
L’aventure d’Aaron Rodgers aux New York Jets a débuté de la manière improbable qui soit. Sur le 1er drive des Jets face aux Bills dans ce premier match du lundi soir en 2023, Rodgers a dû sortir du terrain après un sack de Leonard Floyd. Bilan : fin du match… et fin de saison quand l’IRM a confirmé ce que tout le monde craignait : déchirure du tendon d’achille.
UNE LIGNE OFFENSIVE JETS PAS AU NIVEAU
Pour ceux qui croient au karma, cet épisode n’aurait pas pu mieux tomber. Aaron Rodgers, 18 années aux Packers avec qui il ne s’est pas séparé de la manière la plus pacifique qui soit, a vu sa nouvelle aventure sportive dans la « grosse pomme » durer… 1 mn de temps de jeu effectif !
La faute à un sack de Leonard Floyd, l’ancien Bear, qui se joua de Duane Brown, aligné en LT. Et c’est là que la bât pourrait commencer à blesser pour l’organisation des Jets.
En effet, durant l’inter-saison, Brown a dû être opéré de l’épaule gauche pour réparer une déchirure de la coiffe des rotateurs (ensemble de petits tendons et muscles permettant la mobilité de l’épaule) après avoir joué avec toute la saison dernière avec. La convalescence de cette blessure a écarté Brown du camp d’entraînement, le staff l’ayant placé avant le début du camp sur la liste PUP.
Néanmoins, les Jets ont pu faire sortir Brown de la liste PUP le 23 août dernier, mais trop tard pour faire jouer le LT en pré-saison. Dès lors, avec 3 petites semaines d’entraînement pour se familiariser avec Aaron Rodgers, Duane Brown allait être aligné à la place la plus importante de l’OL Jets.
Pour affronter les Buffalo Bills qui ont un front-4 toujours dans les meilleurs depuis quelques années au sein d’une défense classée 4ème NFL en terme de points encaissés en 2022. Donc pas des perdreaux de l’année. Mais on peut tout de même penser que pour les Jets, Duane Brown était la moins mauvaise solution pour protéger le côté aveugle de Rodgers.
La moins mauvaise solution car l’OL des Jets était un point faible connu et reconnu. Ce que n’avait pas manqué de faire remarquer Aaron Rodgers avant la saison. Il n’avait pas commenté la valeur des joueurs directement mais plutôt les jeux offensifs appelés qui ne lui convenaient pas. Et particulièrement ceux qui impliquent des « cut blocks » des linemen : exactement ce qu’a fait Duane Brown face à Leonard Floyd ! Comme si Aaron Rodgers, en grand connaisseur du football américain, avait anticipé le risque qu’il pouvait endurer.
Vidéo de l’action sur ce lien : https://youtu.be/4bVDfY60Q4Y?feature=shared
Ce qui est terrible, c’est que sur les 3 situations de passe jouées par Rodgers, les 3 fois Rodgers joue sous la pression admise par une OL semblant dépassée par seulement un pass-rush à 4.
Sur le premier jeu de passe, Bekton (RT) effectue exactement le même mouvement qu’a effectué Brown sur le sack dévastateur. Cette coïncidence troublante semble plutôt accréditer une technique voulue, celle-là même que Rodgers faisait savoir qu’il n’appréciait pas vraiment. Alors, de la friture sur la ligne avec son coordinateur offensif ?
Normalement non, puisqu’il s’agit de Nathaniel Hackett, son ancien coordinateur offensif aux Packers de 2019 à 2021 et dont il louait les qualités d’un des meilleurs coachs en NFL.
Sur le deuxième jeu de passe, c’est cette fois le RG Vera-Tucker qui est mis sur le reculoir face à Rousseau qui gênait alors le lancer de Rodgers. Et sur le 3ème jeu de passe, c’est donc Duane Brown qui était abusé, pour le pire.
Eh oui, comme je l’avais déjà exprimé dans l’article consacré au départ de Rodgers chez les Jets, l’ancien (et futur éternel) n°12 des Packers a toujours aimé évoluer derrière un mur mouvant lui laissant au maximum le temps de scanner le terrain et de viser sa cible. Par cette vision certes égocentrique, Rodgers a toujours préféré être un romantique du football (des belles actions avant les titres) plutôt qu’un technicien clinique de ce sport comme pouvait l’être Brady (les titres avant les belles actions).
Il fallait donc, comme il lui a toujours fallu, une OL solide qui lui laisse du temps pour que l’artiste s’exprime.
Or, alors que les Jets effectuaient un des plus gros investissements de l’histoire de la franchise afin de mettre fin à une disette de play-offs de 12 saisons, ceux-ci n’ont pas fait de l’OL la priorité absolue de leur inter-saison. Pourtant, ils ont sorti le carnet de chèques pour un ensemble de postes offensifs où le besoin n’était pas criant comme avec Allen Lazard (WR) ou encore récemment avec Dalvin Cook (RB).
Ils ont certes recruté le vétéran Mc Govern au poste de C. Lors de la draft, ils ont aussi ciblé Joe Thipmann en tant que C au 2ème tour et Carter Warren (OT) au 4ème. Thipmann est actuellement le Centre n°2 alors que Warren, ménisque déchiré en 2022 est actuellement sur la liste des blessés. Mais cela parait bien peu comme coffre-fort pour protéger son plus beau lingot.
Les Jets pourront aussi se remémorer cette draft 2023 où les 4 top OL furent pris avant leur choix n°15 (échangé contre le n°13 dans le cadre du trade de Rodgers). Et où le maléfique Bill Bellichick échangea volontiers son pick 14 aux Pittsburgh Steelers pour qu’ils prennent justement un OL (le 4ème de la draft : Broderick Jones).
Quant à Bakhtiari, le LT des Packers et un des meilleurs amis de Rodgers, tout concordait pour qu’il accompagne le QB dans son voyage à New York. Tout, sauf son contrat. En effet, en novembre 2020, GB avait prolongé le n°69 avec le + gros contrat pour un OT à l’époque (4 ans, 92 M$). Oui mais voilà, GB a dû aussi céder aux pressions financières de Rodgers, incitant les Packers à convertir du salaire du Bakh’ en « signing bonus », par 3 fois ces 3 dernières années.
Ainsi, s’il avait été échangé, Bakhtiari aurait laissé un dead cap similaire à ce qu’a laissé Rodgers pour 2023, soit 40 M$ ! 80 M$ de dead cap pour deux joueurs qui ne portent plus le maillot de la franchise, c’est très cher payé pour s’en débarrasser. De plus, il aurait fallu une grosse monnaie d’échange pour faire avaler cette couleuvre à GB, comme un 1er tour de draft sec, ce que n’ont pas donné les Jets pour Rodgers.
Eh oui, car en 2023, il y eut d’abord un échange de 1er tours (13ème contre 15ème choix ; avec un 2ème tour) mais il y avait surtout la promesse pour GB du 1er tour 2024 des Jets. Pour cela, il fallait que Rodgers joue juste 65 % des mises en jeu. Cela n’arrivera donc pas et les Packers vont scruter la saison des Jets, désormais emmenés par celui qui aurait dû être leur franchise QB Zach Wilson (2ème pick général de la draft 2021), pour voir à quel niveau se situera leur 2ème tour.
QUEL AVENIR ?
Depuis la blessure de Rodgers, des voix s’élèvent, dont celle du LT des Packers David Bakhtiari et celle du nouveau directeur exécutif du syndicat des joueurs NFL pour demander officiellement aux franchises de réinvestir dans des pelouses naturelles et d’arrêter de faire évoluer les joueurs NFL sur des surfaces artificielles comme celle du stade des Jets (partagé avec les Giants). Selon eux, les gazons non naturels accentuent le risque de blessure et ils imputent clairement une part de responsabilité de la blessure de Rodgers à ces surfaces.
Cela n’est pas à écarter, et le naturel offrira toujours plus de souplesse pour les appuis. Peut-être que l’aura de Rodgers et cette blessure qui gâche une partie du spectacle NFL en 2023 constitueront l’évènement déclencheur pour ce retour aux sources.
Quant à Rodgers, son orgueil le poussera d’abord à tenter le retour pour la saison 2024 comme il vient le confirmer métaphoriquement dans les médias. Pour cela, il faudrait que son corps suive lors de sa rééducation. Afin que ce 11 septembre 2023 ne sonne pas comme la fin de la carrière d’Aaron Rodgers.
GreenBayPackersFrance
Excellente analyse, sur ses trois tentatives Rodgers courait déjà pour sa vie.
Terrible dénouement quand même !
Ça ne s’était pas très bien passé aux Jets pour mon idole Favre avec un vilain 22TD 22 int, mais là Rodgers, je suis persuadé que ça restera dans l’histoire de la NFL, le genre de souvenirs que les trentenaires qui ont vu ça raconteront dans 50 ans.
1 minute et histoire terminée, 35 millions de salaire envolés pour les Jets, 2 deuxièmes tour évanouis, et retour au niveau zéro avec leur QB Wilson nullissime !
Rogders célibataire sans enfants, personne pour le réconforter, bon courage pour te remettre de ça à 40 ans tout seul dans ton coin, avec un an de rééducation.