Week 8 ~ ARI – GB : Thriller dans le désert

Arizona Cardinals – Green Bay Packers : 21-24

Rasul Douglas (CB) vient d’intercepter Murray (QB) en « endzone » et clôt un match à émotions (Photo : Evan Siegle)

Les Packers nous ont réservé la surprise du chef pour le match du jeudi soir de cette semaine 8. Une victoire en terrain hostile, chez la seule équipe invaincue de NFL, avec une attaque décimée et conclue par une action défensive à la dernière seconde d’un joueur présent dans l’effectif depuis 3 semaines ! Waow ! Que d’émotions !

DE LA COURSE ET UN TURNOVER

En tant que « cheeseheads », dire qu’on était confiant avant ce match serait mentir, surtout avec une attaque dépeuplée de ses LT 1, C 1, WR 1, WR 2 et WR 3 ! Mais ça tombait bien, les Cardinals étaient une défense à attaquer par la course (31ème NFL en yards par course).

Matt LaFleur le savait bien, et c’est bien pour cela qu’il avait très peu utilisé ses coureurs Aaron Jones et A.J. Dillon contre la Washington Football Team 4 jours plus tôt.

Le plan de jeu était à prévoir mais il fonctionna à merveille telle une monotone équipe des Patriots de l’ère Brady : des courses et des petites passes afin de mener des drives longs empêchant le QB star adverse d’être sur le terrain. Marrant comment l’histoire évolue puisque ce fut longtemps la seule réponse des adversaires des Packers sous l’ère Mc Carthy.

Tout cela a abouti à une domination sans partage de l’horloge : 37 mn 30 contre 22 mn 30 pour les Cardinals !

Cette domination était une condition sine qua none pour le gain du match par les Packers. Il ne fallait pas laisser Kyler Murray (QB) emballer le match par ses capacités de déplacement, soit pour lancer, soit pour courir. Et on a vu ce que cela a pu donner en seconde mi-temps où les Cardinals ont marqué 2 TD sur leurs 4 drives (alors que les deux autres furent des interceptions Packers).

La première mi-temps fut une domination totale du chronomètre : 70 % de temps de possession Packers. Grâce donc au jeu de course. Et pourtant, la ligne offensive intérieure fut encore mise à mal (certes de manière beaucoup moins flagrante que face à WAS).

De trop nombreuses fois, le n°33 et le n°28 furent pris avant la ligne de mise en jeu mais ils ont montré une abnégation sans faille. Et c’est le « sophomore » A.J. Dillon qui arrivait le plus à casser les plaquages. Et même à les broyer : 3,8 yards après contact pour une moyenne de 4.9 yards par course. Bestial.

De même, le pass-rush Cardinals avait troublé GB en début de match. Et Aaron Jones, tout au long du match, ne fit pas forcément les meilleurs choix dans ses tracés une fois les passes écran réceptionnées. Nombre de fois, un joueur d’OL décroché n’eut pas l’utilité escomptée. Bojorquez (P) puntait les 2 premiers drives Packers.

Le pass-rush Packers arrivait lui à appuyer sur l’OL Cardinals, il est vrai menée par son Centre n°3. Une bonne pression de Preston Smith (OLB) stoppait le premier drive Cardinals.

Cela continuait sur le 2ème drive mais Murray (QB) lançait en profondeur sur sa star receveur Hopkins marqué par un Stokes (CB) complètement perdu sur la réception. Mais le rookie (pas en verve jeudi soir) est volontaire et, par sa vitesse, poursuivait Hopkins. Ce dernier voyait son TD annulé logiquement par une prise de la grille faciale pendant plusieurs secondes du CB. À n’en pas douter, cette faute lui permit de repousser Stokes et on aimerait que les attaquants soient beaucoup plus sanctionnés dans ce genre de situation où les défenseurs sont trop souvent les plus brimés.

Ce n’était que reculer pour mieux sauter, la défense Packers n’étant pas prête à un schéma « wildcat » qui voyait le RB Edmonds récupérer directement la mise en jeu et foncer vers le TD pour 11 yards. (7-0)

GB répliquait avec un drive de plus de 8 mn avec le même menu de courses et petites passes, où Winfree (WR) fit ses premières réceptions en NFL. TD de 2 yards d’Aaron Jones en mode combattant. (7-7)

Puis ce fut au tour de Devondre Campbell (ILB) de se rappeler au bon souvenir des Cardinals qui ne le conservèrent pas à l’inter-saison. Il repéra d’abord magnifiquement un jeu « reverse » pour une perte de 2 yards avant d’être bienattentif (« spy ») sur le QB pour aller sacker Murray tentant de s’extirper de la pression.

Les éléments allaient dans le sens des Packers. Ils étaient stoppés mais le punt était « muffed » par le rookie retourneur Rondale Moore. L’apport de Bojorquez au punt parle encore. Son punt très haut a fait hésiter R. Moore face à la marée montante des joueurs vert et or. Résultat, il ne se retira pas assez vite de la trajectoire et le ballon frôla sa main. Il fallut néanmoins le challenge de Matt LaFleur pour que le ballon sur les 3 yards d’ARI soit Packers et non Cardinals.

Mais avec 4 tentatives à 3 yards de l’en-but, GB fit sa première boulette de la soirée. Si la première tentative vit une roquette de Rodgers atterrir dans la paluche de M. Lewis pour un TD manqué parce que le n°89 doit chausser du 52 :-), les deux autres tentatives furent des passes qui échouèrent face à la bonne couverture des défenseurs Cards. Seulement 3 points ramenés de ce gros turnover. (7-10)

Les Packers récupéraient encore rapidement le cuir, Murray (QB) étant pressé et imprécis, et géraient lentement et parfaitement les 4 dernières minutes de la 1ère mi-temps. Mais une réception manquée de Winfree (WR) à 1 mn de la mi-temps en « field goal range » fit basculer ce drive, terminé dans une « Ave Maria » infructueuse.

10-7 à la mi-temps pour les Packers, c’était presque pas cher payé (ah le pass, pass, pass à 3 yards de l’en-but), compte tenu du plus faible total de yards de 1ère mi-temps et de 1st downs de la saison pour les Cardinals ! D’autant plus que les Cardinals démarraient la seconde mi-temps avec la possession.

UNE DEUXIÈME MI-TEMPS À SENSATIONS

la pression du pass-rush de GB était toujours importante en intérieur et en extérieur. Sous la menace de Gary (OLB), Murray envoyait un ballon imprécis à Moore (WR) qui ne faisait que dévier le ballon… dans les bras d’Henry Black (S) ! Interception ! Une bonne manière de se rattraper pour le n°41 Packers, mauvais la semaine passée contre WAS.

Sur les 14 yards d’ARI, les Packers faillirent manger la feuille encore une fois et durent recourir à une 4ème tentative très bien exécutée pour une passe courte extérieure à destination du WR St-Brown (dans les petits papiers de Rodgers le n°19 ?).

Le jeu suivant, Rodgers trouvait un Cobb (WR) pourtant très bien couvert sur le côté droit de la zone d’en-but pour une réception Nelsonesque ou Adamsesque, c’est au choix. 🙂 (7-17)

À peine 4 mn de jouées en seconde mi-temps et les Cardinals passaient déjà en mode surmultiplié : attaque en « no huddle » et même une 4ème et 4 convertie facilement sur un « quick out » pour le WR Wesley que Stokes (CB) marquait de manière trop lâche. Ce drive de plus de 5 mn en attaque accélérée avait épuisé la défense qui ne put rien contre une dernière réception d’Ertz (TE) en plein milieu de la défense (20 yards) et contre le TD facile de Conner (RB). (14-17)

GB répondait coup sur coup mais perdait dans la bataille deux guerriers. Kylin Hill (RB) qui voulut relancer inexplicablement un kickoff de l’en-but Packers. Réceptionnant mal le ballon, il courait en déséquilibre et ne put éviter un LB rouge lancé à toute allure. Hill y laissa son genou, tout comme Tonyan (TE)ensuite à la réception d’un passe de 20 yards. Hill comme Tonyan (ligaments croisés) ont malheureusement vu leur saison se terminer en Arizona. Arf !

Aaron Jones (RB) convertissait une passe écran pour 19 yards et c’est encore Cobb (WR) qui était trouvé pour le TD sur une passe « slant » de 5 yards (grosse protection de l’OL). (14-24)

Arizona remettait le couvert avec la même agressivité que leur drive précédent (une 4ème et 1 convertie sur une passe pour un TE). Et de la même manière, c’est sur une défense exsangue, avec une entrée tardive de T.J. Slaton (DT) à la place de Clark (DT), que Conner (RB) marquait le TD avec une très mauvaise lecture de Barnes (ILB) sur le tracé du RB. (21-24)

Il restait encore près de 11 mn de jeu mais le boa constricteur vert et or enserrait sa proie avec minutie, toujours par des petits gains à la course ou à la passe. Seulement, il fallut tout de même que GB grille toutes ses cartouches de temps-mort.

Mais qu’importe, GB portait le coup fatal sur une 1ère et 1 à moins de 5 mn de la fin : TD à la course d’Aaron Jones pour porter le score à 31-21. Non ! Car le jeu fut vérifié à la vidéo et alors qu’aucun plan de caméra ne pouvait remettre en cause de manière péremptoire la première décision des arbitres, celle-ci fut inversée ! Certes, il semblait que le n°33 de GB avait échoué de quelques cm mais c’était difficile à dire malgré tout.

Bon, encore 3 tentatives pour un petit yard, cela ne devait être qu’une formalité. Avec A.J. Dillon le perce-muraille oublié sur la ligne de touche, Aaron Jones fut d’abord stérile sur la 2ème tentative. Puis Rodgers préféra prendre le « delay of game » face à l’impréparation de ses coéquipiers et la défense affichée en face. Il tenta de se rattraper en donnant son corps sur une course… de 5 yards, échouant de nouveau à quelques cm de la ligne.

Tentant la 4ème et 1 (il est vrai que 3 pts de + ne changeaient pas l’issue du match en cas de TD encaissé) à la passe (arf !), Rodgers fut bien impuissant face à la très bonne couverture des Cardinals. Passe déviée et turnover on downs à 3 mn 30 de la fin. D’un potentiel 31-21, les Packers étaient désormais en position de faiblesse à 24-21.

99 yards à parcourir néanmoins mais Murray arrivait à se sortir de la nasse sur une 3ème et 10 avec un A.J. Green (WR) mal marqué par la couverture de zone. Puis ce fut un scénario maintes fois vu et revu : une défense dont les digues ont rompu et qui laisse les flots adverses déferler. Même une mauvaise mise en jeu du Centre provoquant une 2ème et 18 n’empêchait pas ARI d’avancer. Même les arbitres y mettaient du leur en faisant convertir une 2ème et 1 à 40 secondes de la fin alors que la course de Murray (QB) ne gagnait pas un pouce.

Avec 4 tentatives, 8 yards et 21 secondes à jouer, il aurait été fabuleux de ne s’en tirer qu’avec un FG adverse pour les Packers. Quand l’impensable survint. D’abord, un blitz des Packers (mais oui !) qui envoyait 7 mecs au charbon avec Barnes se jetant pour gêner Murray. Est-ce que cela a forcé le QB a décoché plus tôt sa flèche ? Toujours est-il que sa cible, A.J. Green (WR) n’était pas au rendez-vous en n’étant pas encore retourné vers le ballon. Rasul Douglas (CB) si ! Et le n°29 intercepta le ballon tout en maîtrise, scellant par la même le match !

Incroyable dénouement comme rarement vu pour un cheesehead. Et quelle ironie que ce soit Rasul Douglas qui scelle le match, lui laissé sur l’équipe d’entraînement des Cardinals, où sont allés le chercher le front office des Packers, suite à la blessure d’Alexander (CB). Quel destin quand on y pense.

UNE VICTOIRE QUI BOOSTE LE MORAL

Une fois encore, comme contre les 49ers et les Bengals, la victoire s’est jouée à rien pour les Packers qui ont le vent dans le dos dans ces circonstances à couteaux tirés. Mais cette fois-ci, la défaite aurait été réellement cruelle pour cette équipe d’éclopés qui a montré du coeur, un plan de jeu parfaitement préparé maîtrisant le temps de possession et une défense volontaire provoquant 2 turnovers (avec un 3ème pour les équipes spéciales).

Elle a encore pêché offensivement dans la zone rouge où on ne saura jamais vraiment la part de responsabilité de LaFleur et de Rodgers au moment des choix stratégiques.

Ce dernier manqué offensif à 4 mn de la fin aurait pu tout gâcher si Douglas (CB) n’avait pas été aussi attentif. Au lieu de cela, cette victoire contre ce qui était le n°1 NFL galvanise les troupes et donne 10 jours de repos avec la banane à une équipe qui risque bien d’enregistrer des retours de blessure ces prochaines semaines. Elle fait aussi gagner un « tiebreaker » important avec une équipe qui pourrait être un rival pour la place de n°1 NFC. Car oui, avec cette victoire, les ambitions des Packers remontent. D’une couronne NFC North à assurer, les cheeseheads peuvent rêver à des play-offs à domicile… encore une fois.

Le prochain match contre des Kansas City Chiefs qui ont soif de revanche après un début de saison raté nous en dira plus sur la dynamique qu’a pu enclencher cette victoire dans le désert.

LES STATS

Arizona Cardinals :

  • Kyler Murray (QB) : 22/33 à la passe, 274 yards, 0 TD, 2 INT ; 6 courses, 21 yards
  • James Conner (RB) : 5 courses, 22 yards, 4.4 yards par porté, 2 TD
  • DeAndre Hopkins (WR) : 2 réceptions, 66 yards
  • Jordan Hicks (LB) : 7 plaquages, 5 plaquages assistés, 1 plaquage pour perte
  • Andy Lee (P) : 3 punts, 55.3 yards de moyenne (+ long : 62 yards)
  • Efficacité en 3ème tentative : 40 % (4/10)
  • Efficacité en 4ème tentative : 100 % (2/2)
  • Efficacité en redzone : 75 % (3/5)
  • 7 pénalités pour 59 yards
  • 22 mn 30 de possession de balle

Green Bay Packers :

  • Aaron Rodgers (QB) : 22/37 à la passe, 184 yards, 2 TD
  • A.J. Dillon (RB) : 16 courses, 78 yards, 4.9 yards par porté
  • 151 yards totaux à la course
  • Aaron Jones (WR) : 15 courses, 59 yards, 3.9 yards par porté, 1 TD ; 7 réceptions, 51 yards
  • Devondre Campbell (ILB) : 4 plaquages, 3 plaquages assistés, 1 sack, 2 plaquages pour perte
  • Rasul Douglas : 9 plaquages, 1 INT, 2 passes déviées
  • Efficacité en 3ème tentative : 43 % (6/14)
  • Efficacité en 4ème tentative : 50 % (2/4)
  • Efficacité en redzone : 60 % (3/5)
  • 7 pénalités pour 60 yards
  • 37 mn 30 de possession de balle

L’ACTION DU MATCH

  • L’interception inespérée de Rasuuuuul Douglas à 15 secondes de la fin en endzone

LES DÉTAILS QUI TUENT

  • 151 yards à la course, soit 93 yards de plus que contre WAS 4 jours plus tôt
  • Aaron Rodgers en est désormais à 7-0 dans les matchs sans Davante Adams depuis que Matt LaFleur est le « head coach » (2019)
  • Les Cardinals sont à 7 sur 7 (coucou Anne Sinclair) en 4ème tentative (seule équipe NFL avec 100 % de réussite sur 4ème tentative

GBPF

1 Comment

  1. Guile

    Désolé GBPF mais ce sera les Chiefs chez eux et pas au Lambeau. (corrigé 😉 GBPF)

    Sinon, match assez incroyable dans le drama des dernières minutes.
    La défense a bien martyrisé Murray pendant 2 quart-temps et demi, l’attaque a survécu avec des courses et Rodgers en mode Jimmy G parce qu’on aurait dit les Niners d’il y a deux ans.

    Je crois qu’Amari Rodgers s’est un peu cramé sur sa réception-glissade foireuse.

    Un peu comme je le redoutais dans l’avant-match, on repart avec deux blessés graves. A quelques jours près, on aurait pu tenter Ertz. Là, je me dis qu’on va finir comme ça vu qu’on a encore 3 TE.

    Par contre, je veux bien entendre que certains appels sont de Rodgers mais ce n’est pas lui qui décide de ne pas mettre sur le terrain le tracteur Dillon alors que tu es à 1/2 yard de l’en-but. Parce que bon, je pense que LaFleur se serait bouffé les c****** si Douglas ne fait pas l’INT.
    D’ailleurs, je commence à me dire que si Alexander revient, on finira avec un duo de CB titulaire sur les extérieurs Alexander-Douglas et pas Alexander-Stokes. Moi, du moment que ça repousse King loin dans la hiérarchie parce que Sullivan va être dur à sortir du slot.

    Bref, je ne m’attendais pas à cette victoire mais sur l’ensemble du match, elle est ultra mérité et je pense que ça fait fermer quelques bouches sur le fait qu’on ait battu que des peintres en bâtiment depuis le début de saison (les Bengals apprécieront).

    10 jours de repos avant le prochain match pour pouvoir récupérer un corps de receveur qui tient la route.
    Pour finir, franchement cette équipe en veut. Je crois qu’on prend le retour de karma des 0 blessé des 2 dernières années. On a une équipe de mecs qui jouent un peu blessés (Smith, Jenkins), de mecs pas voulu pas d’autres donc revanchards (Campbell, Douglas, Mercilus), de mecs qu’on attendaient pas ou plus (Nijman, Winfree), de rookies, etc.
    Même si ça va pas au SB, les mecs lâcheront rien et rien que pour ça c’est top. Si seulement on pouvait retrouver un peu de la flamboyance de l’attaque 2020 ça commencerait à sentir très bon.

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