Émoi dans le Wisconsin

WMVYNMPJ7YX3TGDGTPPJQGW3CQ

Début juin, le monde fut choqué par une vidéo montrant George Floyd agonisant quasiment 9 mn jusqu’à la mort, sous le genou d’un policier de Minneapolis. Dans une Amérique plus divisée que jamais, le moindre souffle pouvait faire repartir les braises. Et ce souffle est venu du Wisconsin, l’Etat des Green Bay Packers.

UNE BAVURE…

Kenosha, 100.000 habitants, ville du cordon urbain de 150 km le long du lac Michigan reliant Chicago, 3ème ville américaine, et Milwaukee, plus grande ville du Wisconsin. (voir GÉOGRAPHIE).

C’est dans cette ville qu’une nouvelle vidéo sème la polémique avec un résultat aussi triste qu’absurde.

Les circonstances de la présence de Jacob Blake sur les lieux de « l’incident » ne sont pas encore claires en ce dimanche 23 août.

La police fut apparemment appelée par une femme pour des problèmes familiaux en raison de la présence de Jacob Blake qui aurait subtilisé les clés de la plaignante.

Trois officiers de police arrivent distinctement de leur côté, après avoir su que Blake était recherché pour violences domestiques et agressions sexuelles depuis un mois et demi.

Dès lors, sur place, côté passager du véhicule de Blake, une bagarre a lieu entre Blake et les officiers de police qui auraient tenté de le maîtriser par le taser (par deux fois), ce qui n’aurait visiblement pas marché… (!). Dès lors, Blake se soustrait aux policiers pour faire le tour de son véhicule, au petit pas, et se diriger vers la portière conducteur. Il ouvre cette portière et c’est à ce moment que le policier, qui le suivait arme au poing tout le long du tour du véhicule sans penser à le stopper de quelconque autre manière, décide de faire feu dans le dos de Blake… 7 fois !

L’enquête montre qu’un couteau se trouvait sous le siège passager, que Blake l’ait saisi ou non sera l’objet central de l’enquête.

Cependant, la manière démesurée qu’a choisi le policier (blanc) sur la victime (noire) a ravivé les flammes de la contestation. Et c’est bien là que le noeud du problème réside pour la communauté afro-américaine : la disproportion de traitement par les différentes polices américaines face à une situation similaire, selon que la personne à appréhender est une personne de race blanche ou une personne de race noire. En effet, on imagine mal le même policier tirer non pas une, mais sept balles à bout portant à un homme blanc non armé et de dos.

Fort heureusement, les 7 balles reçues dans le dos par Blake ne l’ont pas tué mais cela aura eu la conséquence de le rendre paraplégique.

Pour ceux qui le souhaitent et qui n’auraient pas vu la vidéo : VIDÉO

PUIS DES ÉMEUTES ET DES MORTS

Cet évènement a entrainé des manifestations dans Kenosha dès les soir même. Malheureusement, comme souvent dans ces cas-là, aux côtés de manifestants pacifistes se trouvent des personnes voulant profiter du chaos pour procéder à des émeutes et des pillages de magasins.

Seulement, en face se sont organisées des milices armées (fusil/mitrailleur à l’épaule tranquille) présentes pour « protéger » ces magasins. Dans ce contexte armé et violent, l’impensable s’est produit. Un jeune homme de 17 ans (!), muni d’un AR-15, aurait tué un homme qui tentait le désarmer.

Suite à ce coup de feu mortel, il a ensuite couru vers les forces policières poursuivi par une foule en colère. Il trébucha seul. Sûrement paniqué, le jeune homme décida de répliquer une première fois avec son fusil-mitrailleur (vers le ciel), il se fit alors frapper par des manifestants adverses voulant également le désarmer. Il continua à mitrailler, mettant un homme au sol et en blessant grièvement un autre au bras (un bras qui était armé à priori).

Le bilan de cette fusillade est terrible : 2 morts et un blessé grave, par un gamin de 17 ans…

Ce qui est plus troublant, c’est que conscient de son forfait, le jeune homme se dirigea vers les forces de l’ordre mains en l’air (et toujours fusil-mitrailleur à l’épaule) pour se rendre. Mais il fut ignoré et écarté par la police locale ! Alors que la foule belliqueuse le dénonçait. Et si c’était une personne noire qui était muni d’un fusil-mitrailleur et qui avait tiré mortellement, que serait-il advenu ?

Pour ceux qui le souhaitent et qui n’auraient pas vu cette vidéo : VIDÉO

UN RETENTISSEMENT DANS LE SPORT ET CHEZ LES PACKERS

Immédiatement, l’émoi s’est emparé de la communauté noire américaine, et donc des sportifs des 4 principales ligues : NBA, NFL, NHL (hockey sur glace) et MLB (base-ball). Ce sont les Milwaukee Bucks, l’équipe NBA du Wisconsin nantie du MVP Giannis Antetokoumpo qui a donné le ton en boycottant le match des play-offs qui suivait (1er tour contre les Orlando Magic). Après plusieurs matchs annulés, la question d’un boycott de la saison fut alors évoqué, idée appuyée par la star Lebron James. Mais après les grandes déclarations, les play-offs NBA ont repris et Milwaukee est qualifié pour le second tour contre les Miami Heat.

Coté Packers, après un message de l’organisation signé de Mark Murphy demandant la lumière sur cette affaire et un changement dans la manière d’appréhender de la police, un jour d’entrainement a été annulé et a été consacrée à une sorte de séminaire où chacun apportait ses réflexions voire ses expériences sur le sujet. Mais là aussi, les choses ont repris leur cours dès le surlendemain.

Cependant, Mark Murphy ne laisse pas s’enterrer l’affaire en prenant à partie l’ensemble des propriétaires NFL sur ces « problèmes sociétaux qui affectent les droits les plus élémentaires de l’homme. » Il effectue même des propositions politiques en engageant l’organisation des Packers comme la mise à disposition de l’espace de « tailgate », la zone de parkings où les fans se rencontrent et se restaurent, pour être un « bureau » de vote pour les prochaines élections présidentielles américaines. Pour l’instant, son appel auprès de ses confrères est resté sans écho…

Place maintenant à la justice dans cette affaire. Mais avec les élections approchant, la société américaine est fracturée en deux. On pourrait penser que ce genre d’affaire favorise le camp démocrate qui ne manque pas de fustiger la gestion uniquement militaire du Président Trump. Mais les émeutes de soutien à la cause noire dans un pays attaché au respect de la loi et de l’ordre éloignent d’autant des partisans républicains qui auraient été dégoûtés du mandat de Trump.

Dans un peu plus de deux mois, on en saura plus sur la destinée politique de la première puissance mondiale, un destin qui passera par le Wisconsin, un des Etats clés de la prochaine élection. Mais à n’en pas douter, les bavures policières continueront, les fusillades civiles aussi, comme elles continuaient sous le double mandat précédent de Barack Obama dans un pays où 420 millions d’armes seraient en possession de la population, une population de 330 millions de citoyens américains…

1 Comment

  1. DavidBrillac

    On aime beaucoup le football américain, mais qu’est-ce qu’on déteste l’Amérique avec tous ses excès.
    On parle de plus en plus de la fracture républicain contre démocrate, mais la fracture ancestrale qui ronge ce pays depuis toujours c’est la ségrégation perpétuelle en continu depuis l’arrivée des premiers esclaves, qui n’aura jamais de fin, puisqu’une bonne partie de l’Amérique blanche est raciste, surarmée, et soutenue par l’autre abruti de Trump.
    C’est sans espoir !

Laisser un commentaire