À partir du 3ème jour de draft, les boards sont de moins en moins consensuels. Néanmoins, il y avait plusieurs noms de joueurs qui avaient « glissé » ou qui étaient dans la zone prévue. Mais il était dit que Gutekunst ferait étonnamment l’impasse sur beaucoup de postes, délaissant à mon sens la logique du meilleur joueur disponible.
SURPRISE, SURPRISE
Les Packers donnèrent donc le ton de leur 3ème journée dès leur premier choix, en continuité avec le dernier choix du jour 2, avec un pick non consensuel puisque non repéré dans l’ensemble des listes des meilleurs joueurs encore disponibles à l’aube de ce 3ème jour. Dans aucune de ces listes, le nom du joueur choisi au 4ème tour par GB n’apparaissait même dans un top 30, et donc grosso modo au 4ème tour.
On sait que les boards des médias ne reflètent pas fidèlement les boards des GM mais il y a tout de même des tendances à retenir. Et quelle surprise de voir GB effectuer un trade-up pour obtenir ce joueur, comme si justement il y avait péril à laisser ce joueur disponible, pourtant inconnu des boards à ce stade.
Ainsi, au pick 111, on pouvait retrouver :
- Les CB Kris Abrams-Draine (Missouri), TJ Tampa (Iowa), Decamerion Richardson (Texas Tech) ou Cam Hart (Notre Dame)
- Les DL Mekhi Wingo (LSU) ou Jordan Jefferson (LSU)
- Les EDGE Austin Booker (Kansas), Mohamed Kamara (Colorado State) ou Xavier Thomas (Clemson)
- Les TE Tanner Mc Lachlan (Arizona) ou Jaden Wiley (TCU)
- Les WR Devontez Walker (North Carolina) ou Malik Washington (Virginia)
Tous ces postes n’ont pas été considérés de la draft. Au contraire, Gutekunst blindera plus tard les postes d’OL alors qu’au pick 111 pouvaient être également pris le local Tanor Bortolini (G/C – Wisconsin), Sedrick Van Pran (C – Georgia), Christian Jones (OT/G – Texas). De même, il remplira tout autant le poste de safety quand au même moment de la draft pouvaient être captés Jaden Hicks (S – Washington State) ou Malik Mustapha (S – Wake Forest).
Choix n°111 – Evan WILLIAMS (S) – Oregon
Les Packers sont donc montés du pick 126 au pick 111 des New York Jets en se délestant de leur premier de leur 6ème tour, le pick 190, celui récupéré avec le pick 168 par le trade down du 2ème tour avec les New Orleans Saints.
C’est donc Evan Williams qui fut l’heureux élu du premier trade-up de la soirée pour GB quand beaucoup d’éléments pouvaient indiquer que le joueur d’Oregon pouvait être disponible 15 choix plus tard. Très clairement, Gutekunst (ainsi qu’Hafley et Bisaccia ?) est tombé sous le charme d’Evan Williams.
Evan Williams a le caractère et le style de jeu d’un SS habitué proche de la ligne de msie en jeu. Agressif, il sait jaillir pour plaquer le coureur ou blitzer. Seulement, s’il a le caractère d’un SS, il a plutôt le physique d’un FS : 1,80 m ; 90 kg. Et pourtant, il a du mal dans le champ ouvert avec de la difficulté à basculer ses hanches et en plus, n’est pas forcément un plaqueur sûr, en cherchant plutôt le jeu flashy avec de l’impact, ce qui peut aboutir à des gros « miss ».
Bref, Evan Williams est pour le moment un joueur situationnel, dédié d’abord à être un « box safety » sur certains packages défensifs, comme s’il avait été une « commande » de Hafley. Il sera sans doute un titulaire de suite dans… les équipes spéciales. Est-ce cela qu’on attend d’un début de 4ème tour après trade-up ? En tout cas, difficile pour le moment d’imaginer en Evan Williams un diamant tombé dans le bush du 4ème tour comme ont pu l’être Josh Sitton (G) en 2008, TJ Lang (G) en 2009, Mike Daniels (DT) en 2012, David Bakhtiari (LT) en 2013 ou Zach Tom (RT) en 2022 ; tiens, que des joueurs de ligne..
Choix n°153 – Jacob MONK (OL) – Duke
Avec ce choix de 4ème tour, on pouvait être surpris. Mais alors, qu’est-ce que cela fut quand le premier choix des Packers au 5ème tour tomba ! D’autant plus que GB effectua son 2ème trade-up de suite, cette fois pour gratter 5 positions du pick 168 (le 5ème tour récupéré du trade down avec les Saints au 2ème tour) au pick 163.
Pour cette montée un peu surpayée (le pick 219 du 6ème tour pour ce trade-up), GB choisissait un joueur classé comme non draftable par la grande majorité des analystes : Jacob Monk (G/C) !
À coup sûr, il a du taper dans l’oeil d’un scout venu voir jouer Duke et sa star le LT Graham Barton, drafté au pick 26 par les Buccaneers. Après 5 années universitaires, Monk est pour le moins expérimenté. Joueur massif, doté d’un bon premier pas, il devra se faire sa place pour intégrer les 53 parmi les actuels 15 joueurs d’OL, ce que peut lui permettre sa polyvalence (Monk a joué C, RG et RT à l’université).
Choix n°169 – Kitan OLADAPO (S) – Oregon State
6 choix plus tard, les Packers utilisaient leur 2ème pick du 5ème tour, un choix compensatoire originel, pour Kitan Oladapo, un safety d’Oregon State, le 3ème de la soirée !
Avec Oladapo, on revivait le choix de Hopper (LB) derrière Cooper (LB). Troisième S choisi par GB, il présente un profil similaire de « box safety » comme Evan Williams pris 58 choix plus tôt. À la différence qu’Oladapo a un physique plus athlétique (1,88 m ; 98 kg) et est un poil plus fluide dans ses retournements. Possible joueur situationnel, il aura lui aussi sa chance en équipes spéciales ; ce qui à ce stade de la draft est moins choquant.
Choix n°202 – Travis GLOVER (OL) – Georgia State
Après avoir cramé deux 6ème tours dans des trade-ups qui semblaient peu utiles, GB gardait son dernier 6ème tour, le pick 202 qui était son pick originel. À ce choix, Gutekunst confirmait qu’il accentuait des tendances lourdes en draftant un 3ème joueur de ligne offensive, lui aussi expérimenté puisqu’ayant effectué 5 années universitaires.
Travis Glover a un profil typé Tackle offensif. Sa force réside dans son gabarit (1,98 m ; 147 kg) qui lui permet d’être bien fixé sur ses appuis. Cependant, le joueur de Georgia State manque de mobilité et de réactivité. Sauf surprise, il finira en équipe d’entraînement.
Choix n°245 – Matt PRATT (QB) – Tulane
Il restait au 7ème tour deux choix pour GB. Cette fois, pas de trade-up et les Packers attendirent patiemment au pick 245 pour prendre un… QB. Il faut dire que Michael Pratt était unanimement vu comme un QB top 10 de cette cuvée, pouvant naviguer entre le jour 2 et le jour 3. Alors, le voir disponible à quelques picks de la fin de la draft fut assez surprenant. Un Brock Purdy en puissance ?
Avec son équipe de Tulane (université de La Nouvelle-Orléans), il a atteint les sommets de… la conférence AAC, une conférence hors des 5 meilleures conférences universitaires. Tulane a malgré tout participé à un « Bowl » (le Military Bowl) où l »équipe louisianaise a été défaite par Virginia Tech, un match que Pratt avait décidé de ne pas jouer, comme bon nombre de joueurs se présentant à la draft suivante.
Pratt brille plus par son mental que par son physique et son toucher. Doté d’une très bonne présence dans la poche et d’une bonne vision, il n’a pas peur des rushers adverses lui permettant de tenter les passes les plus tardives qui soient, pouvant faire profiter les séparations de ses receveurs.
Pour un joueur qui n’a commencé le football qu’au lycée, Pratt a montré une progression constante saison après saison. Sans talent spécifique au niveau de son lancer, il pourrait éclore comme un « QB game manager » en étant bien entouré (Brock Purdy vibes).
Pour son éclosion, arriver à Green Bay derrière un QB établi comme le QB 1, qui a explosé à la face de la NFL l’année passée et qui devrait prochainement signer une très onéreuse extension, c’est idéal pour le développement NFL de Pratt.
En choisissant Pratt au 7ème tour, alors qu’il avait choisi (et même un peu « reaché » au 5ème tour Sean Clifford l’année passée), Brian Gutekunst s’inscrit dans la tradition des GM Packers de drafter des QB, même quand on a un QB1 établi.
Ainsi, alors que Brett Favre était là pour longtemps, le GM Ron Wolf drafta, entre autres, Mark Brunnell au 5ème tour de draft 1993, Matt Hasselbeck au 6ème tour de draft 1998 ou Aaron Brooks au 4ème tour de draft 1999. Ils deviendront tous les 3 des franchises QB, respectivement aux Jaguars, Seahawks et Saints.
De même, alors qu’il prévoyait de mettre Aaron Rodgers en tant que QB 1 en 2008, Ted Thompson n’hésita pas la même année à drafter un QB au 2ème tour (Brian Brohm) et un autre au 7ème tour (Matt Flynn).
Il y aura clairement une féroce compétition en pré-saison entre Clifford et Pratt pour savoir qui glanera le poste de QB2 et offrira le plus de garanties pour pallier à une éventuelle absence de Love.
Et après ? Les Packers garderont-ils 3 QB pour utiliser une place des 53 pour un cirage de banc assuré ? Ou n’en garderont-ils que 2 comme l’année passée, ce qui exposera grandement Clifford ou Pratt aux waivers en septembre, pouvant causer la perte d’un joueur sur lequel GB avait misé un tour de draft récent ?
Choix n°255 – Kalen KING (CB) – Penn State
À deux choix de la fin, difficile de de faire la fine bouche sur le choix effectué. Encore moins quand celui concerne un joueur vu comme un 1er tour en 2023. Oui, vous avez bien lu. King sortait alors d’une incroyable saison à Penn State où il fut statistiquement l’un des meilleurs CB universitaires.
Mais en College Football, chaque saison peut changer en fonction des adversaires et des collègues qu’on a sur le terrain. Or, à Penn State, évoluait aussi l’année passée un certain Joey Porter Jr, pris au 1er choix du 2ème tour de la draft 2023 par les Pittsburgh Steelers.
Sans Porter en 2023, King a été beaucoup plus exposé. Mais moins visé que l’année précédente. Quand il fut visé, il faisait face à des WR de talent comme ce fut le cas face à Ohio State où Marvin Harrison (WR), choisi au pick 4 de cette draft 2024, lui avait fait la misère : 11 réceptions, 162 yards, 1 TD. Évidemment, une telle prestation fait mauvaise presse, même quand c’est face au prospect n°1 du pays.
Vous rajoutez à cela un combine catastrophique (4.61 au 40 yards) et la cote de King a clairement baissé. Il faut dire que King a montré qu’il n’était ni rapide ni en capacité de prendre l’ascendant dès le premier pas.
Il a pour lui qu’il a expérimenté tout le panel du poste de CB : extérieur, slot, zone, press-man. Plutôt instinctif et agressif, il semble mieux adapté à de la couverture de zone, ce qui n’est pas le schéma qui sera appliqué par le coordinateur défensif Jeff Hafley. Du coup, Kalen King apparait comme un pur pick « meilleur joueur disponible » et pourrait être recyclé comme un hybride slot/S.
WAIT, (DEVELOP) AND SEE
La draft 2024 est maintenant derrière nous. Comme d’habitude, le temps jugera l’opportunité de ces choix faits par les Packers et nous verrons où nous en serons avec cette classe 2024 à l’orée de la saison 2026.
À l’image de la draft en général, GB a mis l’accent sur des joueurs de Pac-12 (4 au total dont le 1er tour), une conférence qui a fini 2ème à la draft 2024 en terme de joueurs choisis (derrière l’indéboulonnable SEC), avec notamment le 1st pick Caleb Williams, QB à USC. Belle ironie de l’histoire, cette draft étant la dernière de la Pac-12 qui s’est désintégrée en vol il y a quelques mois (les 10 + grosses facs rejoignant des conférences du « Power-5 »).
Avec 11 choix dont 3 OL, 3 S et 2 LB, la draft des Packers a été clairement orientée sur des positions bien précises, des besoins exprimés par le GM et l’ensemble des coachs.
Je ne suis pas fan de cette stratégie qui me laisse à penser que pour le coup, Gutekunst a quelques noms en tête qu’il projette de drafter à certains niveaux. Et que le déroulement de la draft n’apparait alors que comme une variable d’ajustement, entrainant des trades-ups et des trade downs en vue de capter ces joueurs. De plus, l’empilement de choix au même poste aboutit à un embouteillage au moment de faire l’effectif des 53, et dans le meilleur des cas, au moment de la reconduction des contrats.
C’est comme si l’abondance de picks donne à Gutekunst des envies de ratisser large comme un chercheur d’or qui aura une petite pépite… parmi tous ses petits cailloux récoltés. La stratégie « meilleur joueur disponible » a donc pour moi été délaissée à l’exception du 7ème tour. Elle peut même se discuter sur le pick de Jordan Morgan (LT) au 1er tour où le consensus mettait plus Graham Barton (G) à ce choix.
Nous verrons ce qu’il en advient de cette promotion dans le futur, mais le déroulement de cette draft me laisse un goût d’inachevé malgré 11 choix. Même si, au moins quantitativement, les Packers semblent parés à tous les postes pour 2024.
GO PACK GO !!
GreenBayPackersFrance
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