Week 3 ~ NO – GB : À l’ancienne !

New Orleans Saints – Green Bay Packers : 30 – 37

 Allen Lazard (WR) en verve contre les Saints (Photo: Derick E. Hingle)

Où est la meilleure attaque de la NFL ? Eh bien, à Green Bay si on en juge par le nombre de points avec une 3ème victoire en 3 matchs et une moyenne de 40 points marqués par match ! Et chez les Packers, quand l’attaque va (et donc Aaron Rodgers), tout va. La défense peut se faire marcher dessus à la course ou avoir de la savonnette dans les mains pour plaquer, cela reste suffisant pour écarter une équipe candidate aux play-offs, chez qui elle n’avait plus gagné depuis 1995 !

• Turnovers : 0 (1st)
• « Three & Outs » : 1 (2nd)
• Efficacité au score : 66.7% (1st)
• Efficacité au TD : 43.3% (1st)
• Yards à la course par match : 171.7 (2nd)
• Réceptions profondes : 10 (1st)
• Conversions en 3ème tentatives : 50 % (5th)
• Une OL jugée par la chaîne sportive ESPN comme la meilleure en pass-block et en run-block en évaluant le % de duels gagnés
• Rick Wagner (à nuancer cependant par son unique match contre les Lions) et Elgton Jenkins sont évalués de la même manière comme les pass-blockers n°1 parmi les Tackles offensifs et les Gardes
  
• Allen Lazard est après 3 matchs sur un rythme qui le placerait sur le podium 2019 des WR 

Bref, tout roule au niveau de l’attaque qui a évolué pourtant sans sa star Davante Adams (WR), encore préservé pour sa blessure à l’ischio-jambier et avec encore une nouvelle ligne offensive. Cette fois, elle était composée de Bakhtiari – Jenkins – Linsley – Patrick- Turner ; on observe la confiance accordée à Patrick au poste de RG malgré une prestation pas exceptionnelle contre les Lions et la rentrée de Turner au poste de RT alors que Wagner avait été convaincant la semaine précédente.

LE SAINT LAZARD

Les Packers débutaient offensivement sur leur rythme : tranquille et efficace avec des passes courtes et des courses d’Aaron Jones. Mais un pass-rush du LB adverse Davis (sack), oublié par la protection et mal feinté par Rodgers obligeait (3ème et 22 ensuite) GB à se contenter d’un FG (52 yards réussi). (0-3)

Les Saints avaient été un peu spoliés sur une réception de Harris (WR) jugée (pour moi injustement) trop courte sur 3ème tentative après un plaquage rageur d’Alexander (CB). Mais le karma revenait pour NO avec un fumble sur retour de kickoff (provoqué par l’ILB Burks) mais non perdu.

En défense, GB avait également fait le choix de préserver Clark (DT) et NO rentrait dans la DL comme un couteau chaud dans du beurre mou (George Eddy, si tu me lis ^^). Et quand Latavius Murray (RB) ne perçait pas le centre de la ligne (Lancaster moyen, Lowry faible), Alvin Kamara bénéficiait d’un bon block d’un TE sur Redmond (ILB/S) et cassait les reins d’Amos ; heureusement qu’Alexander rappliquait  en couverture pour arrêter cette course à 49 yards. Et deux jeux après, c’était Barnes (ILB) qui devait marquer Kamara, mais, trop loin, il laissait le n°41 marquait le TD devant un Amos trop tardif au soutien. (7-3). Le danger Kamara était pourtant évident avant le match, et pourtant ce sera un festival du n°41 des Saints qui battra son record de yards totaux (197 yards à la course et à la réception) dans un match.

On pensait que les Packers allaient répliquer, d’autant que Rodgers sortait une course de 13 yards pour convertir une 3ème et 12. Mais sur la 3ème tentative, Aaron Jones était bien couvert lui (contrairement à Kamara) et le n°12 lançait en touche. FG de 33 yards. (7-6)

Déjà le 2ème quart, les Saints pouvaient prendre le large mais Alexander (CB), un des seuls défenseurs Packers à tenir son rang, anticipait sur une passe pour Kamara (- 2 yards) avant que Keke commence à se révéler avec un sack (et un fumble, encore récupéré par NO).

Sur le 3ème drive Packers, Rodgers décochait, après un « roll out » sur la gauche un arc-en-ciel que Lazard (WR) récupérait, à la limite du déséquilibre 42 yards plus loin pour une réception de 48 yards à quelques yards du TD. La réception du match. Et pour bien faire, c’est Lazard qui marquait, aisément démarquer le TD d’une réception de 5 yards. (7-13)

Rodgers tout en maîtrise pour lancer sa bombe pour Lazard

Les Saints étaient confrontés à une 3ème et 15 dès le début de leur 4ème drive. Mais sur cette action, Brees donnait une petite passe latérale de 1 yard… que Kamara convertissait en réception de 21 yards grâce à un plaquage manqué de Redmond, auteur d’un match cataclysmique. Après avoir enfoncé GB sur plusieurs courses, Amos reconnaissait en Taysom Hill la cible de la 3ème tentative et 3, forçant NO à un FG. (10-13) Si Taysom Hill a bien été identifié par GB lors de ses mises en jeu, Kamara ne le fut pas, malgré l’évidence d’autre menace due à l’absence de Michael Thomas (WR) côté NO.

GB n’en profitait pas, Rodgers cherchant à impliquer Valdes-Scantling (WR) par deux fois, mais le n°83 n’est pas encore parfait dans ses tracés.

Il restait 2 mn 40 en première mi-temps et NO avançait facilement par petites passes. Il y eut bien un 2ème sack de Keke (DT) mais on observa de très faibles pressions des Smiths Bros, terriblement orphelins de Clark. Les cibles étaient cette fois plus diversifiées pour Brees , avec un TD de 10 yards de Sanders (WR) à 6 secondes de la mi-temps, mais c’est bien encore avec Kamara (RB) que NO avançait (5 réceptions, 34 yards sur ce drive pour lui). (17-13).

En route, GB avait perdu Kirksey (ILB) pour une blessure à l’épaule. Le n°58 sorti du match, Greene (ILB/S), Burks (ILB) et Summers (ILB) reprenaient le flambeau avec prime au dernier nommé. Kirksey sera absent pour au moins deux semaines, perpétuant sa réputation de blessé chronique. (17-13 à la mi-temps)

On eut peur que cette fin de 1ère mi-temps assomma GB. Heureusement, il n’en fut rien. Grâce au plus spectaculaire QB du match. Rodgers envoyait ainsi sur une 3ème et 10 une bombe de 43 yards que Lazard améliorait pour une réception de 72 yards, échouant à 3 petits yards de l’en-but. Lazard venait d’effectuer sa 2ème réception du match de + de 45 yards… ses deux seules en carrière sur une telle distance ! On croyait le TD à suivre comme une formalité mais il fallut une 4ème tentative à 1 yard pour voir le TD d’Aaron Jones qui suivait le block de Marcedes Lewis (TE) sur le dangereux Cameron Jordan (DE). (17-20)

GB LAISSE KAMARA FAIRE

Brees variait quand même un peu les plaisirs au niveau de ses receveurs, mais c’est bien Kamara qui était encore la pierre angulaire de leur attaque. Mais enfin, GB l’attendait au coin du bois sur 3ème tentative avec un Summers (ILB) qui le poursuivait bien. forçant NO à un FG de 35 yards. (20-20)

Rodgers variait lui aussi les plaisirs avec Valdes-Scantling (WR) et Tonyan (TE) alors que les courses Packers commençaient à être plus tranchantes. Sur une 3ème et 2 à 18 yards de l’en-but, Rodgers trouvait le vétéran Lewis (TE) pour un TD côté pylône gauche. 2ème TD en carrière pour un 1er tour de draft pour Rodgers.^^. Et encore, ce 1er tour est un vétéran en fin de carrière. La chaîne télévisée CBS tentait la polémique avec une potentielle interférence offensive de passe de notre TE. Oui, Lewis a posé la main sur son défenseur, mais les commentateurs y voyaient une poussée que j’estime plutôt imaginaire. (20-27)

Les Saints répondaient du berger à la bergère sur une action tellement symbolique de la défense de GB dimanche soir. Encore une passe latérale de Brees, et Kamara fait le reste. Grâce à Redmond qui voulut punir Kamara avec un plaquage pour perte, sauf qu’il plaqua le vent laissant ensuite un Kamara lancé slalomer entre les défenseurs, aidé par les blocks de ses coéquipiers. Voilà comment une action qui aurait dû se terminer avec une perte de 2-3 yards par un plaquage appliqué, se termina par un TD de 52 yards humiliant la défense Packers et qui sera une des actions de l’année. (27-27)

Après ce coup de massue, on crut le vent tourner quand, confrontés à une 4ème et 1 au milieu du terrain, GB envoyait Aaron Jones comme sur son TD. D’abord accepté, le first down était annulé après challenge adverse et révision vidéo. Ouch ! Les Saints récupéraient le cuir à 13 mn de la fin pour changer le momentum du match.

Mais non ! Là encore, l’action était prévisible puisque Taysom Hill était placé en QB pour NO, 3 fois sur 4 pour courir. Ça ne manquait pas. L’expérimenté Za’darius Smith (OLB), plutôt inefficace jusque-là, sortait le turnover en causant la perte de balle de T. Hill, et récupérant même le ballon ! VIDÉO

Za’darius Smith vient de faire chuter Taysom Hill et le ballon, fumble récupéré par les Packers ! (Photo : Max Becherer)

GB, après un bon début de drive (le TE Sternberger pour une réception de 12 yards), était attendu par la défense de NO qui prévoyait  bien les jeux suivants et obligeait GB à un simple FG. (27-30)

Retour balle en main des Saints alors qu’on rentrait dans la dernière moitié du 4ème quart. Bref, le money time. C’est là que la défense réagissait et se disait qu’il fallait peut-être serrer Kamara. Bingo : 2 réceptions pour 3 yards seulement avec d’abord un Krys Barnes (ILB) présent et un duo Sullivan-King (CB) attentifs. Pettine s’adaptait enfin, Payton manquait d’imagination. Punt des Saints à 6 mn 40 du terme.

Après cette offrande de la défense, l’attaque imposait son style : réception de 23 yards de Sternberger (TE), course de 19 yards d’Aaron Jones et même jeu gratuit provoqué par le terrible « snap count » de Rodgers sur une 3ème et 3. Sur ce jeu, profitant de la pénalité à venir, Rodgers tenta le TD vers Lazard au bras duquel s’accrochait Janoris Jenkins (CB). Coup double de pénalités qui amenait les Packers à 1 yard de l’en-but à 4 mn de la fin.

Puis, c’est à se demander si LaFleur et Rodgers ne commandaient pas des jeux infructueux exprès puisqu’ils échouaient par course et passe pour franchir ce fameux yard. LaFleur commandait même un challenge sur une course d’Aaron Jones échouant à quelques centimètres de l’en-but, au bout des 40 secondes juste avant les 2 mn. Le challenge ne permettait pas d’obtenir le TD, mais le jeu d’après, Rodgers trouvait aisément Tonyan, après avoir mangé 1 mn 45 à 1 yard de l’en-but. (27-37)

10 pts d’écart à 2 mn de la fin, GB entrevoyait clairement la victoire. La défense passait en mode préventif pour autoriser 59 yards en 1 mn 30. Ce n’était pas assez pour NO qui prenait l’option du FG (30-37) avant de tenter un onside kick qui ne fit peur à personne puisqu’il ne franchissait pas les 10 yards obligatoires.

LES PACKERS NE SE RENIENT PAS

Cette victoire est une sorte de consécration de Matt LaFleur au poste d’entraîneur en chef des Packers. Sa créativité offensive, pourtant simple mais perturbante pour l’adversaire, ne trouve pour l’instant pas de réponse adverse. Et elle est mise en oeuvre par un maître : Aaron Rodgers qui montre à priori une adhésion complète au système. Et pourtant, pas de changement d’effectif par rapport à 2019, pas de renfort au poste de WR, et même absence du WR1 sur ce match. Mais quel changement pour l’attaque par rapport à l’année dernière.

À n’en pas douter, il fallait du temps pour que le système LaFleur-Rodgers se mette en place. De plus, pas de changement d’effectif dans cette inter-saison avec une préparation minimale et sans match de pré-saison est clairement un avantage… pour le moment. Il en faudra sûrement plus en décembre et janvier face à des adversaires mieux rodés physiquement et tactiquement en ayant eu le temps de disséquer les matchs de GB. Oui, je dis janvier, car désormais, ne pas participer aux play-offs (avec 7 équipes NFC rappelons-le) serait une immense surprise et déconvenue.

Pour la défense, que de changements aussi par rapport à 2019, quand elle portait les errements de l’attaque. Cette fois, elle est partie sur une base du plus grand nombre de points concédés par match dans l’histoire de la franchise ! Mais gageons que cette saison particulière, comme pour le rendement de l’attaque, y est pour quelque chose. Car GB est 21ème équipe NFL au nombre de points concédés alors même que les Packers sont historiquement mauvais défensivement. Septembre remplace en fait le mois d’août et ainsi de suite… Attendons donc novembre pour y voir plus clair dans cette saison Covid (d’autant plus que les cas de joueurs commencent à tomber chez les Tennessee Titans).

Quoi qu’il en soit, si l’impasse sur un WR à la draft ne se ressent vraiment pas, l’impasse sur un joueur de ligne défensive pour apporter de la profondeur a actuellement plus d’impact avec l’absence de Clark. On voit à quel point la présence du n°97 est vitale pour la défense Packers. Ses remplaçants Lancaster et Lowry sont défaits à l’impact, c’est compréhensible pour un non drafté comme Lancaster, moins pour Lowry au contrat bien assis. Heureusement, le joueur de 2ème année Keke commence à émerger et sera sympa à voir couplé avec Clark.

Les Smiths Bros pâtissent aussi de l’absence de Clark. Preston Smith est transparent, Za’darius Smith se démène mais a moins d’impact et trop souvent double teamé.Cela se vérifie avec un chiffre, le nombre de QB hits (13) plaçant GB seulement en 27ème position NFL, avec 3 fois moins de QB hits que les Pittsburgh Steelers, leaders en la matière !

Derrière Kirksey est déjà blessé. Son absence sera moins préjudiciable que Clark ; à Summers et Burks (ILB), auteurs de rentrées honnêtes, de montrer leurs capacités. Pas à Redmond (ILB/S) dont ce genre de prestation n’est pas la première du genre. Derrière, on le sait, Alexander (CB) tient la baraque. King peut faire de bonnes actions mais peut aussi se faire trouer, une inconstance pas digne d’un top CB qu’il croit être. La déception que je ne voyais pas venir est celle des safeties, Amos (SS) est à l’ouest, Savage (FS) est beaucoup plus remuant et rapide sur l’homme mais sa jeunesse le confronte encore à des erreurs.

Mais pour l’instant, ça tient grâce à quelques actions d’éclat et à l’attaque qui repart rarement bredouille de ses drives. Il suffit de voir la faible activité de J.K. Scott qui a en moyenne 1 punt par match à se mettre sous la dent, bien moins qu’en 2019. Et on a ha^te du retour de Clark, puisque pour construire une maison, on commence d’abord par les fondations.