Après l’épisode du trou noir d’1 mn 30 entourant la mi-temps, place à une deuxième séquence cruciale dans la défaite des Packers face aux Buccaneers en finale NFC 2020 : à 2 mn 22, GB a 4 tentatives pour marquer le TD en étant à 8 yards de l’en-but adverse.
UNE REMONTÉE PAS SI FANTASTIQUE
Après cette terrible séquence pour les cheeseheads, on crut que c’en était fini des espoirs Packers dans cette finale NFC. Mais les 2 drives Packers suivants en 3ème quart-temps ont été ponctués de TD : l’un par Robert Tonyan (TE) après que Rodgers eut énormément de temps pour trouver une cible, le second au contraire avec une passe « slant » ultra-rapide pour Davante Adams, qui bizarrement sur ce coup-là n’était pas marqué à la culotte par la défense Bucs.
Parallèlement, Amos (SS) et Alexander (CB) faisaient des miracles en cumulant 3 interceptions sur 3 drives Buccaneers consécutifs, où par 3 fois Tom Brady (QB) visait son WR 1 Evans ! Alexander était impliqué sur les 3 actions. Sur la première, c’est sa superbe couverture qui gêna le tracé d’Evans et qui permit l’interception d’Amos. Sur la seconde, Evans est marqué par Sullivan (CB) alors qu’Alexander marque Miller (WR). Mais Brady surdose sa passe qu’Evans touche des doigts… déviant la balle pour Alexander sur la trajectoire derrière le n°13 Bucs. Sur la troisième, c’est le blitz de Savage (FS) qui surprit Tom Brady qui décida de balancer le ballon au lieu de concéder le sack. La longue balle en cloche était sous-dosée et Alexander suivait parfaitement le ballon des yeux pour l’intercepter.
Mais ces 3 possessions offertes à l’attaque de Green Bay n’a permis de capitaliser que 6 points (un TD avec conversion à 2 pts « droppée » par St-Brown – WR) sur un potentiel de 21 points possibles. Cette stérilité fut dommageable. Dans l’histoire des Packers en play-offs, GB n’a pas l’habitude d’avoir autant de cartouches données par sa défense, qui plus est en seconde mi-temps quand les turnovers sont normalement fatals.
Sur son drive suivant la 3ème interception, entamé à la moitié du 4ème quart-temps, Tampa Bay arrêtait sa série noire grâce notamment à une passe écran pour Gronkowski (TE). Ce n’était qu’un field goal de 3 pts récupéré, mais cela permettait aux Bucs de reprendre 8 pts d’avance, score de 23-31. À ce moment du match, on constatait l’importance de la conversion à 2 pts manquée alors que sa tentative n’était pas indispensable.
À 4 mn 42 et 23-31 au score, les Packers récupéraient le ballon pour un drive qu’on savait importantissime. Après un bon retour de 30 yards de Jamaal Williams (RB), Rodgers trouvait au centre du terrain Valdes-Scantling (WR) sur exactement le même tracé qui avait amené l’interception de Rodgers sur son lancer pour un Lazard (WR) tenu tout du long.
Les Packers prenaient leur temps, ce drive était l’occasion à saisir pour égaliser. Sur une réception de 11 yards, Adams sort du terrain à 8 yards de la ligne d’en-but Bucs. 4 tentatives et 8 yards à faire pour le TD, la saison se joue.
1ÈRE TENTATIVE
Sur la première tentative, A.J. Dillon (RB) est aligné. Le n°28 avait montré de l’efficacité sur la première action de ce drive avec une course de 9 yards mais aussi auparavant. Sa présence met donc les Bucs en éveil : 4 à l’alignement, 2 LB et un S sont en « spy » en second rideau. Sur cette formation, GB n’a mis personne sur le côté gauche du terrain, permettant à TB de resserrer ses défenseurs. À droite, les 3 WR de GB : Adams (n°17), Valdes-Scantling (n°83), Lazard (n°13).
« Play action » : feinte de course pour Dillon (qui reste ne protection) pour une passe. Rodgers décoche automatiquement son lancer pour le tracé « slant » de Lazard (n°13), sans lecture de l’évolution du jeu. Ce qui est troublant, c’est que Adams (n°17) se positionne pour avoir le ballon et surtout, Valdes-Scantling (n°83) se positionne lui en bloqueur, rendant encore plus probable la passe pour le WR 1. Ce qui est encore plus troublant, c’est que lorsque Rodgers lance le ballon, Lazard fonce tête baissée vers le milieu du terrain. Le missile (en rouge) passe au-dessus de la tête de Lazard sans qu’il s’en rende compte, regardant ensuite avec incompréhension son QB dépité.
DEUXIÈME TENTATIVE
Deuxième tentative, toujours 8 yards jusqu’à l’en-but. Le RB Williams (n°30) est écarté tout à gauche sur la formation de départ. Tonyan (TE) est également écarté à gauche alors que les 3 WR sont encore à droite. Tampa Bay fait du rush-4, cover-7 pour faire face aux 5 cibles écartées. L’OL Packers a donc à gérer 4 rushers, elle le fait de la même manière que sur la 1ère action, sauf que Patrick (RG) est beaucoup moins mis en difficulté. Résultat, Rodgers a un boulevard devant son angle de vision. Lazard est libre aux 5 yards mais Devin White (LB) le repère et joue bien la zone, prêt à bondir sur le WR. De manière générale, TB joue particulièrement bien la défense de zone sur cette action.
Rodgers s’est engouffré dans le couloir mais Suh (n°93) s’est dégagé de Patrick (n°62), si bien que Rodgers ne peut profiter pleinement de l’extension du jeu, gêné sur la ligne des 12 yards alors qu’il aurait pu encore avancer jusqu’aux 8 yards pour lancer. Mais grâce à ce jeu prolongé, Adams n’est plus marqué doublement, le 2ème CB présent au début de l’action se rue sur Lazard qu’il voit seul. Lazard est désormais doublement marqué mais Adams, marqué par un seul joueur s’est dégagé ! Le n°17 fonce vers les poteaux et en face de lui, Valdes-Scantling, par sa présence, bloque l’autre adversaire d’Adams le plus proche.
Cette pression de Suh est fatale car elle déséquilibre Rodgers en plein mouvement de lancer. On aurait pu penser que le n°12 fasse ce qu’il sait faire, à savoir sortir un lancer que peu de QB seraient capables de faire, mais pas cette fois. Il lance le plus fort qu’il puisse en direction d’Adams. Si la direction y sera, le lancer sera trop en hauteur. Le ballon sera hors de portée d’Adams, dommage car on voit bien qu’il s’était débarrassé de son adversaire. Avec plus de vista, Rodgers aurait pu même tenter une petite passe lobée pour Valdes-Scantling, en train de se retourner et lui aussi sans adversaire face à lui et un CB à ses côtés qui aurait pu commettre un holding coûteux en « endzone ».
TROISIÈME TENTATIVE
Sur la 3ème tentative, le pass-rush fait croiser Suh-n°93 (vers l’extérieur) et Barrett-n°58 (vers l’intérieur), mais le résultat est étonnamment le même que sur la précédente action. Rodgers échappe à la pression et a un boulevard devant lui à la course car Lazard a piqué au centre et est double teamé, Adams aussi alors que Valdes-Scantling est parti pour le poteau droit de fond. Là encore, Rodgers regarde Adams qui a deux défenseurs à proximité mais il existe bien une fenêtre de tir. Mais quand le QB arme son lancer, les deux défenseurs ont compris et vont rappliquer pour devancer Adams et contrer le ballon.
Aaron Rodgers, focalisé sur un Adams qui a réussi à trouver une fenêtre de réception, ne voit pas que devant lui la moitié droite du terrain est totalement libre. Le défenseur le plus proche est Suh (DE) qui aurait difficilement pu rattraper Rodgers si ce dernier avait décidé de courir. Pierre-Paul (n°90) est plus rapide que Suh mais il est à 5 mètres en direction opposée du touchdown à la course. Lazard est devant ses deux gardes du corps alors que le CB marquant Valdes-Scantling est à la lutte avec le n°83. Les deux WR auraient tout tenté pour bloquer s’ils avaient vu Rodgers partir au run et le n°12, vu l’importance de l’enjeu, aurait tenté de slalomer en cas de pression. À minima, en choisissant la course à ce moment-là, Rodgers aurait au moins réduit de moitié la distance pour le TD, voire mieux. Et quand on sait ce qu’avait en tête le coach LaFleur en cas de 4ème tentative…
QUATRIÈME TENTATIVE
Car c’est bien un field goal que va choisir l’entraîneur en chef Matt LaFleur plutôt que de tenter la 4ème et 8 à 2 mn 08 de la fin du match, sachant, et c’est tout le sujet, que FG réussi ou 4ème manquée, la défense de GB devait stopper TB quoi qu’il arrive. Alors, même si je suis d’accord que les tentatives précédentes ne prêtaient pas à l’optimisme et que les probabilités de réussite étaient faibles, la 4ème devait être tentée car l’exploit (TD + conversion à 2 pts) aurait permis d’égaliser et donner une autre physionomie à la fin du match.
Aaron Rodgers affirma après match que, dans son esprit, GB tentait les 4 jeux et que c’est pour ça qu’il a choisi le jeu en 3ème tentative dont il avait la responsabilité. Et donc qu’il n’a pas compris quand l’équipe spéciale est arrivée sur le terrain. Sûrement vrai mais un peu facile de jeter l’entraîneur sous le bus par rapport à ce problème de communication quand justement la 3ème tentative ne fut pas gérée au mieux par le n°12. Un problème de communication qui n’aurait pas mérité d’être étalé sur la place publique montrant encore que le QB vétéran tient à montrer le rôle prépondérant qu’il a dans l’attaque des Packers. En réponse, LaFleur répondit que le choix du FG s’est fait en fonction du résultat de la 3ème tentative infructueuse et que quelques yards gagnés auraient peut-être bien influé sur son choix. Une manière de renvoyer l’ascenseur à Rodgers sur la course non effectuée par Rodgers en 3ème tentative, cause du FG, entre autres.
Mason Crosby réussit alors le FG sans problème pour une réduction du score à – 5 pts : 26-31. Il reste alors 2 mn 05, 3 temps morts + le temps mort automatique des 2 mn pour que Green Bay stoppe Tom Brady. Nous savons que ce ne sera pas le cas avec une action controversée. Nous le verrons dans un prochain épisode.
Très bon article, merci GBPF.
Ce que je retiens de l’action et qui a été symptomatique du 4e QT, c’est que LaFleur n’a pas utilisé la course alors que Dillon et Williams, sans marcher sur la Def des Buccs, faisaient le taf et avançaient.
Une petite course en 1ère ou 2nde tentative, vu ce que produisait Dillon aurait pu faire gagner 3-4 yards et ça aurait fait toute la différence.
Je te rejoins sur la conversation à 2 pts à 28-23, je ne l’ai pas compris. Note, ça passait c’était beau comme c’est répété souvent dans les Joe Bar Team mais, pour moi, c’était prendre plus de risques que nécessaire alors que nous étions en train de faire tourner le momentum.