S’il y a bien un sport au monde où les statistiques ont la plus large diffusion et sont le plus analysées, c’est bien le football américain. De nombreux sites américains en font d’ailleurs leur unique activité… La statistique est une donnée, puis elle est interprétable, et c’est là que naissent des débats pouvant être contradictoires ! Je citerai Cédric Villani, médaille de Fields en 2010 (sorte de prix Nobel de mathématiques), qui a dit : « il y a 3 sortes de mensonges : les petits mensonges, les sacrés mensonges.. et il y a les statistiques. » Néanmoins, une fois ces réserves émises, il est intéressant d’étudier et de débattre de données chiffrées sur notre équipe préférée.
J’inaugure cette nouvelle rubrique avec une stat’ glanée sur un site de référence des statistiques sur le football américain, Profootballfocus.com. Elle concerne les SACKS.

Aaron Rodgers sacké ici en 2015 par le futur MVP du Superbowl : Von Miller; accompagné dans l’action par son coéquipier Antonio Smith
Un sack est un plaquage infligé par un ou deux défenseurs au quarterback qui a conservé la balle en main. Un plaquage est considéré comme un sack à partir du moment où le quarterback plaqué (« sacké ») n’a pas dépassé la ligne virtuelle de la mise en jeu.
À noter que le record de sacks dans une saison régulière de 16 matchs NFL est détenu par Michael Strahan (New York Giants) avec 22,5 sacks en 2001. Comment peut-on avoir une « moitié » de sack ? C’est tout simplement un sack effectué par 2 joueurs en même temps (0,5 sack chacun). Ce record est d’ailleurs sujet à controverse et il implique un quarterback légendaire de Green Bay : Brett Favre.
Dans le dernier match de la saison 2001, Green Bay mène 34 à 25 chez les Giants avec la balle en main à 3 mn de la fin du match. Le match est donc quasiment gagné, un jeu de course est appelé (ce dont témoignera le tight end de GB Bubba Franks notamment), ce qui est logique afin de faire tourner le chronomètre. Mais Favre improvise, garde la balle et court sur le côté droit à découvert, le côté de Strahan, qui n’a aucun mal à atteindre Favre, l’Offensive Line ayant été totalement déroutée. Favre commence même à s’agenouiller avant le premier contact ! Face à la polémique, Favre n’a d’ailleurs par la suite pas nié très franchement le fait d’avoir « donné » le record à Strahan, record donc encore inégalé. A vous de juger :
Après cette longue parenthèse historique, place à l’information statistique.
QB ayant été le plus « sacké » en 2015 :
1. Blake Bortles (Jacksonville Jaguars) – 51 sacks reçus
2. Aaron Rodgers (Green Bay Packers) – 46 sacks reçus
3. Ryan Tannehill (Miami Dolphins) – 45 sacks reçus
3. Russell Wilson (Seattle Seahawks) – 45 sacks reçus
Ce qui étonnant dans cette statistique, c’est qu’on va associer le nombre de sacks reçus (un peu à tort mais beaucoup à raison) à la qualité de l’Offensive Line chargée de la protection du quarterback. Or, lors de la deuxième moitié de la saison 2014, l’OL des Packers, en bonne santé et en osmose, est considérée comme une des meilleures de la NFL et contribue à emmener les Packers aux portes du Superbowl alors qu’Aaron Rodgers, claqué au mollet, joue à cloche-pied depuis l’avant-dernier match de la saison régulière !
Comment alors peut-elle avoir été si défaillante lors de la saison suivante?
Principalement à cause des blessures qui ont touché les 5 membres de la ligne offensive tout au long de la saison 2015, le RT Bryan Bulaga ayant ouvert le bal dès l’entame de la saison avec un ménisque du genou touché. Alors qu’une ligne offensive demande tout autant de cohésion tactique et mentale que de performance physique, ne jamais avoir sa ligne offensive titulaire est problématique pour l’exécution des jeux appelés.
De plus, la ligne offensive titulaire de Green Bay est en phase avec le style d’Aaron Rodgers qui va garder la balle un maximum de temps, et bien plus que la moyenne des QB NFL, en étant mobile pour trouver la cible avec une passe qui sera d’une sûreté proche des 100 %.
Même si Rodgers est connu aussi pour sa capacité à éviter les « rushers » (les défenseurs qui le poursuivent) adverses par sa mobilité, ce temps supplémentaire qu’il s’octroie l’expose néanmoins davantage au danger, et en plus, il a un réflexe expérimenté, c’est que même sous la menace adverse, il choisira toujours d’encaisser le sack plutôt que d’envoyer une passe incertaine forcée par la pression d’un adversaire ; ce style de passe qui peut être interceptée par un cornerback ou un safety. C’est par ce style sûr qu’Aaron Rodgers est le QB qui a le ratio Touchdown/Interception en carrière le plus haut dans l’histoire de la NFL ! (et de loin..)
Le paroxysme de cet important nombre de sacks subis en 2015 fut incontestablement la prestation chez les Arizona Cardinals lors de l’avant-dernier match de la saison régulière. Dans ce match, seul le LG Sitton ne fut pas remplacé pour blessure, alors que le LT titulaire David Bakhtiari était absent dès l’entame du match. D’ailleurs, pour remplacer Bakhtiari, le remplaçant Don Barclay (n°67) fut complètement dépassé. Le summum fut atteint avec la blessure du RT Bryan Bulaga, son remplaçant Josh Walker (n°79), guard de formation, rentra en plein cyclone et passa plus de temps à courir derrière son défenseur qu’à le bloquer.
Cette déroute chez les Cardinals occasionna 8 sacks concédés par Aaron Rodgers, soit 17 % des 46 sacks subis en 2015, 2ème plus gros total de la saison NFL…

Un des 8 sacks concédés lors de la défaite 38-8 à Arizona en week 16
Gageons que l’offensive line fasse meilleur figure en 2016, et donc soit plus épargnée par les blessures qu’en 2015. Néanmoins, la draft de Jason Spriggs obtenu par un trade up au second tour (voir fiche joueur drafté 2016 : Jason Spriggs) est venu combler le manque de profondeur en Offensive Line constaté en 2015, et ainsi pallier à une éventuelle blessure d’un Tackle. Dans un seul but, protéger notre QB star : Aaron Rodgers.
Ça devrait pas être dur de faire mieux niveau OL cette année -_-‘ . Et on parle beaucoup de Spriggs, ce qui est normal vu qu’il était vu comme un premier tour et que les Packers sont montés pour le chercher (rareté) mais je pense que Murphy (le 6° round) pourrait aussi aider pas mal.
Barclay, c’est dur de croire qu’on veut le garder mais faut dire que comme Walker, on l’avait envoyé à la boucherie pour boucher (hoho) les trous de notre OL décimée. C’était horrible à voir mais pouvait-on vraiment lui en vouloir de jouer à un poste qui n’était pas le sien…
Oublié « plutôt » dans cette phrase: il choisira toujours d’encaisser le sack que d’envoyer une passe incertaine 🙂