Chicago Bears – Green Bay Packers : 16 – 35

 

Les Packers sont allés à l’essentiel : la victoire face au rival NFC North pour s’assurer la place de n°1 NFC. Les Bears ont sorti tout ce qu’ils pouvaient avec leurs moyens mais la différence de niveau entre le QB des Packers, Aaron Rodgers, et le QB des Bears, Mitch Trubisky, est juste insurmontable pour Chicago.

LES BEARS RÉSISTENT…

Le match commençait de la manière la plus bizarre qui soit. Mason Crosby (K) tirait le coup d’envoi vers le poteau orange droit de l’en-but. Le retourneur des Bears tentait de forcer la pénalité en recouvrant la balle avec un pied en dehors du terrain pour faire repartir les Bears de leurs 40 yards grâce à une pénalité. Sauf qu’il fit son action en allant vers la touche plutôt que d’être à l’extérieur avant de toucher le ballon. Résultat : une pénalité tendancieuse dont l’entraîneur en chef des Packers demanda la révision vidéo. C’était limite, mais pour moi Patterson touchait le ballon avec le talon dans le terrain, juste avant qu’il ne plante l’avant de son pied à l’extérieur. Mais comme le premier jugement était bien une pénalité, la vidéo ne mettait pas clairement en évidence l’inverse. Patterson devrait réviser la vidéo de Randall Cobb, l’ancien Packer qui avait remis au goût du jour cette règle méconnue. Au final, un « challenge » et un temps mort de perdu pour GB alors que CHI repartait bien des 40 yards sans une seule seconde jouée.

Le premier drive des Bears allait donner le ton de leur stratégie. Beaucoup de mouvements « pré-snap », d’abord courir avec Montgomery (RB) et éventuellement des passes courtes et sûres. Les Bears n’avaient pas peur de courir en 3ème tentative, ni de tenter la 4ème tentative (la première de leurs six du match). Cela aboutissait un TD de 2 yards de Montgomery (RB) où Kamal Martin manqua son plaquage sur le « crochet » du RB, après un drive de 7 mn 30. (7-0)

Les Packers (ici Kirksey) se sont employés pour contenir le RB Montgomery

Les Packers répondaient du berger à la bergère avec la même tactique. Aaron Jones (RB) sauva les Packers en réceptionnant une petite passe « checkdown » sur une 3ème et 8 sous pression, le n°33 convertissant le first down grâce à son double raffût sur sa course après réception. GB tentait même la 4ème tentative en étant en position de FG ; Rodgers (QB) visait par une passe lobée Adams (WR) pour le TD, le n°17 étant clairement retenu par son CB, la pénalité donnait le first down aux Packers. Ce sera finalement Tonyan (TE) qui sera trouvé pour le TD (3 yards) après que Rodgers eut largement le temps de trouver sa cible. (7-7)

Le cours du match basculait déjà avec une défense stoppant rapidement les Bears (sack de Kirksey (ILB), plaquages agressifs de King (CB)). Mais sur le punt, Tavon Austin (WR) perdait le ballon sur un rude plaquage. Fumble en zone rouge Packers. Décidément, GB ne brille pas dans ses retours en 2020 et Tavon Austin n’est pas (encore ?) le facteur X désiré. Tyler Ervin (RB), sur la liste des blessés, manque terriblement par la sécurité de ses tracés et de ses mains. Mais Clark (DT) repoussait Montgomery sur 3ème tentative obligeant Chicago à un FG. (10-7)

Ballon récupéré, les Packers étaient de suite poussés en 3ème tentative. Jamaal Williams (RB) s’écartait en 5ème receveur. Un CB adverse blitzait mais Rodgers avait parfaitement reconnu la défense adverse et surtout la couverture de Trevathan (ILB) sur le très rapide Valdes-Scantling (WR). Opposition imparable. Valdes-Scantling assurait la réception pour courir 45 yards droit vers l’en-but pour un TD de 72 yards ! (10-14)

Trevathan (n°59) ne peut rien contre la vitesse de Valdes-Scantling (n°83)

Et cette fois, ce sont les Bears qui commettaient un fumble dans leur territoire grâce à un plaquage agressif d’Alexander (CB) forçant la perte de balle du TE retombant sur lui. Gary (OLB) se précipita sur le ballon pour le couvrir mais il manqua l’occasion de partir vers l’en-but. Deux pénalités (block dans le dos inutile d’Adams (WR) et « holding » de Turner (LT)) ralentissaient GB. Mais sur une formation à 5 WR, Rodgers trouvait une nouvelle fois sa cible pour un TD de 13 yards. Sa cible, c’était Dominik Dafney, un TE rookie non drafté (Indiana State) intégré aux 53 depuis 5 matchs et la blessure de John Lovett (FB) qui succédait dans le même rôle au TE rookie Deguara. Décidément, il faut piocher du TE non drafté à Indiana State d’où est également issu Tonyan. (10-21)

Il restait 4 mn en première mi-temps, assez pour que Chicago ne change pas sa ligne de route mais ce fut tortueux. Trubisky convertissait une 4ème et 1 en QB sneak. Un fumble récupéré Amos (SS) était annulé pour une entrée de Preston Smith (OLB) dans la zone neutre. Et enfin, Trubisky voulut jouer avec sa kryptonite : la passe en zone rouge. Ainsi, il balança une roquette directement dans les bras de King (CB) dans l’en-but ! King fut tellement surpris, et un peu masqué aussi, qu’il laissa passer entre ses bras une passe parfaite s’il avait eu un maillot bleu marine. L’interception manquée permettait le FG des Bears avant la mi-temps. (13-21 à la mi-temps)

AVANT DE CRAQUER

Une seule possession d’écart mais balle aux Packers pour démarrer la seconde mi-temps. Et on crut assister de suite à un tournant du match. Cette action, c’était… une réception manquée. Mais pas n’importe laquelle : une bombe de 50 yards que Valdes-Scantling (WR) n’avait plus qu’à récolter pour le TD. Il était plus difficile de manquer la réception tant la passe et le timing parfait mais Valdes-Scantling réussissait l’exploit de laisser passer la balle entre ses bras. Cela aurait alors donné un 28-13 confortable pour les Packers. Au lieu de cela, les Bears effectuaient ensuite leur sack du match : le LG Jenkins était repoussé par le DT Hicks permettant à Mack (OLB) de s’engouffrer derrière. J.K. Scott (P) dût sortir ses quilles pour le punt.

Chicago reprenait le cuir en continuant son plan de jeu. La défense soufflait le chaud (plaquages de Kirksey, Sullivan et Barnes) et le froid (blitz en retard de Savage (FS), plaquage manqué de King). Et même le très froid : sur une « play action » (feinte de course pour la passe), Trubisky (QB) balançait l’improbable passe profonde. La surprise fut totale pour la défense de GB, surtout pour King (CB) cherchant à marquer un WR fantôme sur le côté droit pendant que son vrai WR Mooney partait vers le « deep middle ». Réception acrobatique de 53 yards qui aurait pu se transformer en TD si Savage n’était pas revenu à toute vitesse. Cependant, CHI buta et ne tenta pas cette fois la 4ème tentative, le FG étant vraiment simple à convertir. (16-21)

On craignait que le cours du match change quand la possession fut redonnée à Chicago après un « 3 and out ». Cela aurait même pu être pire, Rodgers, un court instant en mode Tampa Bay, aurait pu se faire intercepter par deux fois coup sur coup si Vildor (FS) ou Mingo (LB) avaient été plus adroits de leurs mains.

Le destin avait-il changé de camp ? On put le penser quand Robinson (WR) fit sa première réception du match (14 yards) parce que marqué par King (CB). Et surtout quand sur 4ème et 1 convertie encore en « QB sneak », le RG Bears avait clairement fait un faux-départ, mais non signalé. Après 8 mn de drive, Chicago mettait son orgueil (et peut-être un peu autre chose aussi) sur la table en tentant à 25 yards de l’en-but une 4ème et 1… à la passe ! Mais Trubisky en « roll-out » vers la droite ne put trouver Robinson (WR) parfaitement marqué par Sullivan (CB). Sullivan put même attraper l’interception mais il ne l’assura pas. L’essentiel était acquis : un « turnover on downs  » des Bears à 11 mn 30 de la fin.

Sans chichis, GB portait l’estocade : passes courtes pour Adams, Aaron Jones à la course et à la passe (dont une résussie grâce à un bon block de Dafney (TE)). Aaron Jones marqua aisément le TD sur la course de 4 yards après 7 mn 30 de drive. 16-28 à 4 mn de la fin du match. La messe était dite.

Pour bien que Chicago boive le calice jusqu’à la lie, Amos (SS) interceptait Trubisky, comme si la boucle était bouclée, Amos ayant intercepté Trubisky à la fin du match de la semaine 1 de la saison 2019. Jamaal Williams (RB) se prenait pour Aaron Jones quand, après avoir buté comme il le fait souvent dans le mur des lignes, il rebondissait cette fois pour s’écarter et gagner 14 yards. Le dernier TD était écrit : passe « slant » de Rodgers pour Adams. (16-35). 48ème TD de Rodgers, 18ème TD d’Adams : deux marques qui sont les nouveaux records de la franchise.

Chicago voulut atténuer la douleur sur son dernier drive. Cela a permis de voir la différence de niveau entre notre CB 2 King et notre CB 1 Alexander. Le premier se faisait battre proprement par Robinson (WR) sur une réception de 23 yards… en 4ème et 6 ! Le second évita le 2ème TD du match pour Chicago en plaquant sur les 1 yard de GB et en repoussant Jimmy Graham (TE) à qui Alexander rend 20 cm et 30 kg ! J’adore cette rage du n°23. Amos avait aussi montré sa volonté l’action d’avant en ne voulant pas concéder le TD facile de Trubisky à la course, stoppé à 4 yards de l’en-but.

Interception d’Amos (n°31) pour définitivement clouer l’adversaire

UNE ATTAQUE HISTORIQUE

En cette dernière journée de la saison régulière 2020, les Packers ont rempli leur contrat : gagner pour s’assurer le rang de n°1 NFC, plus que jamais convoité puisque seul rang à être dispensé du tour des wild-cards dans ces play-offs à 7 par conférence. La victoire était en effet indispensable compte tenu des victoires des Seahawks et des Saints.

Si le match fut plus serré que le score ne le laisse penser, l’écart de niveau entre les deux équipes était visible et en premier lieu, au poste le plus stratégique de QB où celui des Bears, Mitch Trubisky,  n’a pas l’once de la carrure de son homologue vert et jaune Aaron Rodgers. Le playcalling offensif des Bears fut judicieux en s’appuyant sur leurs forces et en utilisant au maximum le chronomètre (10 mn de plus pour CHI) pour laisser un minimum de drives à Aaron Rodgers pour marquer des points. De plus, en essayant de masquer au mieux le niveau de leur QB, Chicago est resté dans le match le maximum possible. Mais c’est comme s’ils avaient essayé de retarder l’inéluctable, symbolisé par l’échec de leur cinquième 4ème tentative, après quatre 4ème tentatives réussies. Au final, dans ce match, Trubisky a été à 2 sur7 et 1 interception sur des passes tentées de + de 10 yards…

En l’absence de Bakhtiari (LT), Rodgers a moins joué dans un fauteuil qu’à l’accoutumée et il dut faire quelques rares fois du « vintage » Rodgers en s’échappant de sa poche. Mais dans l’ensemble, face à Hicks (DT) et Mack (OLB), l’OL a tenu et est prête pour les joutes des play-offs avec une paire de Tackles « no names » (Turner en LT et Wagner en RT) qui ne fait pas de bruit (et c’est tant mieux, le bruit serait forcément négatif car sack). Et si elle tient, eh bien Rodgers, Adams, Aaron Jones et consorts feront le reste.

Ce sera alors à la défense de prendre le manche. Contre Chicago, elle a relevé le gant. Mais c’était Chicago qui est genre 24-25ème attaque NFL. Elle a plié (cinq 4ème tentatives Bears réussies) mais pas rompu. Les Bears ont avancé mais ils se sont heurté à un mur en zone rouge. Finalement, le match de Montgomery, le RB adverse, aura été correct sans plus, avec une moyenne de 3.1 yards par porté pour 69 yards seulement.

Clairement, la défense monte en régime en cette fin de saison avec un Christian Kirksey (ILB) comme plus bel exemple. Les joueurs sont en pleine émulation et des ajustements tactiques ont permis de maximiser les forces en présence. De plus, l’apport de Damon Harrison (DT), 12 mises en jeu dimanche, a déjà montré son efficacité au centre de la DL. Le gros point noir dans la quête du Super Bowl reste la couverture aérienne sur le côté couvert par Kevin King (CB), clairement l’angle d’attaque d’une équipe adversaire de GB.

Place à une autre compétition qui sera d’un tout autre niveau que ce match contre les Bears : les play-offs, avec chaque match comme un couperet. Cette saison 2020 restera dans les mémoires, d’abord parce qu’elle restera la saison Covid (la seule on l’espère) avec des stades vides ou quasiment. Et on peut penser que cela a grandement avantagé les Packers dirigés par le stratège Rodgers qui a pu communiquer toute son analyse « pré-snap » à son attaque.

Cette attaque de GB justement qui a battu des records. Aaron Rodgers devient le QB des Packers avec le + de TD (48) et le meilleur % de passes complétées (70,7%). Son nombre de TD devient la 5ème marque de l’histoire NFL et son évaluation statistique (rating) 2020 est la 2ème de l’histoire de la NFL, la 1ère étant celle.. d’Aaron Rodgers en 2011 !

Quant à Davante Adams, avec 18 touchdowns, il arrive sur le podium de l’histoire de la NFL pour le nombre de TD dans une saison, égalant Mark Clayton (18) avec les Miami Dolphins de Dan Marino (QB) en 1984 et Sterling Sharpe (18) avec les Green Bay Packers de Brett Favre (QB) en 1994. Le tout en 13 matchs et demi, Adams ayant manqué 10 quart-temps pour cause de blessure.Il devient en plus le meilleur receveur dans une saison Packers pour le nombre de réceptions : 115 yards !

Et une pensée aussi pour Robert Tonyan, le TE que seuls les cheeseheads connaissaient et qui est le TE avec le + de TD en 2020 (11), à égalité avec la méga-star des Kansas City Chiefs Travis Kelce. Tonyan égale le record de franchise de Paul Coffman en 1983.

Dans la deuxième année du head coach Matt LaFleur, GB est l’attaque la plus prolifique en points de la NFL : 31,8 pts par match. L’attaque des Packers est également la plus prolifique en touchdowns avec 64 TD ! 48 TD à la passe et 16 TD à la course ; 2ème : les Titans avec 59 TD ; 3ème : Saints et Buccaneers avec 58 TD. Avec un bilan cumulé en deux saisons régulières de 26-6, il va falloir se lever tôt pour le voir quitter les rives de la baie verte, d’autant plus que les Packers n’ont pas vraiment la bougeote en matière de changement d’entraîneur. Et ce serait encore plus vrai avec un Super Bowl à la clé. 😉

 

LES STATS

Chicago :

  • Mitch Trubisky (QB) : 33/42 à la passe, 252 yards, 1 INT
  • David Montgomery (RB) : 22 courses, 69 yards, 3.1 yards par porté, 1 TD
  • Darnell Mooney (WR) : 11 réceptions, 93 yards
  • Khalil Mack (OLB) : 3 plaquages, 1 plaquages assisté, 1 plaquage pour perte, 1 sack
  • Efficacité en 3ème tentative : 40 % (6 sur 15)
  • Efficacité en 4ème tentative : 83 % (5 sur 6)
  • 1 pénalités pour 16 yards concédés
  • 35 mn 30 de possession de balle

Green Bay :

  • Aaron Rodgers (QB) : 19/24 à la passe, 240 yards, 4 TD
  • Aaron Jones (RB) : 11 courses, 42 yards, 3.8 yards par porté, 1 TD
  • Davante Adams (WR) : 6 réceptions, 46 yards, 1 TD
  • Marques Valdes-Scantling (WR) : 2 réceptions, 87 yards, 1 TD
  • Adrian Amos (SS) : 6 plaquages, 3 plaquages assistés, 1 INT
  • Jaire Alexander (CB) : 2 plaquages, 1 plaquages assisté, 1 passe déviée, 1 fumble forcé
  • Christian Kirksey (ILB) : 4 plaquages, 2 plaquages assistés, 1 plaquage pour perte, 1 sack
  • Efficacité en 3ème tentative : 57 % (4 sur 7)
  • 4 pénalités pour 30 yards concédés
  • 24 mn 30 de possession de balle

 

L’ACTION DU MATCH

  • à 11 mn 30 de la fin, score de 16-21, après 4 réussites en 4ème tentative dans le match, Chicago manque la 5ème et concède un « turnover on downs » à 25 yards de l’en-but Packers

LE DÉTAIL QUI TUE

  • Aaron Rodgers est le 1er QB dans l’histoire de la NFL à sortir une saison avec  + de 40 TD à la passe et moins de ou égal 5 interceptions dans une saison
  • En matchs de semaine 17, les Packers sont à 6 victoires et 0 défaite contre les Bears
HIGHLIGHTS