Draft 2023 – 3ème jour : Need for need (1/2)

Après le double trade down du second tour, les Packers se trouvaient avec pas moins de 9 choix pour le 3ème jour de la draft 2023. Brian Gutekunst n’y effectuera aucun trade si bien que 9 joueurs de plus ont été sélectionnés par GB.

NOUVEAU CYCLE

Si vous aviez des doutes, la draft ne peut que le confirmer : les Packers entament un nouveau cycle. Fin d’abord de l’ère Aaron Rodgers (2008-2022), le QB laissant une ardoise de 40 M$ de dead cap pour 2023.

En raison de cette ardoise et des multiples « void years » accumulés sur les plus gros contrats de la franchise, le salary cap des Packers est en stress financier pour 2023, d’autant plus que le fait de repousser l’argent le plus loin possible dans le temps a été maximisé, à l’instar des New Orleans Saints et des Philadelphia Eagles.

Ainsi, sur les 225 M$ de salary cap des Packers en 2023, 25 % sont tout simplement perdus en dead cap sur des joueurs ne faisant plus partie de l’effectif.

Vous allez me dire que je ramène encore la chose au salary cap, mais c’est pour moi une raison essentielle pour laquelle Brian Gutekunst a choisi 9 joueurs en jour 3 de la draft pour un total de 13 joueurs, soit le 2ème total pour le + grand nombre de joueurs choisis à la draft 2023, derrière les 15 joueurs des Los Angeles Rams, une autre équipe en reconstruction.

Alors qui sont ces 9 joueurs de jour 3 dont la plus-value peut être immense tant leur coût financier est minime pour des joueurs qui auront le couteau entre les dents pour se faire une place au soleil de la NFL ?

4ÈME TOUR – 116ème choix : Colbin WOODEN (Auburn) – DL/EDGE

Attendu à ce niveau voire plus haut, Wooden a un profil qui interpelle. Joueur de ligne défensive à Auburn (Etat d’Alabama, conférence SEC), son poste au niveau professionnel est plus incertain. De taille 6’4″ et de poids à 274 lbs, Wooden apparaît comme un modèle hybride pour la NFL, d’autant plus qu’il a été aligné à tous les postes sur la DL d’Auburn.

Au niveau universitaire, il excellait plus à l’alignement face au Garde adverse (DE 3-4) mais son physique n’est clairement pas le même que le futur titulaire Devonte Wyatt (6’3″, 304 lbs) ou l’ancien titulaire Dean Lowry (6’6″, 296 lbs). Au final, Wooden se rapproche physiquement de… Lukas Van Ness, le 1er tour de draft 2023.

Plus épais dans son physique que Van Ness (+ musculeux), Wooden a un premier pas très explosif qui le rend intéressant dans le pass-rush où sa force a pu s’exprimer en college football, d’autant plus qu’il maîtrise une bonne palette technique de mouvements. Mais qu’en sera t-il en pro football ?

Est-ce que sa polyvalence fera des merveilles en brouillant les pistes par son alignement versatile, comme un Za’darius Smith ? Ou au contraire, sera t-il pénalisé par son profil mi-figue mi-raisin, pas assez vif en extérieur et pas assez fort en intérieur ? À moins qu’il ne prenne du poids (+ ou – 10 kg de plus) pour être un vrai DE 3-4 (mais sans perdre son explosivité) ?

Wooden a le profil pour être aligné en 2023 sur 3ème tentative, là où les schémas peuvent être les plus originaux et où un jeune joueur comme lui peut faire des actions « flashy » (à la Enagbare en 2022). Sa sélection me laisse aussi penser que si la formation 3-4 reste la base, ce sera encore la formation « nickel » à 2 DL qui devrait être majoritaire, favorisant la présence de profils hybrides autour de Kenny Clark et de Devonte Wyatt.

5ÈME TOUR149ème choix : Sean CLIFFORD (Penn State) – QB

Il apparaissait évident que les Packers drafteraient un QB au 3ème jour de la draft 2023. Rodgers parti, Love en QB 1 ne possédait derrière lui que Danny Etling, resté en équipe d’entraînement toute la saison passée.

Le fait que les Packers l’aient fait à ce moment-là a sûrement été influencé par le fait que 5 QB furent choisis entre le 127ème choix (fin de 4ème tour) et le 140ème choix (début de 5ème tour).

Et il est fort possible que Clifford soit le QB au profil que les Packers recherchaient : pas un successeur de Rodgers. Non, ce rôle est dévolu à Jordan Love qui aura les deux prochaines années pour convaincre de son statut.

Je pense en fait que Clifford coche les cases pour être QB 2 dans le système de Matt LaFleur, un système (de QB gestionnaire) qui ne devrait plus rencontrer d’obstacle à son application par le jugement du QB au moment du snap…

Clifford sort de 4 années titulaires à la mythique fac de Penn State. Avec 4 années au compteur, il est devenu le + grand passeur de l’histoire des « Nittany Lions » en terme de yards à la passe.

Sous son bras, des TE et des WR ont brillé au point d’être sélectionnés au 1er tour de draft (Jahan Dotson (WR) en 2022) ou au 2ème tour (KJ Hamler (WR) en 2020 et Pat Freiermuth (TE) en 2021).

Tout cela étant dit, la plupart des boards ne le voyaient pas si haut et plutôt comme une fin de 3ème jour de draft au mieux. Car Clifford n’a en fait pas les moyens physiques de ses ambitions.

Doté d’une très bonne présence dans la poche et sachant improviser, il serait presque « rodgersien » avant le lancer. C’est en fait une fois cette étape pré-lancer passée que les choses se gâtent. N’ayant pas une lecture optimale dans la profondeur, son bras manque à la fois de force et de précision.

Joueur intelligent, bon camarade et conscient de la chance qu’il a d’avoir été drafté, Clifford a donc tout pour se fondre dans le moule des Packers new look. D’autant qu’avec ses capacités limitées, il appliquera à la lettre les schémas de jeux basés sur les courses et des passes en 1ère intention dans le petit périmètre.

On l’a dit, il sera d’abord un assistant de Love notamment sur le banc pour les fameuses lectures sur les petits PC portables d’une célèbre marque américaine.

En draftant Clifford 3 ans après la draft de Love, Brian Gutekunst se met une fois de plus dans les chaussons de son prédécesseur Ted Thompson qui avait drafté… 3 ans après Rodgers un certain Matt Flynn au 7ème tour de la draft 2008, en prévision de la première année de titularisation du mythique n°12.

Y aura t-il la même complicité durable entre Love et Clifford que celle qu’il y avait entre Rodgers et Flynn ?

5ÈME TOUR – 159ème choix : Dontayvion WICKS (Virginia Tech) – WR

Deuxième receveur et quatrième cible pour Jordan Love en seulement 5 tours de draft !

Après une saison junior 2021 de feu avec les Hokies de Virginia Tech, des blessures, un changement de QB et un changement de coach avec un changement de schéma en 2022 ont diminué le capital draft de Wicks.

Avec des mensurations et des valeurs aux 40 yards du combine et au 10 yard-split similaires, la comparaison immédiate qui vient à l’esprit est celle avec Davante Adams.

Explosif sur la ligne de mise en jeu, il a une très bonne faculté de séparation et atteint très rapidement sa vitesse de pointe. Une fois le ballon capté, il a des capacités de changement de direction au-dessus de la moyenne qui lui permettent de cumuler les yards après réception. De plus, il sait transformer les ballons contestés en réceptions par sa robustesse, ses longs bras et ses grandes mains.

Comme Davante Adams, il ne jouit pas d’une vitesse de pointe élevée, ce qui l’empêche pour le moment d’être une menace longue distance. De plus, bien que sachant capter des ballons contestés, il ne sécurise pas forcément de manière optimale ses ballons et manque parfois de concentration, ce qui occasionne des drops évitables… (remember Dropante Adams)

Mais contrairement à Adams, il n’avait pas au niveau universitaire un futur QB titulaire en NFL, ce qui est une des raisons de sa régression statistique en 2022 et qui a clairement pénalisé sa cote.

Avec son statut de 5ème tour, Wicks fera, sauf catastrophe, l’effectif des 53 et pourrait bien rentrer dans la rotation cette année pour des tracés courts.

6ÈME TOUR – 176ème choix : Karl BROOKS (Bowling Green) – DT

Brooks est forcément un joueur méconnu de ligne défensive, compte tenu de sa provenance de la fac de Bowling Green (Ohio), pensionnaire de la conférence MAC, donc hors des 5 + grosses conférences universitaires.

En conséquence, Brooks n’a pas eu l’adversité la plus élevée et a forcément été sous-côté. Cependant, quand on prospecte un joueur de petite conférence, celui-ci doit dominer ses adversaires. Et c’est que Brooks réussissait.

Polyvalent, il sait à la fois « rusher » et bloquer la course avec une bonne explosivité et de puissants appuis. Cette polyvalence l’a baladé sur l’ensemble de le ligne défensive, à la fois en intérieur et en pass-rusher extérieur.

Il a aussi montré aussi une très grande vision du jeu, ce qui lui permettait d’effectuer des big plays bien après la mise en jeu témoignant aussi d’une bonne endurance.

Bien qu’il utilise allègrement ses mains, il n’a pas encore une grande capacité à se défaire des blocks.

En constante progression durant sa carrière universitaire et polyvalent, il a une place à gagner dans la rotation de la DL sur le poste de remplaçant de Wyatt (DE) dont il partage les mensurations (en concurrence avec Chris Slayton).

Son statut de 6ème tour lui offre un passe pour l’effectif des 53, mais pas forcément du temps de jeu garanti comme on a pu le voir l’année dernière avec Jonathan Ford (DT) resté cantonné aux inactifs du jour du match tout au long de la saison.

6ÈME TOUR – 207ème choix : Anders CARLSON (Auburn) – K

Comme pour le poste de QB, il était fort probable que GB prenne un kicker à la draft. En effet, Mason Crosby (K) a 39 ans, en fin de contrat et au sortir d’une saison mi-figue mi-raisin où sa puissance de frappe n’apparaissait plus aussi flamboyante qu’avant.

Après Jake Moody pris au 3ème tour par les San Francisco 49ers et Chad Ryland pris au 4ème tour par les New England Patriots, les Green Bay Packers choisirent le 3ème kicker de la draft 2023 au 6ème tour.

Clairement, Anders Carlson est un pari et peut-être même un levier de négociation avec Mason Crosby. Officiellement, GB n’a pas encore fermé la porte à un retour de Mason Crosby (par exemple un contrat vétéran non garanti d’1 an qui permettrait une évaluation au camp estival). Mais avec Carlson, les Packers ont déjà au moins la solution de rechange, immédiate ou non.

Un kicker drafté au 6ème tour implique normalement forcément un statut de titulaire pourtant Carlson a tout à prouver en raison d’une blessure au genou gauche, sa jambe qui ne frappe pas le ballon.

Kicker puissant, sa carrière ascendante fut stoppée par une déchirure des ligaments croisés sur un retour de kickoff en 2021. Dès le début de sa carrière universitaire, il avait été sous les projecteurs avec 4 FG de + de 40 yards (dont un de 52 yards) lors d’une victoire d’Auburn sur l’ogre Alabama en 2019. Cet épisode démontrait alors une faculté à déjouer la pression.

Sa saison 2020 fut celle de la haute performance à 91 % de FG réussis. Puis vint 2021 où même avant sa blessure, Carlson traversait une année « down ». L’année 2022 fut celle de la convalescence avec un retour aux terrains muni d’une genouillère pour la jambe d’appui, pas idéal pour un kicker. Ainsi, sur 2021 et 2022, Carlson a tourné à 68 % de FG réussis.

Sa genouillère enlevée en janvier, il a pu retrouver des sensations qui lui ont permis d’effecteur un « pro day » convaincant aux yeux de Rich Bisaccia, coordinateur des équipes spéciales et désormais assistant head coach de Matt LaFleur. Bisaccia a en effet droit de regard sur toute décision impactant les équipes spéciales y compris les choix de draft.

Petit frère du kicker des Las Vegas Raiders Daniel Carlson, Anders Carlson n’était évidemment pas un inconnu pour Bisaccia. Coach de l’aîné aux Raiders, ce dernier a transformé Daniel Carlson.

Drafté au 5ème tour de la draft 2018, Daniel Carlson alors kicker rookie fut résilié par les Minnesota Vikings dès la semaine 2 de sa première saison, les Vikings ayant été traumatisés par ses 3 FG manqués (dont 2 en prolongations)… contre les Packers au Lambeau Field.

Rich Bisaccia le récupéra 1 mois plus tard aux Oakland Raiders où il était coordinateur des équipes spéciales et assistant head coach, pour le modeler et l’amener en 2020 au statut de meilleur scoreur de pts en NFL et à la 2ème équipe All-Pro en 2021. Bisaccia parti aux Packers, Daniel Carlson fut en 2022 le kicker de la 1ère équipe All-Pro.

Un nouveau projet Carlson pour Bisaccia donc. Et on l’espère pour le même succès. Car le poste de kicker est important et GB n’a pas pris l’assurance tous risques avec ce choix de draft.

Compte tenu du nombre important de picks lors de ce 3ème jour, j’ai divisé la présentation des choix du jour 3 en 2 parties. Un prochain article évoquera les 4 choix de GB au 7ème tour de draft 2023.

GreenBayPackersFrance

1 Comment

  1. Guile

    Des bons choix et certains un peu bizarre mais comme d’habitude avec Gute.

    Autant Wooden, Brooks et Wicks viennent compléter des besoins et ajouter des possibilités de rotation donc ça reste cohérent dans de la profondeur dans tes futurs 53 histoire de pouvoir compenser les petites ou grosses blessures inhérentes à toute saison de NFL.

    Autant, j’ai plus de mal avec les choix de Clifford et de Carlson.

    Pour Clifford, je pourrais à la limite comprendre le besoin d’un QB3 (ou 2 si Etling a plutôt vocation d’aller dans la PS) mais gaspiller un choix de draft pour un QB qui ne verra jamais le terrain sauf pour poser le genou je n’en vois pas l’intérêt (parce qu’on est bien d’accord que si Love se pète le genou pour la saison, le FO ira chercher un QB libre plutôt que mettre Clifford sur le terrain). Autant prendre un non-drafté ou un vétéran libre qui a tellement été mauvais (ou blessé) ces dernières années que personne ne le verra en concurrence avec Love (ex. Wentz, Foles ou Bridgewater).
    Bref de mon point de vue, c’est un 5e choix de gâché alors qu’il y avait d’autres besoins à compléter (genre Safety).

    Pour Carlson, c’est un mix entre la même raison que Clifford (tu peux trouver un kicker non-drafté qui répond à ton besoin) et le fait de prendre un joueur effectivement prometteur mais qui s’est pété le genou.
    Alors, oui, ce n’est pas le genou de la jambe qui frappe mais étant bien placé pour le savoir c’est finalement pire que le genou de la jambe qui frappe vu que oui, si tu es droitier, bah tu t’appuies à mort sur ton jambe/genou gauche pour frapper (vu que c’est la seule jambe qui reste en contact avec le sol) et clairement faut passer le cap de la rééducation et de la confiance dans la jambe.
    Donc bon, un gros pari. Et puis la draft de JK Scott n’a pas été aussi clairvoyante que présumé donc… Après, on va pas se plaindre, il n’a pas pris un LS….

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