Miami Dolphins – Green Bay Packers : 20 – 26

Alexander (n°23) pour la première des 3 interceptions Packers (Photo : Evan Siegle)

Les Packers mourront un autre jour (« die another day »^^). En déplacement chez des Dolphins n°7 AFC, les Packers savaient que leur saison était sur la brèche. Après une première mi-temps où GB a fait le dos rond sous les exocets de Tua Tagovailoa (QB), les Packers ont su inverser la tendance en seconde période en n’encaissant aucun point, grâce notamment à 3 interceptions du QB adverse.

OURAGAN FLORIDIEN

À l’heure où les 3/4 des Etats-Unis grelottaient, les Packers se déplaçaient à Miami, elle-même frigorifiée : 8°C, ce qui exceptionnel à ces latitudes tropicales (c’était d’ailleurs le 2ème match le + froid de l’histoire des Dolphins).

On savait que l’attaque aérienne Dolphins était explosive. On la craignait d’autant plus que le QB Tagovailoa était invaincu à domicile cette saison. On avait peur aussi du RB Mostert, sorte de père fouettard de la défense contre la course Packers.

De tout cela, on eut raison de l’appréhender. D’abord de Mostert dont les 2 premières courses rapportaient 32 yards. Mais ses deux suivantes ne rapportant que 6 yards, les Dolphins ne récoltaient qu’un petit FG. (3-0)

Pour vaincre, il fallait de l’exceptionnel. On l’eut de suite : un retour de kickoff de Keisean Nixon de 94 yards ! On crut même au retour parfait en endzone mais les Dolphins firent un bel effort défensif qui fut récompensé par le cafouillage de Rodgers sur la suivante 2ème et goal à 5 yards de la ligne.

Sur un « bootleg », Rodgers se retrouvait avec E. Roberts (LB) face à lui bras tendus et de manière inhabituelle, il ne sut pas se débarrasser du ballon (et encore moins viser un Cobb seul au milieu sur la ligne d’en-but). Sack entrainant une perte de 13 yards.

GB était donc aussi contraint au FG et c’était un mauvais signal de ne pas avoir avoir profité d’une action comme Green Bay n’en avait pas connu depuis… 15 ans ! (3-3)

Et la sanction fut directe dès le premier jeu suivant. Waddle (WR) était couvert par Alexander (CB) qui, jouant la zone et voyant Waddle traverser latéralement le terrain, passait le bébé à Douglas (CB) pris à contre-pied sur la réception de Waddle. Amos (SS) était trop lent et Alexander revenait pour stopper ce gros jeu mais a dû se lancer les yeux fermés puisqu’il fit de manière assez inexplicable un « air plaquage ». Touchdown de 84 yards. (10-3)

Les Dolphins montraient l’importance des équipes spéciales puisque craignant le retour de Nixon, le kicker fit un coup de pied rasant récupéré de suite par GB sur leurs 46 yards. GB arrivait rapidement à portée de TD à coups de courses et passes slant (Lazard et Watson). Non sans mal puisqu’une tentative en endzone était annihilée avec un Watson tenu par son défenseur mais aucune pénalité ne fut sifflée.

Sur la 3ème et 8, Rodgers trouvait Watson seul mais le n°9 perdit son équilibre et ne put rouler jusqu’à l’en-but. Confronté à une 4ème et 1,5, GB tentait le coup avec sa spéciale « Big Dog » : play action et passe lobée pour Marcedes Lewis (TE) seul. (10-10)

Chose improbable dans le contexte ambiant : la défense stoppait MIA, avant tout grâce à snap trop haut qui faisait échapper le ballon des mains de Tagovailoa. Le QB recouvrait le fumble mais le drive était avorté.

Lazard (WR) soufflait le chaud et le froid avec une deep sideline captée de 42 yards (enfin ! parmi les innombrables tentatives de Rodgers en 2022) avant de « dropper » une passe slant. En 4ème et 1 en position de FG de 55 yards, GB tentait la conversion… par une passe bien trop en profondeur pour un Watson libre (WR).

Je crains alors qu’en échouant à passer devant l’adversaire de cette manière, les Packers aient laissé passer leur chance. Craintes confirmées avec une 1ère et 20 convertie par le TE (Gesicki) libre puis par un Tagovailoa audacieux qui eut le temps d’attendre que Tyreek Hill (WR) aille loin dans la profondeur pour un quasi TD (Amos battu, Ford revenu trop tard). C’est finalement le RB Gibson qui marquait le TD de 1 yard. (17-10)

Côté GB, Nijman (RT) s’était blessé à l’épaule et avait laissé sa place à Newman qui dès son premier drive se concentra en 3ème et 2 sur le blitz d’un CB plutôt que sur son DE. Conséquence : 3 and out pour GB… qui surprit alors tout le monde par un fake punt sur leurs propres 20 yards !

Si j’apprécie la prise de risques, l’exécution était d’une pauvreté affligeante. Les meilleures tentatives de fake punt sont des passes du punter ou des courses latérales. GB avait choisi de faire rentrer dans le tas tout droit… son élément le plus frêle : Dailean Leavitt (S), qui évidemment se prit un mur de joueurs en pleine figure.

Le changement de momentum semblait en cours. Malgré un sack de Reed (DE), Miami convertissait pile-poil une 3ème et 14 par leur WR 3. Mais la défense n’abdiquait pas : sack-fumble de Preston Smith (OLB), récupéré par un OL Dolphins mais forçant quand même MIA au FG. (20-10)

Comme si cela ne suffisait, Nixon ressentait une gêne à l’aine et c’était désormais Romeo Doubs (WR) qui assurait les relances avec moins de certitudes et moins de potentiel. De même, Lowry (DE) s’était blessé au mollet et était lui aussi écarté du match. Mais sa sortie permit enfin de voir s’épanouir un Devonte Wyatt (DE), 48 % de mises en jeu, qui fut prometteur dans ce match.

L’attaque de GB ne fit pas mieux qu’un 3 and out, en raison surtout d’un sack de Wilkins (DE) qui avait débordé Runyan (RG), et redonnait le ballon presque à mi-terrain aux Dolphins à 2 mn 40 de la mi-temps. MIA avait les cartes en main pour déjà porter un coup fatal.

TOURNANTS

Sur le premier jeu de ce 6ème drive de MIA, Enagbare (OLB) fit sortir Tagovailoa (QB) de sa « poche » pour trouver en « shuffle pass » son TE pendant qu’Enagbare le plaquait. Sur cette action anodine, on saura après le match que Tagovailoa était soumis au protocole commotion, le QB n’ayant pu retenir sa tête au cours du plaquage, si bien que l’arrière de son crâne heurta le sol. Au vu de la prestation du QB dans le seconde mi-temps à venir, on est en droit de se demander l’impact de cette action sur la suite des évènements.

Sur l’action suivante, par la grâce d’une main baladeuse de Reed (DE), Mostert (RB) perdait le ballon, récupéré par Reed lui-même au 2 mn warning.

Sur déjà une 3ème et 1, A.J. Dillon (RB) fut pris de suite avec les blocks manqués de Tom (LT) et M. Lewis (TE). GB restait agressif avec une 4ème et 1 convertie par une passe pour Watson (WR). Sur cette action, le n°9 se blessait à la hanche et sortait pour de bon du match, privant GB de son facteur X offensif.

GB piétinait sur la série suivante avec un Rodgers frustré de s’être fait priver d’un « free play » par un temps mort du head coach adverse. Ce ne sera qu’un FG pris par GB sur ce fumble à mi-terrain. Bien peu. Comme les 3 pts seulement récupérés du kick return de début de match. De coûteux points laissés en route. (20-13 à la mi-temps)

GB débutait la seconde mi-temps sur de bonnes bases au sol. On apercevait même le RB 3 Patrick Taylor qui prit un rôle primordial dans la remontée Packers. D’abord avec une réception dans le flat pour avancer de 24 yards sur 1ère et 20. Puis, en effectuant une protection majeure sur le blitz lancé d’E. Roberts (LB), qui permit un des lancers de l’année (31 yards) de Rodgers pour Marcedes Lewis (TE) le long de la ligne.

À l’hyper ralenti, la balle n’était pas complètement contrôlée par le n°89 lors de la réception mais difficile de dire si l’évidence était suffisante pour renverser la décision. Le coach adverse Mike Mc Daniels ne contestait pas l’action par un challenge. Arrivé aux 7 yards adverses, A.J. Dillon finissait le boulot en 2 courses. (20-20)

Le match devenait de plus en plus fou. Les Dolphins tentaient la 4ème et 1 sur leurs propres 34 yards, avec réussite (course de 10 yards de Mostert). Puis, ce fut la puissance et la vitesse de Wyatt (DE) qui, par deux fois sur la même série, harcelait Tagovailoa (QB) pour deux passes incomplètes. Les Dolphins étaient forcés au FG de 48 yards… manqué !

On crut que les Packers allaient en profiter pour prendre l’avantage. Mais un holding de Newman (RT) faisait caler GB. Rodgers tentait sur 3ème et 15 la passe profonde en endzone pour Lazard (WR). Mais trop faible, cette passe tombait dans les bras de Kohou (CB) : interception.

INTERCEPTION PARTY

Est-ce que c’était le signe que GB ne prendrait jamais l’avantage ? Non ! Car dès le lancer suivant, Tagovailoa (QB) se perdait en étant obnubilé par un Tyreek Hill (WR), entouré de 5 défenseurs vert et or. De plus, son lancer était trop haut et tombait dans l’escarcelle d’Alexander (CB) remontant le cuir jusqu’aux 14 yards adverses. Dans une année très irrégulière où il n’a pas créé son « île » sur son côté, le n°23 a malgré tout déjà 5 interceptions et se rapproche du leadership de la catégorie (6 INT).

Mais encore une fois, l’attaque de GB butait en redzone, en tentant vainement à la passe. 3 pts seulement engrangés de ce turnover mais GB au moins passait devant pour la 1ère fois du match, à 12 mn de la fin de la rencontre. (20-23)

Les Dolphins n’avançaient plus à la course mais convertissaient à la passe avec les WR Hill et Waddle. Quand alors, sur une 2ème et 13, Tagovailoa (QB) fit la même erreur que sur sa précédente interception en restant fixé sur sa cible, cette fois le RB Mostert. Le vieux briscard Campbell (ILB), plutôt discret jusque-là, l’attendait au coin du bois. Interception.

Et là encore, l’attaque ne sut pas mettre GB à l’abri. Pourtant, elle avait passé la seconde en convertissant les « downs » par Doubs (WR) et la première réception du match de Tonyan (TE). Aaron Jones (RB) courut sur un pitch pour 18 yards. Il s’en fallut même d’un effort gigantesque du pass-rusher Phillips pour toucher le talon d’un A.J. Dillon (RB) qui avait pris à contre-pied l’entière défense et ainsi empêcher le RB de filer au TD. Field goal à 2 mn du terme. (20-26)

Les Dolphins étaient donc dans l’obligation de jouer à la passe avec 2 mn à jouer en n’ayant plus aucun temps mort. Mais Tua tua les espoirs Dolphins dans l’oeuf en lançant l’interception sur Rasul Douglas vers l’extérieur du terrain quand 2 de ses coéquipiers étaient libres en middle zone. Cette fois, le n°29 Packers ne chercha pas la remontée impossible et scella le sort du match.

DE L’ENVIE ET DES ERREURS

Dans leur remontée impossible depuis leur bilan de 4-8 en semaine 12, les Packers ont posé une grosse pierre en base de leur édifice. La première mi-temps laissait craindre le pire. La défense reste toujours sujette à des problèmes de communication dans l’application de la défense de zone, mais celle-ci a tout simplement « shutdown » l’attaque la plus explosive de la NFL en 2ème mi-temps.

Évidemment, ce zéro pointé en 2ème mi-temps est le fruit d’un FG manqué et de 3 interceptions. Mais être en capacité de réaliser ces turnovers, c’est mettre une pression sur le QB adverse qui, pour une conversion aisée, peut être sous la menace d’un de ces turnovers assassins.

Si l’interception n’est pas un modèle de défense durable, elle peut être salvatrice dans un rush final comme cette fin de saison voire des play-offs. Actuellement 4ème NFL au nombre d’interceptions, les Packers peuvent instiller le doute chez les QB adverses et compenser les valises de yards qu’ils encaissent (28ème à la passe et 29ème à la course).

Après tout, la course au dernier Super Bowl gagné par les Packers en 2010 fut marqué par 19 turnovers lors de leurs 6 derniers matchs (les 2 derniers de la saison régulière, les 3 de play-offs et le Super Bowl).

Si les Packers veulent espérer, la défense devra convaincre sur un élément fort, et actuellement, ce sont bien ces turnovers qui maintiennent l’équipe à flot. Cela compense les boulettes de l’attaque avec un Aaron Rodgers (QB) qui n’a jamais autant lancé d’interceptions depuis 12 ans et le manque d’efficacité patent en redzone (24ème NFL) alors que 60 % des jeux appelés à l’intérieur des 10 yards adverses sont des passes.

Sur ce match, si on enlève l’interception de Douglas qui scelle le match, les Packers n’ont rapporté que 12 pts (4 FG) du retour de 94 yards de Nixon et de 3 turnovers.

C’est passé contre ces Dolphins qui se sont noyés en 2ème mi-temps mais nul doute que cette attaque devra être beaucoup plus efficace si elle veut que son destin la conduise plus loin. Les Packers ne pourront réussir la gageure éternelle de gagner en ayant moins de yards offensifs et un taux de conversion de 3ème tentatives + faible que l’adversaire.

De même, le design des jeux devra aussi être optimal pour aller loin. Contre Miami, quelques éléments ont encore interpellé : le design du fake punt, la 4ème et 1 en deep pass surdosée ou encore l’utilisation trop partielle d’Aaron Jones (RB) dont on ne sait si elle a été calculée pour une petite blessure ou non.

Premier test validé mais le vrai test de confirmation arrive avec les rivaux du Minnesota qui viendront se geler en extérieur. L’occasion de marquer un grand coup en cas de victoire absolument nécessaire pour l’espoir des play-offs et aussi de marquer un adversaire que les Packers pourraient alors bien revoir en play-offs.

LES STATS

Miami Dolphins :

  • Tua Tugavailoa (QB) : 16/25 à la passe, 310 yards, 1 TD, 3 INT, 2 fumbles dont 1 perdu
  • Raheem Mostert (RB) : 8 courses, 45 yards, 5.6 yards par porté
  • Jaylen Waddle (WR) : 5 réceptions, 143 yards, 1 TD
  • Elandon Roberts (LB) : 4 plaquages, 3 plaquages assistés, 1 sack, 1 plaquage pour perte, 1 QB hit
  • 376 yards offensifs
  • 8,4 yards par jeu offensif
  • 4 turnovers donnés
  • Efficacité en 3ème tentative : 29 % (2/7)
  • Efficacité en 4ème tentative : 100 % (1/1)
  • Efficacité en redzone : 50 % (1/2)
  • 8 pénalités pour 62 yards concédés
  • 28 mn de possession de balle

GREEN BAY PACKERS :

  • Aaron Rodgers (QB) : 24/38 à la passe, 238 yards, 1 TD, 1 INT
  • A.J. Dillon (RB) : 11 courses, 36 yards, 3.3 yards par porté, 1 TD ; 2 réceptions, 12 yards
  • Allen Lazard (WR) : 5 réceptions, 61 yards
  • Jarran Reed (DE) : 4 plaquages, 2 plaquages assistés, 1 plaquage pour perte, 1 sack, 2 QB hits, 1 fumble provoqué, 1 fumble récupéré
  • Jaire Alexander CB) : 4 plaquages, 1 passe déviée, 1 INT retournée sur 23 yards
  • Keisean Nixon (CB) : 56,5 yards de moyenne sur 2 kicks returns (+ long : 93 yards)
  • 4 turnovers commis (1 fumble, 3 INT)
  • Efficacité en 3ème tentative : 14 % (2/14)
  • Efficacité en 4ème tentative : 60 % (3/5)
  • Efficacité en redzone : 40 % (2/5)
  • 5 pénalités pour 40 yards concédés
  • 32 mn de possession

LE MOMENT DU MATCH

  • À 2 mn de la mi-temps, 20-10, ballon aux Dolphins, Jarran Reed (DE) provoque le fumble sur une course de Mostert et le récupère à mi-terrain ; GB n’en rapportera que 3 pts qui les ramènera néanmoins à une possession d’écart à la mi-temps (20-13) avec ballon en main pour débuter la 2ème mi-temps.

LES DÉTAILS QUI TUENT

  • 15ème victoire consécutive au mois de décembre pour les Packers et Matt LaFleur ; la série en restera là jusqu’à l’année prochaine, le prochain match de semaine 17 contre les Vikings ayant lieu le… 1er janvier.

GreenBayPackersFrance