coup sur le côté gauche de la ligne Packers. GB n’a plus de temps mort (le dernier a été cramé car Aaron Jones a été plaqué dans le terrain sur sa réception de 75 yards). Mais les joueurs ne s’adapteront pas à cet alignement. Au lieu que chacun des joueurs ne vise un block en glissant vers la gauche pour contrer ce déséquilibre, chacun va bloquer droit devant soi.

Les 49ers vont clairement tenter de mettre la pression sur leur droite

Lancaster, à l’extrémité gauche de la ligne, tarde énormément à réagir lors de la mise en jeu pour ensuite jouer le jeu sans entrain. Il joue ainsi des coudes au lieu de tenter réellement de bloquer les deux joueurs dont il a la charge. Jimmie Ward (S), le n°1, va s’engouffrer dans la brèche aussi aisément qu’un couteau chaud dans du beurre mou (George Eddy, si tu me lis ^^).

Lancaster (n°95) en mode escargot, Ward se jette dans la brèche

Lancaster ne joue pas vraiment le coup et se focalise sur la menace extérieure plutôt que sur la menace intérieure qui, par définition, est plus proche du point d’impact. Il laisse ainsi passer Ward qui saute dans le timing parfait.

Field goal bloqué !

Dans le malheur de 3 points manqués, l’addition aurait pu être bien pu salée. En effet, le ballon revient directement dans les mains de Bojorquez (P) en position de holder. Si Bojorquez manque la balle ou si celle-ci rebondit sur lui, Ward (n°1) ou l’autre CB Josh Norman (n°26) étaient lancés pour reprendre le ballon et filer vers l’en-but des Packers. Le pire est alors évité… pour le moment.

Et le score reste à 7-0 à la mi-temps. J’ai alors un mauvais pressentiment : les matchs où les Packers enchaînent les punts ne finissent jamais bien en général.

LA BLESSURE D’A.J. DILLON

Comme un malheur n’arrive jamais seul, les phases d’équipes spéciales vont aussi être le théâtre d’une blessure d’un joueur majeur : le coureur A.J. Dillon. Je dis majeur car la frilosité du plan de jeu de Matt LaFleur sur ce match laisse à penser que le n°28 avait un rôle important dans l’attaque ce soir-là au Lambeau Field.

En même temps, c’était prévisible, le physique et les courses d’A.J. Dillon font mal mais elle ont encore plus d’efficacité par temps froid sur des terrains boueux (la pelouse désormais chauffée du Lambeau Field n’est jamais gelée en match) où les appuis sont importants. Le n°28 l’a déjà montré ces deux dernières saisons, d’abord en explosant à la face de la NFL contre les Tennessee Titans en semaine 16 de la saison 2020 et en prenant une nouvelle ampleur cette saison depuis la semaine 4.

Alors pourquoi l’aligner dans des phases de retour dont on sait qu’elles sont peu ou pas performantes pour GB ? Pourquoi le mettre dans des phases de jeu potentiellement plus dangereuses car moins conventionnelles avec des chocs pouvant venir de tous les côtés ?

A.J. Dillon a beau être taillé dans le roc, on n’est jamais à l’abri d’un choc mal placé et c’est ce qui est arrivé sur le kickoff de renvoi des 49ers après que ces derniers aient marqué leurs premiers points du match sur le 1er drive de la seconde mi-temps du match.

Le RB jugeait mal la course à pleine vitesse du LB Greenlaw et il tombait en arrière sur l’impact. Rien de grave. Mais Oren Burks (ILB), qui n’avait pas servi à grand-chose sur l’action, voulut faire croire l’inverse et en tentant d’attraper Greenlaw, qui était de toute façon devant lui, Burks trébucha le genou en avant… dans le « buffet » d’A.J. Dillon.

Le n°28 se relèvera avec difficulté, en ayant du mal à respirer, symptomatique d’une côte cassée. Il ne reviendra plus de la seconde mi-temps et les Packers en furent bien démunis quand ils envoyèrent Aaron Jones dans le mur en seconde mi-temps.

LE PUNT BLOQUÉ POUR TOUCHDOWN

On en vient à l’action du match, et même selon le twitter du compte officiel de la NFL de « l’action qui a complètement rebattu le schéma du tableau des play-offs NFC » (pour ceux qui seraient pas convaincus).

La balle vient d’être lancée. La formation de base est là encore déséquilibrée côté Niners laissant craindre une menace venant du coté droit.

En effet, le long snapper (n°46), qui vient de lancer la balle, se prend directement dans le buffet le n°94 (le DT Jordan Willis) qui a croisé sa course pour mieux surprendre le LS. Mais l’erreur fatale vient du n°41 Henry Black qui ne fait que figuration et n’esquisse aucun mouvement de bras sur le côté , même pour la forme. Alors que clairement, il aurait dû aider son coéquipier, c’est sa position qui l’exige.

Un simple coup d’épaule dans le dos du LS aurait, je pense, suffi à ralentir le n°94 qui ne serait pas allé aussi rapidement vers Bojorquez (P). Oren Burks (ILB – n°42) n’effectue lui non plus aucun mouvement d’épaule qui aurait pu aider son coéquipier. Mais Burks n’a sûrement pas dû voir Willis qui s’était aligné en position aveugle en face du n°51 Krys Barnes (pris lui par un autre adversaire) et a donc croisé sa course pour directement attaquer le LS.

Steven Wirsel (LS), qui rend 20 kg (!) à Willis, est complètement à reculons et ne peut le contenir malgré tous ses efforts. Willis touche le ballon frappé par le pied de Bojorquez.

Situation au moment du rebond du ballon

Suivent 1 à 2 secondes flottement. Le ballon est parti en l’air et tout le monde cherche désespérément celui-ci quand tous les joueurs ont entendu le bruit de la main de Willis touchant le ballon, mais sans pouvoir le localiser.

C’est d’abord le n°13 Niners qui repère le premier le ballon alors qu’il en est quasiment le plus éloigné. Le bruit entendu, il bénéficiait il est vrai d’un meilleur champ de vision sans avoir besoin de lever la tête. Le n°26 voyant la réaction de son coéquipier lui emboîte le pas. Le safety Hufanga (n°29) est comme tous les joueurs proches du ballon, il ne sait pas où il se trouve, celui-ci ayant pris une trajectoire verticale.

Au moment du rebond du ballon sur le terrain, et donc du second indice sonore, Hufanga (n°29) est le plus proche du ballon.

Là, il y a un côté fataliste sur cette action car la déviation aurait pu tout aussi envoyer le ballon sur le côté opposé du terrain, là où Dafney (n°49 placé sur la ligne des 5 yards sur la photo ci-dessus) aurait pu recouvrir le ballon. Ce qui est encore plus rageant, c’est que ce ballon est retombé avant la ligne de mise en jeu, ce qui rendait ce ballon vivant pour les 49 ers ET pour les Packers (si le punt bloqué dépasse la ligne de mise en jeu, c’est un « ballon vivant » pour SF et un « ballon mort » pour GB qui ne peut que le plaquer au sol).

Le destin du match aurait très bien pu basculer sur la retombée de ce ballon qui aurait pu se terminer par un first down Packers sur une course de Dafney (TE) !

Le ballon rebondit à terre, le n°29 Hufanga va récupérer le ballon, protégé par le n°13 et le n°26 qui avaient été les premiers à réagir au punt bloqué.

Touchdown 49ers. Alors que l’attaque de SF n’a enquillé qu’un FG et 3 pts sur leurs 8 premières possessions, leurs équipes spéciales, après avoir fait perdre 3 pts à GB en 1ère mi-temps, leur donnent 7 pts de plus à 4 mn 30 de la fin du match.

Le score n’est que de 10-10 et le ballon revient alors aux Packers. Mais cette action s’apparente comme un gros changement de « momentum » dans un match à faible score et où l’attaque Packers est comme désemparée dans cette seconde période. La suite nous donnera malheureusement raison.

GBPF

1 Comment

  1. DavidBrillac

    Sans oublier le génie de Drayton qui (vient d’être éjecté du staff), qui envoie seulement 10 ( le onzième était sûrement partie au petit coin ) joueurs sur le terrain à l’ultime action du match pour essayer de contré le field goal de Gould.
    Un carnage pendant toute la saison !

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