Green Bay Packers – Detroit Lions : 35 – 17
En gagnant largement leur premier match à domicile de la saison, les Packers s’évitent une crise en vainquant de faibles Detroit Lions, promis à un top 5 à la prochaine draft. Si l’attaque est encore en rodage, la défense fait passer des sueurs froides aux cheeseheads dans l’optique de futures joutes face à des attaques plus ronflantes.
UNE DÉFENSE AUX ABOIS
On n’aura pas eu l’occasion de voir si les Packers allaient, une fois de plus, laisser l’engagement à l’adversaire, les Lions ayant gagné le « toss ». DET prit le ballon et le taureau par les cornes.
Et le premier drive Lions nous montra tout ce qui nous inquiète au niveau de la défense aérienne des Packers. Faiblement pressé (pass-rush faible en l’absence dommageable de Z. Smith), Jared Goff (QB) découpa la défense en visant dès le 2ème jeu… Kevin King (CB) pour 8 yards. Et sur le 3ème jeu, Goff eut du temps et retrouva une opportunité côté gauche avec Cephus (WR) sur une passe de 46 yards lobant… King (CB) qui ne parut jamais aussi lent.
Une réception de T.J. Hockenson plein centre de 9 yards montrait que GB a toujours des soucis contre les bons TE. Mais le TD Lions mettait en lumière les problèmes d’application de la défense de zone, problèmes séculaires. Et qui fut pris en défaut ? KEVIN KING ! Sur l’action, on aurait pu croire à un problème de marquage du rookie Stokes (CB). Mais en fait, c’est bien un problème tactique où King jouait la « zone » alors que Stokes jouait « l’individuelle ». À la réaction d’incompréhension de Stokes (qui revint à toute allure pour tenter de rattraper un Cephus totalement libre), je penchais pour une faute de King, ce que Matt LaFleur confirma hier en conférence de presse. Les joueurs devaient bien jouer « l’individuelle » sur cette action. (7-0)
Alors, je dis stop à King. Je suis pour le « draft and development » mais là, le joueur attaque sa 5ème année et il régresse. Stop ! C’est fini, la lumière ne viendra plus du n°20. Physiquement (lent), techniquement (plaquages mous et même « air plaquage » contre Swift des Lions) et tactiquement (pas capable d’appliquer la tactique établie), King est à la ramasse. En 2 matchs, selon PFF.com, King a permis 5 réceptions pour 133 yards (en n’étant visé que 6 fois!) ; pour Stokes, c’est 1 réception pour 5 yards (en étant visé 5 fois). Fermez le ban : Stokes CB 2.
Heureusement, le staff commence à ouvrir les yeux et King fut rapidement déplacé en position « slot » alors que Stokes prit la place de CB extérieur. King a dû jouer autant de mises en jeu « slot » contre les Lions que dans toute sa carrière. On vit moins la misère de King car moins exposé dans le trafic de joueurs du milieu du terrain. Mais c’est un pansement sur une jambe de bois. Sullivan (CB) ou Jean-Charles (CB) ne pourront pas faire pire. J’espère que cette première mise au « slot » n’est qu’une première étape pour une mise au placard tant il est la cible favorite des QB adverses. Tout en rappelant qu’on vient d’affronter 2 QB hors top 10 NFL et des corps de receveurs anémiés.
Si King était la seule faiblesse de la défense, on serait presque optimiste avec l’émergence de Stokes. Mais malheureusement, la défense contre la course a encore montré qu’elle n’arrivait pas à ralentir cette phase de jeu : 5,7 yards par porté adverse (une moyenne certes rehaussée par une course de 26 yards de Goffen toute fin de match). Clark constamment double teamé, Lowry – Keke transparents et Lancaster enfoncé. Là encore, on attend du changement avec l’apport d’un T.J. Slaton, certes rookie, mais taillé pour le poste de NT, au moins pour les premières tentatives qui sont majoritairement des jeux de course.
Le 3ème drive des Lions, conclu par un TD du TE Hockenson (bien couvert par Campbell sur cette action), se basa sur la force au sol. (7-14 en milieu de 2ème quart-temps)
Ce qui change dans cette défense, et c’est un point négatif de plus, c’est qu’elle ne génère plus autant de pression. La semaine passée, la qualité de l’OL Saints rendait la pilule plus facile à avaler.
Mais cette fois, l’OL Lions est « moyenne + » et vient de perdre son LT sur « injury reserve ». Pour remplir ce poste de LT, les Lions faisait glisser leur rookie Sewell, plus jeune joueur NFL à tout juste 20 ans (le mec est né en 2001, #coupdevieuxdeslecteurs).
Sewell n’a accordé aucun sack et maîtrisé Preston Smith (OLB), majoritairement opposé à lui. La solution venait de la droite avec Gary, mais surtout parce qu’il était aligné contre un faible RT (un DE reconverti), Matt Nelson. Les Packers ont généré plus de pression en fin de match mais parce que les Lions couraient après le score et étaient bien obligés de ne jouer qu’à la passe, les rendant unidimensionnels.
Là aussi, dans ce secteur de jeu, des ajustements ont été effectué avec Jonathan Garvin (OLB) et Chauncey Rivers (OLB) qui ont vu beaucoup plus de mises en jeu, spécialement en 2ème tentative, afin que Preston Smith et Gary gardent du jus pour une 3ème tentative. Là encore, si on peut louer la volonté de faire évoluer les choses, les niveaux de Garvin et C. Rivers ne permettent pas dire que cette solution est idéale. Non, il faudra faire avec et tenter de cautériser les plaies jusqu’au retour de Za’Darius Smith, un retour pour l’instant hypothétique.
UNE ATTAQUE EN RODAGE
Un CB catastrophique, une défense contre la course mauvaise, un pass-rush faible : mais comment les Packers ont-il pu gagner ce match ? D’abord, parce qu’en attaque, les Packers ont à la fois retrouvé une identité lafleurienne et une identité rodgersienne.
Identité lafleurienne d’abord en ayant un jeu de course efficient. Cela a été possible par une vraie volonté de jeu au sol. Ainsi, en 1ère mi-temps, les Packers avaient couru autant (15 courses) que durant tout le match contre les Saints la semaine précédente.
Et ce fut Aaron Jones qui fut à la noce : 17 courses pour 67 yards et 1 TD. Et principalement en 1ère mi-temps : 49 yards à la course (73 % de son total). Rien de fantastique (3.9 yards par porté), mais les Lions devaient du coup respecter ce jeu de course, ce que les Saints n’eurent pas à faire.
Mais si Aaron Jones a été prolongé pour un nouveau contrat de 4 ans aux Packers, c’est parce qu’il a la complémentarité course/passe. Et il le démontra en étant le marqueur des deux premiers TD Packers, les seuls 14 pts de GB à la mi-temps. D’abord avec une petite passe avant sur une course latérale derrière la ligne offensive.
Puis par une passe millimétrée sur un Aaron Jones courant le poteau orange d’en-but.
À 14-14, ce sont les Lions qui terminaient la 1ère mi-temps, avec un peu moins de 2 mn à jouer. Les errements de l’équipe spéciale sur le retour de kickoff et ceux de la défense permirent aux Lions d’enquiller un field goal, juste après avoir manqué une réception spectaculaire et improbable à une main retournée. Kevin King, encore le défenseur visé, eut la chance de voir son casque toucher le bras du WR. (14-17 à la mi-temps).
Les Packers retrouvaient aussi une identité rodgersienne. Si le n°12 est encore en mode préchauffage après une intersaison à présenter Jeopardy, boire des cocktails et jouer du yukulele, il a montré son talent en quelques magiques instants. D’abord un missile longue portée et chirurgical de 50 yards pour Davante Adams le long de la ligne de touche droite, le tout sur 3ème et 12.
Puis avec un TD laser de 22 yards au milieu du terrain pour Robert Tonyan (TE). (21-17)
Dès le début de cette seconde mi-temps, les Packers renversaient donc la tendance, en même temps que la pluie s’invitait pour toute la fin de match. Et cette pluie n’arrangeait les petites mains de Jared Goff (QB).
C’est d’abord une ambition mal placée qui empêchait les Lions de recoller. DET tentait en effet une 4ème et 1 à la passe sur la ligne des 25 yards de GB. Tentative manquée… avec une pression de Stokes sur le WR Cyphus !
Les Packers ne se faisaient pas prier avec un drive ponctué d’un 3ème TD d’Aaron Jones (son 2ème à la réception). Cependant, outre une pénalité provoquée par un « hurry-up » de Rodgers (12 joueurs adverses sur le terrain), les Packers furent bien aidés par des pénalités plutôt sévères (holdings, interférences défensives). (28-17)
Dès le premier jeu du drive Lions suivant, le sort était scellé par un fumble de Goff laissant échapper le ballon humide, fumble recouvert par Barnes (ILB). Déjà sur les 23 yards Lions, GB bénéficiait encore d’une pénalité complaisante sur 3ème et 5. Aaron Jones remplit la formalité du TD de 1 yard à la course. Aaron Jones en perdit son collier, un collier doté d’une pierre creuse renfermant les cendres de son père récemment défunt. Si porter un tel bijou n’est pas forcément prudent, tout est bien qui finit bien pour le n°33 qui a retrouvé son bijou… grâce à un assistant entraîneur qui scruta le terrain à 2 h du matin, heure locale. (35-17)
Contraints de jouer à la passe, les Lions voyaient Goff commettre un nouveau fumble, certes recouvert par ses soins mais obligeant DET à punter à 8 mn de la fin du match.
Il était alors temps de mettre A.J. Dillon en coureur pour gagner du temps. Mais après avoir tenté une passe latérale de 0,5 yard à Equanimeous St-Brown activé juste avant le match, Rodgers encaissait un sack sur un blitz Lions. Mais Goff était déréglé et envoyait une interception dans les bras de Campbell (ILB).
Cela n’empêchera pas Rodgers de tenter son pêché mignon sur 3ème et 2 à 3 mn de la fin : une passe profonde pour Valdes-Scantling (WR) surdosée, comme toutes celles qu’il a tenté pour le n°83. Vous rajoutez des passes derrière Davante Adams, et ceux qui ont vu le match que Rodgers est en mode « pré-saison », tout du moins du temps où il la jouait. Comme Rodgers, la ligne offensive doit trouver ses marques, les pressions/sacks subis étant avant tout dus à un manque de communication résultant d’un manque de snaps officiels en match.
Les Lions, dont l’avenir 2021 s’annonce sombre, étaient l’adversaire idéal pour que les Packers se remettent dans le droit chemin après la claque de la première semaine. Cette victoire évite une crise, permet d’aller en Californie avec moins de pression pour aller défier les 49ers et honore Ted Thompson, l’ancien manager général des Packers de 2005 et 2017 qui a vu son nom inscrit à la mi-temps sur les façades du Lambeau Field aux côtés des joueurs aux numéros retirés Bart Starr, Jim Taylor, Brett Favre, Reggie White et consorts.
LES STATS
Green Bay :
- Aaron Rodgers (QB) : 22/27 à la passe, 255 yards, 4 TD
- Aaron Jones (RB) : 17 courses, 67 yards, 3.9 yards par porté, 1 TD ; 6 réceptions, 48 yards, 3 TD
- Davante Adams (WR) : 8 réceptions, 121 yards
- De’vondre Campbell (ILB) : 10 plaquages, 3 plaquages assistés, 1 INT, 1 passe déviée
- Corey Bojorquez : 3 punts, 46.7 yards de moyenne
- 3 sacks encaissés
- Efficacité en 3ème tentative : 55 % (5/9)
- 33 mn de possession de balle
- 2 turnovers effectués : 1 interception, 1 fumble
Detroit Lions :
- Jared Goff (QB) : 26/36 à la passe, 246 yards, 2 TD, 1 fumble perdu, 1 INT ; 4 courses, 46 yards
- DeAndre Swift (RB) : 8 courses, 37 yards, 4.6 yards par porté ; 4 réceptions, 41 yards
- T.J. Hockenson (TE) : 8 réceptions, 66 yards, 1 TD
- Nick Williams (DT) : 4 plaquages, 1 plaquage assisté, 1 plaquage pour perte, 0.5 sack
- Efficacité en 3ème tentative : 44 % (4/9)
- Efficacité en 4ème tentative : 0 % (0/2)
- 0 turnover effectué
- 9 pénalités pour 78 yards encaissés
- 27 mn de possession de balle
LES ACTIONS DU MATCH
- Sur le 1er drive de la 2ème mi-temps, la « deep ball » millimétrée de 50 yards de Rodgers pour Adams, la signature de l’attaque Packers de ces dernières années
- À 28-17, le fumble de Jared Goff sur sa propre mise en jeu
LES DÉTAILS QUI TUENT
- Aaron Jones devient le 1er RB de l’histoire des Packers à faire un match avec 3 TD à la réception et 1 TD à la course
- Aaron Jones : 33 TD depuis 2019, 2ème marque NFL derrière Derrick Henry (38 TD) et devant Dalvin Cook et Alvin Kamara.
- Sous l’ère Matt LaFleur (depuis 2019 donc), Aaron Rodgers a un bilan de 7-0 après un match qui suit une défaite
- En 2 matchs, la défense Packers a encaissé 7 TD à la passe et 666 yards totaux. Par des QB adverses qui sont Jameis Winston et Jared Goff… Il est prévu d’affronter en 2021 Kyler Murray (Arizona Cardinals), Patrick Mahomes (Kansas City Chiefs), Russell Wilson (Seattle Seahawks), Matt Stafford (Los Angeles Rams) et Lamar Jackson (Baltimore Ravens)…
GBPF
Très bonne analyse du match !
Je dirais juste pas victoire large (car franchement à la mi-temps j’étais quand même pas super confiant). Mais cela fait du bien de revoir notre attaque performer de la sorte, et nous prouver qu’elle est encore une des toutes meilleures de la NFL.
Après je te rejoins sur la défense, qui fait juste trop flipper. On arrive pas à mettre la pression sur le QB, on galère à provoquer un turnover, chaque course adverse fait minimum 8 yards, on se fait avoir sur toutes les feintes (screen pass)… et là on vient de se taper que deux attaques très moyennes (pour être sympa). Je ne vois pas ce qu’on peut faire, mais faut le faire vite !
Je rejoins dredge sur le fait de ne pas être confiant à la mi-temps. Je nous voyais parti sur un match avec des défenses absentes qui se finirait à 35-38 avec un FG à la dernière minute (après restait à savoir pour qui).
Heureusement, la défense a un peu corrigé le tir en seconde mi-temps, il est vrai bien aidé par quelques mauvais choix de Dan Campbell (la fameuse 4 et 1) et de Goff qui n’a jamais dû, de sa vie, jouer sous la pluie vu comment il était parfois emprunté.
Comme dis sur un article précédent, tant qu’on aura Lowry et Lancaster les deux inoffensifs, Clark sera toujours double teamé et ne fera rien parce que ce n’est pas Donald non plus.
Après, Barry a fini par voir que King était une chèvre (je te jure, j’ai failli bouffer mon canapé à force de le voir prendre le bouillon et ne pas savoir gérer une individuelle) et qu’il fallait lancer Stokes donc j’espère qu’il lancera Slaton parce que de toute façon ça peut pas être pire que le duo comique des L2.
Côté attaque, effectivement Rodgers est toujours en rodage et ça se voit sur les lancers avec MVS qu’il n’arrive pas à trouver pour l’instant. La belle rainbow pour Adams et la passe laser pour Tonyan vont je pense un peu lancer le mode « Season on ».
D’ailleurs, pour ceux qui n’ont pas vu la réaction en direct de P. Manning (dans son émission en duo avec son frère où ils regardent le match en discutant avec des invités) au moment du TD le Tonyan, sa tête vaut vraiment le coup d’oeil. Tu sens le gars qui fait « Oh p**** c’est pas possible mais comment il fait ça » alors que bon c’est Peyton Manning quoi 🙂
Comme tu le dis GBPF, LaFleur est revenu aux fondamentaux de l’année dernière à savoir un bon mix courses/passes avec un peu de latitude à Rodgers pour lancer des balles profondes comme il les aime. Et avec ça, je pense qu’on peut toujours découper n’importe qui. Faudra juste pas prendre 40 pions.
Je pense aussi que tout le monde a vu en 3 snaps pourquoi Rodgers avait demandé le retour de Cobb. Il le trouve toujours les yeux fermés. Bon il a l’air un peu plus enrobé qu’il y a quelques années le Cobb mais il sait toujours où se placer pour que Rodgers le voit et le trouve.
Et le fait marquant tout de même : on a, en ST, un gars (Hill) qui arrive à faire des retours ! Un superbe d’une 40aine de yards et un autre un peu moins long hélas annulé par un holding de mémoire. Mais bon, avec Bojorquez qui semble arriver à faire des punts un peu longs et Hill qui fait un peu retourner on ne sera peut-être pas aussi ridicules que l’année dernière. Bon, il nous reste quand même notre super LS bien que je n’ai pas noté de lancer au ras de la pelouse ce coup-ci.
PS : Pas vu de ralenti dessus mais c’est moi ou sur le FG des Lions, LaFleur a pris son temps mort alors que le Kicker avait dévissé son coup de pied et qu’il était passé à côté ? En tout cas, sur le coup j’ai eu cette impression là.
@Guile, non tu n’as pas rêvé, il a pris ce fameux temps mort pour gelé le pied du kicker que je vois depuis plus de 30 ans et qui ne fonctionne pratiquement jamais, et il avait bien foiré sa première tentative, a droite.
J’ai pesté en direct.
Et je te rejoins Clark n’est pas, et ne sera jamais Donald !