Week 11 ~ CHI – GB : Un doigt d’or

Karl Brooks (n°94) s’étendra assez pour toucher le ballon tiré par Santos (n°8) – (Photo : Evan Siegle)

Week 11 de la saison 2024 et 11ème victoire consécutive des Packers face aux Chicago Bears. Mais ce fut loin d’être effectué dans la facilité. Il s’en est fallu d’une action extraordinaire des Packers, une qu’ils n’avaient pas effectué depuis 85 ans !

Chicago Bears – Green Bay Packers : 19-20

DE L’OURS MOINS TENDRE QUE PRÉVU

Cette action, c’est un field goal bloqué à la dernière seconde donnant la victoire. Et franchement, c’était vraiment inespéré. FG de 46 yards du kicker régulier des Bears, Cairo Santos : cela devait donner la victoire aux Bears dans 99,9 % des cas.

Je fus plutôt incrédule et je n’explosais pas de joie alors que l’action le requérait. Non, j’étais resté sur la prestation très compliquée des Packers que je pensais facilement dominateurs de ces Bears. Il n’en fut rien.

Il faut croire que les Packers n’étaient pas bien préparés à ces Bears-là. Alors qu’ils avaient 2 semaines pour préparer leur affaire quand les Bears n’en eurent qu’une et qui plus est, avec un changement de coordinateur offensif dans l’intervalle.

En défense, GB n’avait pas anticipé que le QB adverse Caleb Williams pouvait se muer en QB coureur. Le n°18 bleu marine a ainsi produit sa meilleure prestation de la saison à la course : 9 courses, 70 yards. Cette performance était d’autant plus mise en relief que ces courses faisaient souvent mouche en 3ème tentative, réduisant à néant les efforts de la défense.

La défense des Packers n’était d’ailleurs pas assez agressive à mon goût face à un QB en manque de repères et traversant une mauvaise période sportive. Au contraire, elle rushait bien souvent avec seulement 4 éléments tout en ne surveillant pas très bien les mouvements de Caleb Williams qui faisait survivre les Bears grâce à ses courses.

Sans cela, les Bears n’étaient pas vraiment tranchants, le RB1 D’Andre Swift ne trouvant pas l’ouverture. Mais avec le RB2 Roschon Johnson, CHI arrivait à conclure en force à la course juste avant la mi-temps, permettant aux Bears de virer en tête à la pause, et accessoirement de mettre fin à une série de drives sans TD, série terminé au 26ème essai ! (10-7 à la mi-temps)

Pourtant, tout avait bien commencé offensivement pour GB. Avec un plan de jeu stéréotypé run-run-pass, les Packers avançaient avec un Jacobs (RB) égal à lui-même, c’est-à-dire performant derrière une OL qui commence à se trouver au niveau du run block, bien appuyé par le TE Tucker Kraft performant aussi dans ce domaine.

Quant à Jordan Love (QB), il avait clairement récupéré l’ensemble de ses capacités de mouvement, et cela n’avait plus rien à voir. Plus Rodgers que Rodgers lui-même, Love profitait d’une sortie tardive d’un joueur pour se donner un jeu gratuit. Résultat, sans pression, Love décocha une passe laser pour Reed (WR) dans la endzone.

Menant 7-3, les Packers avaient le match en main. Leur 3ème drive durait 7 mn 30. GB courait et passait, soit par le « flat » avec Jacobs (RB), soit en passe plus profonde avec Watson (WR). En 2ème et 1 aux 5 yards, Love faisait le choix de passer (sur une séquence run-pass-option de mon avis). La passe fut incomplète mais GB était pénalisé. 2ème et 6, la course de Reed en latéralité fut complètement reconnue par CHI : – 5 yards.

3ème et 11, Love a du temps, Kraft (TE) est largement démarqué mais le QB vise vraiment trop haut. Kraft ne cherche pas totalement à attraper le ballon tellement il ne peut pas croire que cette ogive satellitaire lui soit destinée. Interception sur la ligne d’en-but. Si la passe est assurée, GB n’est pas loin du 14-3. Et finalement, cette interception sonnera comme un électrochoc pour CHI. À partir de là, les Bears seront remplis de confiance et contesteront jusqu’au bout les Packers pour la victoire.

UN SCÉNARIO QUI SEMBLAIT PRESQUE INÉLUCTABLE

On le voyait dès l’entame de la 2ème mi-temps. Caleb Williams (QB) se libérait avec peut-être sa + belle passe de la saison : une passe lobée entre 3 Packers pour une réception du TE Kmet sur 31 yards. Puis enchainera avec une 4ème et 2 réussie par une passe dans le « flat ». Toutefois, l’euphorie s’arrêtera en redzone. FG. (13-7)

Heureusement, GB avançait avec l’évidence que son salut passait par Jacobs (RB), à la course ou à la passe (« dans le flat »). Son TD sonnait comme une formalité. (13-14)

La pression, déjà pas énorme, du pass-rush Packers se faisant de moins en moins sentir, Caleb Williams (QB) prenait la confiance (run pass option sur 4ème et 1) et les courses cette fois avançaient plus franchement. Au point que ce 2ème drive des Bears en 2ème mi-temps faisait sentir des relents de défense à la Joe Barry : une défense impuissante subissant l’inéluctable TD au bout du drive.

Et en effet, cela arriva avec un beau schéma de course où le LT déblaya le terrain pour que Swift marque le TD après une course de 39 yards où il fit prendre les pieds dans le ciment à McKinney (S) ! Toutefois, le QB Bears était encore rattrapé par son niveau pour la conversion à 2 pts, ratée par une balle trop haute. (19-14)

En deux temps, trois mouvements, GB se retrouvait en situation de goal line grâce à une passe spectaculaire de Love pour Watson (WR), certes doublement couvert mais par des joueurs en déséquilibre et alors que Kraft (TE) était totalement libre en 1ère option.

Avec 4 tentatives à 9 yards de l’en-but, GB prit le parti discutable de deux courses. La 3ème et 5 ne donnant rien, GB tentait la 4ème et 5, ce que je n’approuvais pas. Il restait + de 11 mn de jeu et un FG aurait ramené le score à19-17 dans un match à peu de points. Comme la tentative précédente, Love ne trouvait pas d’ouverture et se résolut à y aller par lui-même. Bel essai, mais infructueux car arrêté à 2 yards de l’en-but.

Malgré des Packers devenus résolument agressifs avec une série de blitz, les Bears avançaient petitement mais sûrement en convertissant leurs 3èmes tentatives. Néanmoins, cette agressivité fut fructueuse et stoppait CHI au milieu du terrain.

4 mn à jouer et les Packers avaient la balle de match. Et quand, malgré une pression en pleine face, Love lança vers Watson et que ce dernier plongeait à l’horizontale pour attraper de ses doigts le ballon si précieux, GB respira, d’autant plus que non touché, Watson se relevait et appuyait sur l’accélérateur. Bilan de l’opération : 60 yards et voilà les Packers déjà en redzone.

Toujours sans solution à la passe, Love retentait sa chance à la course et il réussit presque son entreprise n’échouant à qu’à un demi-yard du potelet orange. Alors que l’action donnait 4 tentatives pour marquer le TD à 1 yard, Matt LaFleur commanda inexplicablement un challenge bien évidemment manqué. Une décision qui sera le symbole d’une prestation ratée pour le head coach malgré une semaine de repos pour préparer le match.

D’ailleurs, la décision suivante de la conversion à 2 pts par une simple course de Jacobs (RB) ne fut pas la plus judicieuse, mis en lumière par n block manqué du LT Walker. Auparavant, Love avait converti le TD de 1 yard par un QB sneak. (19-20)

Oui mais voilà, ce TD arrivait presque trop tôt et les Bears avaient cette fois eux le match en main avec 3 mn à jouer.

On crut que les 2 sacks consécutifs de Slaton (DT) et Gary (DE) allaient clore le match. Mais Chicago était trop sur un nuage pour ne pas avancer malgré une 3ème et 19. Le sack manqué d’Enagbare autorisait une passe de 16 yards. Et sur la 4ème et 3 suivante, Caleb Williams trouvait le rookie Odunze pour 21 yards sur la tête à Nixon (CB).

Et quand ce même C. Williams (QB) trouvait son WR vétéran K. Allen pour 12 yards. Cette fois, cela sonnait comme l’hallali. En effet, CHI n’avait plus qu’un FG de 46 yards pour remporter le match. Mais une phalange en décida autrement.

NETTOYAGE ATTENDU

Rarement une victoire ne m’aura procuré une si faible satisfaction tant ma déception fut grande face à la prestation des Packers contre une équipe qui avait marqué 9 pts de moyenne sur les 3 derniers matchs.

GB est ainsi passé à un doigt d’une humiliation. Le mot peut paraître fort mais GB a contribué à quasiment relancer la saison des Bears qui ont su trouver la recEtte d’une meilleure efficacité offensive avec un Caleb Williams s’oblIgeant à délivrer beaucoup plus vite son ballon que précédemment dans la saison, tout en se découvrant une double menace avec ses courses. Tout cela fut permis par une défense Packers indigente.

Le pass-rush fut absent pendant 58 mn, les 2 sacks de fin de match ne devant pas faire oublier la bouillie de l’ensemble de la rencontre contre une OL qui avait encaissé le 2ème + gros nombre de sacks en NFL (certes imputable à des blessures et à leur QB trop attentiste).

Jeff Hafley n’avait touT simplement pas anticipé que Caleb Williams pouvait être une menace au sol et cela aurait dû coûter le match. Il y eut bien des blitz, même s’ils arrivèrent bien tardivement. Mais de toute façon, ceux-ci sont menés, comme les appels de jeux en défense par l’ILB Quay Walker, dont je ne sais plus quelle qualité lui trouver. Sa reconnaissance tactique des jeux est à se demander s’il a déjà joué au football américain, entraînant des plaquages manqués, des pressions sans effet ou des blitz devenus inutiles. Si GB veut aller loin, il me semble urgent que le n°7 ait moins d’influence dans le jeu défensif vert et or.

Côté CB, en l’absence d’Alexander sorti très vite après avoir débuté le match, la triplette Valentine-Nixon-Stokes ne vaut pas tripette. C’est dans ces moments-là qu’un Rasul Douglas, échangé il y a un an aux Buffalo Bills aurait eu une très grande utilité.

J’espère que la même question ne se posera pas avec le trade de Preston Smith (DE). Alors que je pensais Van Ness apte à être titularisé, Enagbare (DE) lui a été finalement préféré. À raison, et c’est ça le + problématique.

Bien mieux préparés, GB aurait dû mettre la tête dans le sac des Bears qui arrivaient dans ce match comme une des pires unités offensives de la ligue. Le prochain match face aux 49ers sera un très bon indicateur pour savoir si ce constat est une tendance lourde ou non.

L’attaque m’a fait meilleure impression même s’il reste des éléments clés à parfaire. Jordan Love (QB) débarrassé de ses blessures a retrouvé un niveau de 2ème partie de saison 2023. Pourtant bien plus précautionneux, il n’a pas pu évité une interception vraiment moche à un instant-clé du match.

Malgré cela, je pense qu’on doit beaucoup plus faire appel à lui en redzone, afin que les équipes adverses nous attendent moins à la course et que GB joue sur la multiplicité de ses WR/TE. Avant cela, il faudra éviter les bêtes pénalités à cet endroit, ce qui handicape fortement le taux de réussite.

Ces deux gros points à améliorer, les Packers deviennent néanmoins une très bonne machine à courir derrière une OL qui ajoute cette corde à son arc de la bonne protection de passe. Josh Jacobs (RB) est un roc sur lequel GB peut compter invariablement.

La phalange de Karl Brooks (DT) bouleverse complètement la perception du match. D’une défaite que j’aurais qualifié de honteuse, les Packers ont au contraire saccagé le moral des Bears et enquillé une 7ème victoire cette saison, rassurant un peu plus sur leur destin en play-offs. Cette qualification pour la post-saison sera d’autant plus assurée si GB domine dimanche prochain au Lambeau Field les San Francisco 49ers, sa bête noire des années 2020.

Meilleur yardage en carrière pour Watson (WR) ; (Photo : Emma Pravecek)

LES STATS

CHICAGO BEARS :

  • Caleb Williams (QB) : 23/31 à la passe, 231 yards, 95.0 rating ; 9 courses, 70 yards
  • D’Andre Swift (RB) : 14 courses, 71 yards, 5.1 yards par porté, 1 TD
  • Rome Odunze (WR) : 6 réceptions, 65 yards
  • Demarcus Walker (DE) : 1 plaquage, 1 plaquage assisté, 1 sack, 1 plaquage pour perte
  • 0 turnover
  • Efficacité en 3ème tentative : 56 % (9/16)
  • Efficacité en 4ème tentative : 100 % (3/3)
  • Efficacité en redzone : 50 % (1/2)
  • 7 pénalités pour 50 yards concédés
  • 36 mn 30 de possession de balle

GREEN BAY PACKERS :

  • Jordan Love (QB) : 13/17 à la passe, 261 yards, 1 TD, 1 INT, 113.0 rating
  • Josh Jacobs (RB) : 18 courses, 76 yards, 4.2 yards par porté, 1 TD
  • Christian Watson (WR) : 4 réceptions, 150 yards
  • Rashan Gary (OLB) : 3 plaquages, 3 plaquages assistés, 1 plaquage pour perte, 1 sack, 2 QB hits
  • 1 turnover
  • Efficacité en 3ème tentative : 20 % (1/5)
  • Efficacité en 4ème tentative : 0 % (0/1)
  • Efficacité en redzone : 60 % (3/5)
  • 3 pénalités pour 25 yards concédés
  • 23 mn 30 de possession de balle

LE MOMENT DU MATCH

  • Le field goal bloqué bien sûr de Karl Brooks, une action qui vaut au jeune DT d’être élu joueur d’équipes spéciales NFC de la semaine.
  • Auparavant, l’interception de Love casse vraiment la dynamique dominatrice de GB

LES DÉTAILS QUI TUENT

  • 11ème interception de la saison de Love : « n°1 NFL » en la matière…
  • 11ème victoire de suite des Packers face aux Bears : + longue série de victoires de GB dans cette rivalité

GreenBayPackersFrance

1 Comment

  1. DavidBrillac

    La dernière fois que les Packers ont bloqué un field goal pour la victoire lors de la dernière action d’un match, c’était le 26 novembre 1939, lorsque les Packers ont battu les Rams de Cleveland 7-6. L’époque ou la France et toute l’Europe avait arrêté de rire !

    J’aime bien ce genre de statistiques NFL.
    J’étais un peu comme toi à la fin du match, et je me suis auto infligé la frustration de ne pas avoir compris tout de suite que l’on avait gagné, car j’avais baissé la tête de dépit une fois le ballon parti dans les airs en direction de nos poteaux.
    Quelle surprise de voir les Packers envahir la Toundra en courant comme des cabris.

    Victoire à l’arrache, mais victoire tout de même, et pour moi c’est le plus important !
    J’ai grandi avec les équipes nationales française encensées dans le monde entier dans les années 80 pour leur beau jeu à la française, football, rugby, basketball, défaite en demi-finale de coupe du monde 82 et 86, défaite en finale de la première finale de coupe du monde de rugby en 87, et toujours battu à un moment donné.
    La méthode Deschamps qui consiste à gagner avant tout me convient, pour les Packers c’est pareil.
    Si on doit gagner un Super Bowl 2-0 sur safety, je prends aussi.

    Mais si les Packers on galéré jusqu’à la dernière seconde, c’est dû à la défense désastreuse pendant tout le match, en premier lieu à la pire Bande de pass rushers de toute la NFL avec en tête Clark-Gary, 0 sack pour le premier porté disparu cette saison et 3,5 misérable sacks pour le second, le tout rémunéré à hauteur de 200 millions de dollars pour les deux jusqu’en 2027, incroyable !
    Les autres comme Van Ness et compagnie étant encore plus nuls !
    La défense commence par la DL, mais sur ce match les LB n’étaient pas mieux et notre star McKinney à la ramasse pour son plus mauvais match.

    Si cette victoire est importante pour la suite de la saison, celle de dimanche prochain contre les 49ers encore plus (merci Seattle), les Packers auront l’occasion de s’échapper définitivement pour les playoffs et d’enterrer les chercheurs d’or au fond de leur mine !

    Go Pack Go !

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