Sept tours de draft, dix au choix au départ pour huit joueurs sélectionnés. Tel est le bilan comptable de la draft 2019 pour les Green Bay Packers. La phase des OTA passée, analysons plus en détail cette cuvée.
BRIAN « GUTS »KUNST
Deuxième année de service pour Brian Gutekunst en tant que manager général des Green Bay Packers et donc deuxième saison en tant que commandant en chef de la draft de GB.
Et pour cette nouvelle mouture, il a montré qu’il avait du cran (« guts » en version originale) car le moins qu’on puisse dire c’est que ses choix ont surpris plus d’un observateur. Pourquoi ? Parce que de l’avis général et consensuel, le rang n°12 pour le choix de Rashan Gary (DE/OLB) et le rang n°21 pour le choix de Darnell Savage (FS) sont plutôt surrévalués par rapport à leur valeur pré-draft. Enfin, c’est ce que disent les différents prévisionnistes et/ou recruteurs avant leurs premiers pas en NFL. Or la longue histoire de la draft a montré que celle-ci était loin, mais alors très loin d’être une science exacte, et que l’ordre des quelques 250 joueurs environ recrutés chaque année ne respectait bien évidemment pas par la suite la hiérarchie de la valeur des joueurs en NFL.
En quelque sorte, Brian Gutekunst nous a refait une redite de sa première draft en 2018 : surprenante et singulière, pour ne pas dire que le manager général les a posées sur la table. ^^
En 2018, il accepte un « trade down » pour échanger son choix n°14 contre le choix n°27 des New Orleans Saints, laissant ainsi l’opportunité du choix de draft le plus haut jamais connu par les Packers depuis 10 ans. Certes, l’échange a valu le coup puisque la monnaie d’échange était précieuse : un premier tour de draft 2019. Mais tout de même, délaisser le choix d’un joueur potentiellement « Elite » compte tenu de son statut de n°14 a déçu bien du monde.
Et que dire de la suite ? Repartant du choix n°27, les Packers abandonnaient un 3ème tour et un 6ème tour pour capter au choix n°18 des Seattle Seahawks… un cornerback du nom de Jaire Alexander (CB) dont beaucoup d’observateurs pensaient que GB n’aurait pas eu besoin de monter dans les choix pour avoir ce joueur, en attendant juste qu’Alexander tombe à leurs pieds comme un fruit mûr. D’autant plus qu’en sélectionnant Alexander au 18ème rang, GB faisait du CB de Louisville le 2ème CB de la draft 2018, ce que beaucoup n’évaluaient pas ainsi auparavant.
Le premier tour de la draft 2019 des Packers montre une sorte de bis repetita de la draft 2018 sur deux sujets :
- Un premier mouvement inattendu et impopulaire (le « trade down » de 2018 avec les New Orleans Saints et le choix de Rashan Gary en choix n°12)
- Un trade-up utilisant donc des tours ultérieurs pouvant être précieux pour un joueur pas attendu à ce niveau et pas considéré comme un des 2 tops joueurs à son poste (Jaire Alexander en 2018, Darnell Savage en 2019)
Au bout d’un an, les conséquences du 1er tour 2018 sont plutôt bonnes pour les Packers. L’ajout d’un second choix au 1er tour, même si la bonne saison des New Orleans Saints a fait hériter GB du 30ème choix, a donné une situation inédite (2 choix au 1er tour) pour GB au moment d’entamer la draft 2019.
Et surtout, Jaire Alexander s’est affirmé comme le meilleur rookie cornerback en 2018, malgré une défense meurtrie par les blessures et un pass-rush famélique, laissant augurer d’une carrière très prometteuse. Bien au-dessus des performances du dernier CB (tout du moins considéré comme tel) drafté au 1er tour par les Packers : Damarious Randall en 2015.
2018/2019 : LA PATTE GUTEKUNST SUR LE 1er TOUR
Pour 2019, Brian Gutekunst a donc remis ça.
Il a surpris tout son monde avec le choix de Rashan Gary (DE/OLB). Non pas que Gary ne soit pas un joueur qui n’ait pas été prévu dans ces rangs-là. L’ex-joueur de Michigan était en effet un prospect plein de potentiel si on s’en référait à ses qualités athlétiques. Explosif et puissant, Gary est ultra-rapide pour un joueur de son gabarit lui permettant de couvrir une grande partie de la largeur du terrain (meilleur temps du 40 yards pour un joueur de ligne défensive). Sa technique de prédilection est un très puissant « bullrush », c’est-à-dire une pression frontale sur l’adversaire.
Mais Gary apparait avant tout comme un pari. Le genre de joueur « boom or bust », c’est-à-dire qu’il peut exploser, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme. Un pari car sa production statistique en NCAA n’est pas extraordinaire et surtout fut moins importante en 2018 qu’en 2017.
Est-ce l’explication « boom » ? Sa bonne saison 2017 lui a valu une attention toute particulière des lignes offensives adverses, faisant le jeu de ses coéquipiers Chase Winovich (choisi au 3ème tour de draft par les New England Patriots) et Devin Bush (choisi au choix n°10 par les Pittsburgh Steelers après trade-up). Ou l’explication « bust » ? Une stagnation de ses performances exprimant un manque de potentiel futur. Seul l’avenir nous le dira.
Il y a aussi un deuxième point d’incertitude sur la cas Gary : une blessure à l’épaule (problème à l’articulation cartilagineuse). C’est justement une des raisons que le joueur avance pour expliquer sa baisse de régime en 2018. Où situer cette affirmation ? En tant que fan des Packers, on ne peut espérer qu’en effet, Gary jouait diminué et qu’il ne pouvait faire valoir sa pleine puissance alors qu’en plus, il était souvent pris par deux joueurs. Pour ne pas rassurer les « cheeseheads », Gary est apparu lors du mini-camp rookie avec une épaulière ! Juste une précaution selon lui et le staff. Mais une précaution quand même… Tout cela questionne malgré tout.
On ne peut pas dire que Gutekunst ne savait pas et qu’il n’a pas une jurisprudence chez les Packers. En effet, le premier choix de GB lors de la draft 2017 fut le CB Kevin King pris au choix n°33 (1er choix du 2ème tour) qui, après deux saisons, n’a pas encore pu exprimer pleinement son potentiel pour une douleur à la même articulation… Le manager général de GB est confiant, le staff médical l’ayant apparemment rassuré sur la nature exacte de sa blessure. À voir…
Outre ces deux points suspicieux sur le potentiel de Gary, le choix d’un joueur fait pour le pass-rush étonne quand la « free agency » ayant eu lieu 1 mois et demi avant a donné deux des pass-rushers les plus en vue sur le marché. Certes, la stratégie du meilleur joueur disponible (la valeur avant tout, qu’importe le poste) a prouvé son efficacité. Néanmoins, on attend d’un joueur choisi au rang n°12 de la draft qu’il soit un titulaire à part entière dès sa première année. Même si certains joueurs ont besoin de plus de temps que d’autres pour se développer, un joueur pris dans le top 20 d’une draft se doit d’être prêt dès la semaine 1 de la saison NFL qui suit. Or, sauf énorme surprise ou blessure, Rashan Gary devra se contenter d’un rôle de remplaçant prêt à rentrer pour certaines mises en jeu. La ligne défensive des Packers 2019 est claire : Za’Darius Smith – Kenny Clark – Mike Daniels – Preston Smith.
Le coût d’un choix n°12 est important pour un joueur qui sera utilisé à temps partiel. Néanmoins, c’est peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver à Gary pour son développement. En effet, concernant les points suspects sur ses performances, l’attention médiatique ne sera pas focalisée sur lui et grâce à ses recrutements, GB n’attend pas de lui que le pass-rush repose entièrement sur ses épaules (ah !). Au contraire, en ne rentrant que sur certaines mises en jeu, il aura de l’énergie à revendre et pourra surprendre ses adversaires. Enfin, les qualités de Gary font que le poste de pass-rusher, dans la défense de Mike Pettine qui aligne le plus souvent deux joueurs de ligne et deux pass-rushers, font de GB une destination rêvée pour lui et ne sera pas utilisé à contre-emploi, tout en jouant sur la polyvalence qu’autorise sa vitesse.
Après avoir navigué à contre-courant avec le choix de Gary, le manager général a gardé son cap contraire aux vents dominants. Du choix n°30 pour son deuxième choix de premier tour, GB a décidé de monter jusqu’au 21ème rang, car les Seattle Seahawks étaient l’équipe idéale en demande de choix ultérieurs. Peut-être que la volonté première de Gutekunst était de monter un peu moins haut mais encore faut-il trouver un partenaire d’entente. Le GM des Packers lâchait donc les deux 4ème tours que GB avait en sa possession : le 114ème et le 118ème choix pour monter de la place 30 à la place 21, ce qui n’était pas désavantageux en terme d’échange pur mais cela laissait ainsi un gros trou dans la draft de GB entre le 75ème choix du 3ème tour et le 150ème choix du 5ème tour.
Il restait beaucoup de cibles potentielles potentiellement captables par d’autres franchises et notamment Andre Dillard (OT) ou Marquise Brown (WR) répondant à un certain besoin de GB en ligne offensive et en slot WR.
Gutekunst a choisi de pallier un autre manque, et celui-ci est encore défensif : le poste de free safety. Cela semblait déjà haut pour les prévisions du 1er safety le plus cité : Johnathan Abraham de Mississippi State. En prenant Darnell Savage au choix n°21, notre GM a eu vent (ou a cru) qu’une ou d’autres équipes pouvaient être sur le coup et a sécurisé l’échange avec une équipe propice à cela. Pourtant, les deux choix suivants (22ème et 23ème choix) ont fait aussi l’objet d’un échange. Alors, Brian Gutekunst s’est-il précipité ?
Savage a des qualités indéniables de vitesse. En étant le plus rapide des safeties s’étant présenté à la draft, Savage fait croire qu’il est partout sur le terrain prêt à intervenir. À cela se rajoute une très bonne lecture du jeu et un très bon sens de l’anticipation qui lui permet de faire des actions d’éclat : interceptions, plaquages pour perte, passes écran annihilées… Les entrainements du printemps ont déjà permis d’affirmer deux choses concernant Savage : le n°26 est voué à être le FS titulaire, et il n’est pas dénué de talent, si on en juge par les déclarations de Davante Adams (WR) qui a fait l’éloge de Savage en disant que le choix de ce joueur était une véritable affaire (« steal »), même avec ce trade-up ! Puisse le n°17 être visionnaire.
Si Gutekunst a mis le prix pour monter dans les choix et glaner Savage, c’est sûrement qu’en tant qu’ancien de la maison Packers, il a peut-être décelé selon lui le successeur désigné de Nick Collins, le dernier grand Free Safety que GB ait eu. Pro Bowler en 2008, 2009 et 2010, Collins était partout sur le terrain tout en ayant une vision du jeu hors pair faisant de lui un roi de l’interception et du « pick-6 », à l’instar de celui qu’il effectua le soir du Super Bowl 2010 remporté par les Packers 31-25 sur les Pittsburgh Steelers. La carrière de Collins fut malheureusement écourtée à 28 ans lors d’un match du début de saison 2011 où il se blessa aux cervicales. La défense des Packers ne retrouvera plus jamais un tel standard à partir de ce moment-là, coïncidence ?
Si Gutekunst a trouvé son nouveau Nick Collins en la personne de Savage, alors oui, le jeu en valait la chandelle, mais maintenant, il faut que le joueur prouve sa valeur. Et c’est là tout l’enjeu du choix de GB qui a misé peut-être sur la constitution d’une des meilleures paires de safeties (Amos – Savage) de la NFL en 2019.
Ces choix de 1er tour nous donne beaucoup d’enseignements sur la personnalité du manager général des Packers.
Tout d’abord, Gutekunst aime la vitesse. Ses deux choix de 1er tour sont les plus rapides à leurs postes.
Ensuite, notre GM aura montré sa singularité. Ses deux choix de 1er tour vont à contre courant des tendances générales d’analyse de la draft. Les choix de Gary et Savage à ce niveau ont été des surprises et montrent qu’il a confiance en lui et en ses hommes (staff médical et recruteurs). C’est la marque d’un leader : croire en ses choix, répondre à une logique de management et assumer ses convictions.
On espère juste qu’il n’aura pas à assumer ses erreurs. Savoir cultiver sa différence, oui ; s’entêter dans ses choix juste histoire de ne pas faire comme les autres, non.
Seul l’avenir nous le dira. Cependant, avec le recul du 1er tour de 2018, le premier de Gutekunst en tant que manager général, on peut déjà tirer une impression positive du choix d’Alexander (CB) en choix n°18 et du 1er tour 2019 récupéré des New Orleans Saints.
LE PLACEMENT JENKINS
C’est peu dire que les choix du 2ème jour (2ème et 3ème tour) des Packers ont répondu de manière antagoniste aux choix du premier jour.
En choisissant Elgton Jenkins au 44ème choix (2ème tour) et Jace Sternberger (TE) au 75ème choix (3ème tour), Brian Gutekunst a répondu à deux besoins des Packers. Pas un besoin pressant pour combler de suite un poste de titulaire, mais un besoin qui pourrait se présenter dès 2020.
En effet, si Jenkins entre théoriquement dans l’effectif en tant que Centre remplaçant de Corey Linsley (C), sa polyvalence (le joueur a joué sur tous les postes de la ligne offensive à l’université) lui permet de se positionner en théorie comme le premier joueur à rentrer sur le terrain en cas de blessure d’un des titulaires de la ligne offensive à priori première pour le moment : Bakhtiari (LT) – Taylor (LG) – Linsley (C) – Turner (RG) – Bulaga (RT). En effet, Jenkins devrait remplacer poste pour poste un des 3 postes intérieurs alors qu’une blessure de Bulaga ferait glisser Turner en RT avec Jenkins en RG. Quant à une blessure du LT Bakhtiari, le gouffre à bières est un roc, alors il n’y aura pas de blessures :-). Mais si le LT se blessait, cela reste un peu l’inconnu même si pour l’instant ce serait Jason Spriggs qui tiendrait la corde. Mais le camp d’entrainement devrait donner plus de réponses pour ce poste de LT remplaçant.
L’ancien Centre de l’université de Mississippi State (1,93 m – 140 kg) a les deux qualités principales pour un joueur de ligne intérieure : avoir un premier pas rapide et être extrêmement solide sur ses appuis. S’il a le temps pour son développement, le camp d’entraînement estival pourrait voir Jenkins bousculer Lane Taylor de son fauteuil de LG titulaire, d’autant plus que le n°65 sort d’une saison compliquée. Pour explication, Taylor évoquait une blessure à la cheville qui l’empêchait d’être totalement mobile. S’il dit vrai, il devrait montrer un tout autre visage pour le début de saison, poussé en plus par la concurrence de Jenkins.
L’ESPOIR STERNBERGER
Quand le choix des Packers est arrivé au rang 75 alors que le Tight-End de Texas A&M était encore disponible, il eut été étonnant et dommage que GB passe sur ce joueur qui représentait exactement le parfait mix entre besoin et valeur.
6ème TE choisi dans cette draft, Sternberger trouve à GB un terrain de jeu idéal
L’avenir est à lui à GB avec un QB comme Aaron Rodgers qui raffolerait d’avoir une cible effective à ce poste en 2020 avec les très probables départs de Graham (résiliation) et Lewis (retraite). Le °12 est orphelin d’un TE Élite depuis la fin de carrière sur blessure de Jermichael Finley en 2013 (?). Le « run the table » de la deuxième partie de saison 2016 correspondait au retour de blessure de Jared Cook, auteur d’une des actions de l’histoire de la franchise.
GB avait misé sur Richard Rodgers en 2014, au 3ème tour de la draft 2014. Mais l’ex-pensionnaire de California Berkeley (la même université qu’Aaron Rodgers) était bien trop pataud pour la NFL. Les Packers ont misé alors sur l’expérience avec Martellus Bennett en 2017 (un fiasco) et Jimmy Graham depuis 2018 (un semi-fiasco pour le moment).
Il aura de quoi apprendre en 2019 auprès de deux anciens TE d’exception dans leur domaine (la réception pour Graham, le block pour Lewis) et poursuivre des progrès qui ont éclaté seulement dans sa dernière année universitaire à Texas A&M, alors qu’il avait vagabondé lors de ses 3 premières années de fac à Kansas et New Oklahoma A&M.
Doté d’un gabarit physique idéal pour la position (1,93 m pour 114 kg), le dernier drafté à avoir signé son contrat avec les Packers début juin est prêt à apprendre auprès de ses aînés pour devenir un TE complet ; mais avant tout ce TE super WR qui peut devenir une arme imparable au centre du terrain avec un QB comme Rodgers à la baguette.
KEKE LA SURPRISE ?
Comme dit plus haut, le choix de Darnell Savage au choix n°21 a été un gros investissement de la part des Packers, enlevant deux choix de 4ème tour pour GB. Mais avec le 150ème choix général au 5ème tour, les Packers ont de l’avis général élu un des choix au meilleur rapport qualité-prix de l’ensemble de la draft. Puisse cet avis général être retranscris concrètement sur le terrain.
Pour défendre le cas Keke, ce joueur de ligne défensive avait impressionné lors du Senior Bowl, ce match rassemblant après la saison universitaire les meilleurs jeunes joueurs pour une confrontation entre une équipe du « Nord » et une équipe du « Sud ». Cette confrontation est un bon indicateur, car hormis quelques affiches dans l’année, les joueurs universitaires ont plus souvent l’habitude de jouer contre des rivaux inférieurs, ce qui rend difficile l’étalonnage des valeurs. Un joueur comme Aaron Donald (le défenseur au plus gros contrat de la NFL) avait dominé de la tête et des épaules le Senior Bowl 2014. Alors, certes, Aaron Donald sortait d’une dernière saison universitaire de feu mais des sérieux doutes sur l’adaptation de son « petit » physique en NFL étaient émis, ce qui le fit glisser d’ailleurs au choix n°11 de la draft 2014 ; bienheureux furent les St Louis Rams qui virent d’abord la production avant les mensurations.
Est-ce que Kingsley Keke s’inscrira sur le même modèle que le défenseur le plus féroce de la NFL ? Toutes proportions gardées bien sûr.. Car en étant drafté au choix n°150, les attentes ne sont pas les mêmes auprès du sortant de Texas A&M. Mais depuis plusieurs semaines, de nombreux échos parlent de Keke comme une des meilleures « affaires » de cette draft.
Beau bébé de 1,88 m et 131 kg, Keke a la faculté de pouvoir être aligné sur tous les postes de ligne défensive. Et cette polyvalence appréciée du coordinateur défensif Mike Pettine peut bien lui donner beaucoup plus de temps de jeu que prévu pour un joueur choisi au rang n°150. On a déjà vu en 2018, lors de la seconde partie de la saison, que le rookie non drafté Tyler Lancaster sut profiter de blessures de coéquipiers pour devenir un rouage important de la défense Packers. Alors pourquoi pas Keke ?
Keke a beaucoup à gagner en 2019 car il a un profil similaire à Mike Daniels, le féroce DT, Packers depuis 2012 et drafté au choix n°134 car celui-ci rentre en 2019 dans la dernière année de son deuxième contrat à GB. Les performances de Keke vont sûrement influer sur la décision de garder ou non Big Mike à GB. Bref, un profil à suivre particulièrement.
PÉPITES CACHÉES AU FOND DE LA MINE ?
Kadar Hollman n’aura sûrement pas les mêmes opportunités que Keke, d’abord parce que la position de cornerback, si elle n’est pas impactée par les blessures, est la plus remplie de l’effectif : Jaire Alexander, Kevin King, Tramon Williams, Josh Jackson, Troy Brown devraient être devant lui dans la hiérarchie des CB. Mais l’adversité, Hollman il connait. Car c’est un profil besogneux qui a été choisi au choix n°185 du 6ème tour de la draft 2019.
Lycéen, il cumulait deux boulots pour subvenir à ses besoins avant d’avoir une note assez faible à l’équivalent du baccalauréat américain. Alors, le gamin du New Jersey vit les portes des universités se fermer, d’autant plus qu’il n’avait pas encore brillé par ses performances sportives. Alors il tenta le tout pour le tout en inondant les universités de son curriculum vitae. Une répondit, l’université de Toledo dans l’Ohio.
C’est au cours du « Pro Day » (test d’exhibition organisé par chaque université situé entre le test officiel de la NFL (« le Combine ») et la draft) de cette même université que son destin changeait. Après une carrière universitaire qui décolla malgré tout en 2018 (leader de conférence pour les passes déviées), c’est bien le Pro Day de Toledo qui attira l’oeil des recruteurs avec ses temps aux 40 yards et au parcours 3 cônes, deux chronos qui l’auraient placé dans le top 5 des résultats du Combine.
Hollman 1,83 m – 87 kg affiche un bon potentiel qui nécessitera un patient développement car le joueur a besoin d’assurer sa technique de plaquage et a admis ces dernières semaines que l’apprentissage d’un carnet de jeu n’était pas une mince affaire. Le groupe de CB des Packers étant fourni, Hollman aura le temps de mûrir. Mais il doit aussi gagner sa place dans l’effectif de 53. Son profil pourrait être adéquat pour le poste de « gunner » (le premier sur l’adversaire lors des kickoffs ou des punts), voire le poste de retourneur qui cherche un élu. L’avenir immédiat du joueur se situe avant tout dans les équipes spéciales, en attendant mieux.
La place de Dexter Williams, le coureur choisi au choix n°194 du 6ème tour en provenance de la célèbre université de Notre-Dame, semble déjà promise dans l’effectif des 53. Désormais, être drafté au 6ème tour pour un coureur est loin d’être irréversible, tant ce poste est décoté dans la NFL actuelle. De plus, c’est bien le poste où la hiérarchie de la draft est la plus incertaine : il n’est pas rare de voir des coureurs draftés le 3ème jour faire des années exceptionnelles. L’année passée, Cris Carson des Seattle Seahawks (7ème tour de la draft 2017) ou Philip Lindsay des Denver Broncos (non drafté en 2018) ont dépassé les 1000 yards et faisaient partie du top 10 NFL à leurs postes.
Alors, ce n’est pas parce que Dexter Williams a été drafté au 6ème tour qu’il ne peut pas réussir une bonne carrière NFL. Il est déjà en pole position pour être le RB n°3, et peut-être même décharger du travail de cheval de trait son homonyme Jamaal Williams, avec qui il présente un profil similaire. Williams (1,80 m – 96 kg) est un coureur puissant qui sait casser le premier plaquage et possède également une seconde accélération spectaculaire.
Et il est fort possible qu’avec le nouvel accent mis sur la course par le staff du nouvel entraineur en chef Matt LaFleur (en tout cas c’est ce qui est promis), Dexter Williams ne soit pas promis à faire partie continuellement des 7 joueurs remplaçants à chaque rencontre. Dans une attaque plus équilibrée entre course et passe, il aurait tout à fait sa place pour faire respirer Aaron Jones et Jamaal Williams, d’autant qu’il est réputé bon receveur et bon bloqueur.
Souvent le dernier choix d’une équipe au 7ème tour de draft est de moindre importance et le joueur choisi a plus de chances de terminer dans l’équipe d’entrainement que dans l’effectif des 53. Mais tel ne devrait pas être le cas de Ty Summers, 1,85 m et 109 kg, pris au choix n°226 par les Packers. Ty Summers a montré qu’il était un phénomène athlétique en finissant dans le Top 10 au combine de tous les linebackers et pass-rushers sur 3 épreuves : le sprint sur 40 yards, le développé-couché et le saut en longueur sans élan.
Ses qualités lui permettent d’être partout sur le terrain, ce qui lui confère déjà un poste quasi attitré pour les équipes spéciales. De plus, sa capacité à pouvoir « rusher » comme jouer en couverture lui donne une polyvalence appréciée par le coordinateur défensif Mike Pettine. Alors, Summers a le profil pour briller cet été au camp avant d’apprendre son métier dans l’ombre de ses aînés.
LE TERREAU DU FUTUR
GB est à la croisée des chemins. Après avoir vendu la baraque pour le dernier gros contrat d’Aaron Rodgers (une sorte de récompense pour services rendus plutôt qu’un investissement sur l’avenir d’un joueur qui n’offre pas toutes les garanties après une blessure au genou et une année statistiquement médiocre pour un joueur de son calibre), après avoir hypothéqué l’avenir proche en investissant massivement sur 4 joueurs sur le dernier marché des transferts, dont deux pass-rushers qui doivent faire accéder la défense de GB au top 10, les Packers ne doivent pas se louper sur cette cuvée 2019 de la draft.
Les effets désastreux des dernières drafts de l’ancien manager général Ted Thompson (aucun joueur de la draft 2015 n’est allé plus loin que son contrat rookie à GB) ont dévalorisé la qualité d’ensemble de l’effectif. Ainsi, les Packers ont peu à peu manqué de profondeur, se soumettant à l’injustice des blessures sans trouver d’autres réponses.
La qualité de cette draft 2019 sera une des variables qui pourra permettre ou non à Aaron Rodgers de briller avant la fin de sa carrière. En effet, avec l’investissement fait en « free agency », et sans faire preuve d’excès d’optimisme, les Packers ne devraient pas retrouver un choix aussi haut avant la fin du bail de Rodgers à GB. Et si on rajoute le fait que les Packers n’auront pas de choix compensatoire à la prochaine draft 2020, oui vraiment, il y a intérêt que Brian Gutekunst ne se soit pas loupé dans ses choix.
Quel article ! Complet sur toute les lignes !
Bravo et merci pour le travail accompli.
La draft n’est pas une science exacte, mais espérons que celle-ci soit une très bonne cuvée pour les Packers.
Salut à tous!
La nouvelle saison est enfin là, avec comme chaque année son lot d’espoirs.
Sauf que cette année, ça se fera sans le cancer qu’était devenu Mike McCarthy pour l’équipe. La saison morte nous aura révélé une partie que beaucoup ici , hélas, subodoraient… il y avait bien quelque chose de pourri au royaume des Packers.
Espérons que tout cela sera bien du passé et que nous sommes bel et bien parti pour un (grand) nouveau départ!
J’aime assez notre draft, même si je suis plus enthousiaste sur notre FA cette année. L’effectif semble assez complet pour que les rookies puissent avoir du temps pour se mettre au diapason, Mike Pettine dispose de beaucoup de matériel pour nous concocter une défense redoutable, et si l’on retrouve un Godgers digne de ses plus belles années, nos adversaires devraient souffrir!!!
Bonne saison à tous et GO PACK GOOOOOOOOOOOO!!!!